Comment passer du risotto aux stratégies des femmes au foyer italiennes des Pouilles dans les années 50 pour avoir un peu de temps.
Ou la recette de risotto de Mme X.
Aujourd'hui j'ai vu en consultation Mme X, qui a vécu presque toute sa vie dans les Pouilles avant de venir finir ses jours en France auprès de sa fille.
Mme X est en super forme malgré un AVC dont elle garde une séquelle motrice.
On discute, et de fil en aiguille elle me dit que le plus pénible est de ne plus pouvoir cuisiner. Et en particulier de ne plus pouvoir préparer SON risotto.
Je lui demande si elle accepte de me donner sa recette parce que j'aime bien ça. Ça la fait rire et me donne la liste des ingrédients et les temps de cuisson.
Le tout est très sympa, mais un truc m'étonne. Elle me donne des temps de cuisson très courts à feu fort. Je lui dis que je suis surpris parce que d'habitude la cuisson est beaucoup plus lente.
Elle là elle rigole fort. Elle a même des larmes aux yeux et met quelques secondes à reprendre son souffle.
Comme elle voit que je suis étonné, elle me dit : la cuisson lente c'est pour les femmes.
Et elle rigole encore les yeux brillants.
Et comme elle voit que je comprends pas, elle m'explique.
Elle vivait avec son mari, sa fille et son beau-fils dans une grande maison.
Les hommes ne faisaient absolument rien à la maison. Un rien absolu assez typique de l'image qu'on a de cette génération.
Mais ce rien ne les empêchait pas de demander en permanence des trucs à leurs épouses.
Par contre la cuisine leur était interdite, et la préparation du repas un truc mystèrieux.
Du coup, elle et sa fille cuisinaient hyper lentement, pour rester plus longtemps dans la cuisine afin que les hommes leur lâchent la grappe.
Mais... Quand ils étaient pas là, elles cuisinaient les même plats beaucoup plus vite, pour avoir du temps pour le reste...avec le même résultat.
Du coup dans sa recette de risotto, il y a deux temps de cuisson : avec les hommes à la maison et sans.
😁
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Mais il existe en France des médecins généralistes dans certains syndicats qui son encore meilleurs que lui, meilleur que moi, et bien évidemment que tous les kinés réunis.
Ces médecins qui ne connaissent ni la neuro, ni la rééducation, ni la kinésithérapie savent mieux que tout le monde de quel type de kiné les patients neurologiques ont besoin en rééducation.
Si.
Ils sont groupés dans des syndicats comme @MGFGrandest.
- voir un patient maire
- lui annoncer que je ne pourrais pas le revoir sauf urgence
- l'entendre dire qu'il n'a plus de MG traitant
- lui montrer la démographie des MG avec retraite de 50% d'entre eux en 5 ans
- le voir comprendre qu'il est pas au fond mais au bord du précipice.
C'est pour ça que les débats sur le généraliste comme filtre, comme gestionnaire de dossier ou comme coordinateur de soins, sont dépassés. La question va être de comment organiser le sauve-qui-peut pendant le 10-15 prochaines années.
Je ne sais pas comment cela va se passer, mais je suis sûr d'une chose : face à l'ampleur du phénomène, ni l'état, ni les syndicats, ne pourront éviter une dérégulation massive où ceux qui n'ont pas les moyens de payer (cher) et de se déplacer (loin) pour leurs soins, vont perdre
mardi matin par ex, un interne de chir qui sait pas reconnaître un AVC, va tenter de contacter un interne de neuro qui connait pas le logiciel de prescription, pour lui demander comment obtenir un scanner par l'Interne de radio qui n'a pas de badge pour entrer dans son service.
Des témoignages comme celui-ci il y'en a beaucoup. Pas dans dans tous les départements d'enseignement de médecine générale, mais suffisamment pour qu'on ne puisse pas parler de cas isolé.
Voici une des explications concernant deux DMG de deux facs de province différentes, ne souffrant pas des guerres entre fac parisiennes, ni contaminées par les délires pédagogiques de Créteil.
Les deux se sont retrouvées un jour, comme toutes les autres, avec la nécessité de créer ex-nihilo toute la structure universitaire pédagogique pour encadrer des centaines d'étudiants
Ici les termes sont importants. Ex-nihilo n'est pas une image et centaines d'étudiants non plus
En plus on va parler d'un truc qui fascine depuis toujours : les troubles fonctionnels aka conversifs aka psychogène.
Et on va voir que c'est une vraie maladie qui n'a rien à voir avec la simulation.
Au début les choses commencent à la fois mal et bien. Pour ceux qui ne le savent pas, c'est Hippocrate qui vers 400 avec JC introduit le concept d'hystérie, pensant que ces problèmes sont liés à un utérus baladeur qui irait perturber le cerveau (des femmes évidemment).
Évidemment le premier réflexe est de se dire "ah bah voilà, dès qu'on a un truc qu'on comprend pas c'est un truc d'utérus".
C'est vrai.
Mais nous sommes en 400 avant JC et se dire que c'est une maladie, c'est déjà un énorme progrès par rapport à : brûlons-la, c'est une sorcière