L'audience ne va pas tarder à reprendre au procès des attentats du #13Novembre2015. L'ancien ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve doit témoigner, puis l'ex-procureur de la République de Paris, François Molins. Il y a moins d'affluence que pour François Hollande
L'audience est reprise #13novembre2015
L'ancien ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, en costume noir, s'avance à la barre et retire son masque. Il commence par une déclaration spontanée #13novembre2015
Sans notes, Bernard Cazeneuve déroule de sa voix feutrée:"Je suis devant cette cour pour témoigner de ce que fut mon action pour que ces crimes ne surviennent pas et que dès lors que ces attentats ont eu lieu, pour sauver des vies et faire en sorte que des otages soient épargnés"
Bernard Cazeneuve : J'ai eu à voir de près le choc occasionné par les attentats sur les victimes et j’ai suivi de très près leurs témoignages devant votre cour. J’ai été très impressionné et touché au coeur par la force de ces témoignages" #13novembre
Bernard Cazeneuve: "Cette dignité m’oblige à être extrêmement précis et rigoureux autant que faire se peut pour pouvoir apporter les réponses à toutes les questions que légitimement elles (les PC) se posent." #13novembre
Très posé, Bernard Cazeneuve veut "rendre hommage à l’ensemble des magistrats qui ont conduit ces investigations et permis que ce procès ait lieu, un moment extrêmement important pour la Nation" #13novembre
Bernard Cazeneuve veut aussi rendre hommage aux membres des forces de l'ordre morts pendant cette vague d'attentats. "Je pense à Ahmed Merabet, Franck Brinsolaro, Jean-Baptiste Salvaing et sa compagne Jessica Schneider (Magnanville), et je pense à Arnaud Beltrame" #13novembre
Bernard Cazeneuve "pense aussi à tous ces policiers malheureux qui sont intervenus dans des conditions que chacun sait. Je pense aussi au préfet qui joue un rôle extrêmement important pour que l’ensemble de l’administration de l’Etat demeure mobilisé" #13novembre
Bernard Cazeneuve présente le plan de sa déclaration liminaire : un point sur l"'état de la menace", "quelques mots sur la façon dont s’est passé le 13 novembre et je conclurai en disant les enseignements que nous avons pu en tirer" #13novembre
Bernard Cazenveuve:"Lorsqu’un attentat survient après qu’une mobilisation aussi grande soit intervenue, c’est un échec." #13novembre
Bernard Cazeneuve, qui est désormais un avocat d'affaires, dans le droit international des entreprises, commet un lapsus : "Il faut alors adapter les dispositifs de prévention de la lutte contre la corruption... contre le terrorisme, excusez moi" #13novembre2015
Bernard Cazeneuve passe longuement en revue le déploiement,sous la mandature Hollande, de l'arsenal de la lutte antiterroriste, sur le plan administratif (interdictions de sortie de territoire), législatif (loi sur le renseignement), et budgétaire (hausse des effectifs de police)
Bernard Cazeneuve s'aligne sur François Hollande sur les raisons pour lesquelles la France a été ciblée:"J'ai la conviction que c'était en raison de ce que nous étions, un pays attaché aux valeurs universelles,de la fraternité, la tolérance, qui ne transigeait pas sur la laïcité"
Comme François Hollande avant lui, Bernard Cazeneuve balaie l'argument (de Salah Abdeslam notamment) selon lesquels les attentats ont été menés en réponse aux frappes française en Syrie et en Irak. #13novembre
Bernard Cazeneuve : "depuis avril 2014, les notes (sur la menace visant la France) qui m'étaient communiquées étaient nombreuses et au mois de mai 2014, un attentat au musée juif de Bruxelles se produit" #13novembre
La mémoire de l'ancien ministre de l'Intérieur est impressionnante. Il cite de mémoire de nombreux chiffres et dates #13Novembre2015
Bernard Cazeneuve est revenu sur sa journée du #13Novembre, les réunions sur "un plan de lutte contre le trafic d’armes", "la remise de décoration aux collègues de Clarissa Jean-Philippe à Montrouge" puis "la lecture des 150 notes qui l'attendaient à Beauvau le soir"
Bernard Cazeneuve :"Je reçois un coup de fil du président, il est entre 21h20 et 21H30, il me dit 'je viens d’entendre une explosion au stade de France, pouvez-vous vous renseigner auprès du préfet de police de Paris?" #13novembre
Bernard Cazeneuve :"le préfet m’appelle, me confirme l’information, j’indique que je quitte Beauvau pour rejoindre le président sur place, j’arrive 20-25 minutes plus tard au stade de France, pendant le trajet, le préfet m’informe d’une deuxième explosion puis de fusillades"
Bernard Cazeneuve:"Lorsque j’arrive au stade de France, j'ai la conviction qu’on est confrontés à une attaque terroriste massive". Une cellule de crise est ouverte, il rentre à Beauvau pour prendre les décisions #13novembre
Bernard Cazeneuve : "A mesure, je suis informé par le préfet des différentes attaques jusqu’à l’attaque du Bataclan. Dès lors que nous savons qu’elle a occasionné un nombre de morts important et qu’il y a une prise d’otage, nous décidons de faire intervenir les forces spéciales"
Bernard Cazeneuve évoque ensuite le conseil des ministres "qui se tiendra aux alentours de minuit pour prendre la décision du déclenchement de l’état d’urgence". Le président Hollande décide de la fermeture des frontières" #13novembre
Bernard Cazeneuve: "dès le lendemain se déclenchent l’ensemble des mesures de l’état d’urgence" pour "agir très vite" sur "les réseaux" : "4000 perquisitions, 597 poursuites, récupération de 600 armes et la mise en oeuvre de procédures pour AMT à hauteur d’une dizaine"
Bernard Cazeneuve est revenu sur les polémiques autour de l'intervention des policiers et des forces spéciales au Bataclan et les éventuelles "pertes de chance" pour les victimes. #13novembre
Bernard Cazeneuve :"d’abord je veux rendre hommage à ceux qui sont intervenus dans des conditions de risques extrêmes, le commissaire et son chauffeur qui neutralisent le terroriste à 21h57 permettant d’arrêter la tuerie, la BAC 75, les policiers de la despap. Ce sont des héros"
Bernard Cazeneuve évoque le documentaire controversé "Les ombres du Bataclan" sur Arte : "j’ai vu que la brigade d’intervention avait été informée à 21h30 de cet attentat débuté à 21h40", ironise-t-il. #13novembre
Bernard Cazeneuve : "On ne peut pas faire intervenir des forces de police qui ne sont pas préparées et formées à cela, c’est la raison pour laquelle seules la BRI et le Raid pouvaient intervenir pour sauver des otages" #13novembre
Sur le fait que la FIPN (force d’intervention de la Police nationale) n'ait pas déclenchée : "elle n’aurait rien changé aux modalités d'intervention des forces spécialisées", assure Bernard Cazeneuve #13novembre2015
Bernard Cazeneuve sur les menaces visant le Bataclan : "Je le dis solennellement, je n’ai jamais été destinataire d’une note émanant des services sous ma responsabilité m’informant d’une menace visant le Bataclan." #13novembre
Bernard Cazeneuve : "Sinon il est évident que j’aurais pris des dispositions pour assurer la protection de ce lieu. Je tenais à apporter cette précision devant la cour" #13novembre
Bernard Cazeneuve, anticipant les questions de la cour, aborde "enfin la polémique sur les conditions dans lesquelles Salah Abdeslam a été contrôlé (mais non interpellé) dans la matinée du 14 novembre" sur l'A1 par les gendarmes, en direction de la Belgique #13novembre
Bernard Cazeneuve résume : le SIS (Système d'information Schengen) interrogé avait été documenté par ceux qui connaissaient Abdeslam (les Belges) au titre de l’article 36-2 (infractions de droit commun) et non l’article 36-3 (personnes radicalisées).
Bernard Cazeneuve: "C’est donc la raison pour laquelle il n’a pas été possible de procéder au moment du contrôle à son arrestation" #13novembre
Bernard Cazeneuve répond maintenant aux questions de la cour. Sur l'état de la menace: "Ce que nous redoutions le plus, c’était un attentat multi-sites se produisant simultanément, à Paris et en province” #13novembre
Bernard Cazeneuve : "Nous ne savions pas à quel moment ces attaques se déclencheraient, leurs modalités et les sites visés." Malgré le "dispositif global" mis en place pour prévenir ce type d'attaques, "100% de précautions, ce n’est jamais le risque zéro" #13novembre
Bernard Cazeneuve insiste sur le fait qu'il a été "très blessé" des critiques visant les forces de police. "Pas à titre personnel mais pour eux. Je ne suis qu’un ministre qui passe. Ceux dont on se souvient, on les compte sur les doigts d’une demi-main" #13novembre
Une assesseure interroge Bernard Cazeneuve sur le fait que les terroristes, pourtant connus des services, aient pu réintégrer l’Europe. "Les fichiers ne sont pas opérants s'ils sont dans la clandestinité ? Les risques sont-ils aujourd'hui les mêmes ?", demande-t-elle #13novembre
Bernard Cazeneuve répond qu'à l'époque, Frontex (contrôles aux frontières extérieures de l'UE) ne pouvait pas interroger le SIS, qu'Europol n’avait pas accès au fichier des empreintes digitales ni au au fichier SIS2. "Il y avait beaucoup d’angles morts" #13novembre
Bernard Cazeneuve signale que des réformes ont été menées depuis, avec la mise en place "du fichier PNR (partage des données des passagers), la réforme du SIS, le renforcement des contrôles aux frontières via Frontex" #13novembre
Bernard Cazeneuve : "Mais si vous ne documentez pas les fichiers sur le fondement de l’article 36-3 (sûreté de l'Etat menacé), la possibilité d’atteindre l’objectif s’en trouve minoré. Ce sont des sujets déterminants pour assurer la lutte antiterroriste" #13novembre
"Est-ce que vous avez des regrets ?", demande l'assesseure. Cazeneuve:"Il ne s’est pas écoulé un jour depuis les premiers attentats sans que je ne me sois posé la question de savoir ce que j’aurais pu faire et que je n’ai pas fait.Cette question me hante.J’ai fait ce que j’ai pu"
Bernard Cazeneuve : "Des vies ont été brisées, des Français sont inconsolables. Comment ne pas me poser la question de savoir si j’aurais pu faire autrement." #13novembre
Bernard Cazeneuve : "Mais les choix que j’indique là sont des choix qui n'engagent pas que le gouvernement auquel j’ai appartenu. La lutte antiterroriste s’inscrit dans une longue histoire de notre pays." #13novembre
Bernard Cazeneuve :"Jamais je n’ai été amené à remettre en cause les gouvernements qui m’ont précédé ou succédé car j'ai la conviction profonde que pour ceux qui agissent, [l'important], c’est de faire au mieux dans une extrême difficulté" #13novembre
Bernard Cazeneuve insiste : "Jusqu'à mon dernier souffle, je m’interrogerai sur ce qui aurait pu être fait pour aller plus vite" #13novembre
C'est maintenant le tour des questions des parties civiles. L'avocat de Patrick Jardin, dont la fille est décédée au Bataclan, lui demande ce qu'il a ressenti au moment de attentats du #13novembre
Bernard Cazeneuve se compare alors aux Français à ce moment là : "vous êtes, à l’intérieur de vous même, dévasté." Il se souvient avoir "vu sortir après l’assaut une jeune recouverte d’une couverture de survie, dont le regard semblait à jamais perdu" #13novembre
Bernard Cazeneuve :"Mais je suis ministre de l’Intérieur, je dois agir, prendre des décisions, il y a ce que je ressens en tant que citoyen et qu’homme et que je n’ai pas exprimé à ce moment là." #13novembre2015
Bernard Cazeneuve: "J’ai eu du mal à l’exprimer par la suite non pas parce que les ministres de l’Intérieur n’ont pas de sentiments, mais parce que ce que j’ai éprouvé et ressenti n’est rien par rapport à la douleur insondable des familles inconsolables" #13novembre
Questionné sur la fermeture de certaines mosquées et la prévention de la radicalisation,Bernard Cazeneuve décrit l'islamisme co "une idéologie totalitaire destinée à priver de la liberté, de la tolérance les sociétés par l’instillation en leur sein de la violence la plus extrême"
Bernard Cazeneuve :"Je n'ai jamais considéré pour ma part qu’il pouvait y avoir des explications justifiant des crimes terroristes." #13novembre
Bernard Cazeneuve: "Il y a nécessité de les comprendre pour les prévenir mais aucune explication au monde ne peut justifier qu’on ait la moindre complaisance à l’égard d’une idéologie totalitaire dont le seul objectif est de semer la plus grande violence" #13novembre
Bernard Cazeneuve sur Abaaoud:"Nous ne savions pas qu’il était sur le territoire national au moment où ces attentats se sont produits,et il y arrive au dernier moment.Nous sommes sur un sujet raté au lendemain du démantèlement de la cellule de Verviers,à Athènes en janvier 2015."
Bernard Cazeneuve indique que lorsqu'Abaaoud est localisé derrière un buisson à Aubervilliers, il est déjà judiciarisé et ne relève plus de l'Intérieur. Idem pour l'opération à Saint-Denis. "Je n'ai donné aucune instruction autre que celle de donner la disponibilité du Raid."
Claudette Eleini, qui représente des victimes de l'assaut de Saint-Denis: "Nous sommes à 6 ans des évènements, 80 personnes sont victimes de ces faits et non reconnues comme des victimes de terrorisme, privées de tous leurs meubles et effets personnels. Qu'en pensez-vous?"
Bernard Cazeneuve refuse de répondre à cette question au nom de "la séparation des pouvoirs", même s'il dit comprendre "l’extrême sensibilité du sujet pour les personnes que vous représentez". François Molins devrait être interrogé sur ce point tout à l'heure #13novembre
Bernard Cazeneuve: "Les terroristes veulent remettre en cause l’unité et l’indivisibilité de la Nation. La difficulté de la lutte antiterroriste, c’est être implacable à l'égard de ceux qui cherchent à nous attaquer et ne pas céder sur les principes du droit." #13novembre
Bernard Cazeneuve : "On ne combat pas le terrorisme en renonçant à ce à quoi ils veulent nous faire renoncer." #13novembre
Catherine Swarc, avocate de PC, demande à Bernard Cazeneuve si les conséquences de la crise syrienne en France n'ont pas été sous-évaluées. "Vous avez trois heures", sourit le président. "Ce ne sera pas assez", répond le témoin. Il témoigne d'ailleurs depuis trois heures
Depuis quatre heures en fait. L'audience est suspendue. Restent encore des questions de PC, du ministère public et de la défense avant l'audition de François Molins #13novembre2015
L'audience a repris. Me Reinhart demande à Bernard Cazeneuve : "est-ce que les attentats du #13Novembre sont le fruit d'une politique migratoire défaillante?"
Bernard Cazeneuve:"Les terroristes ont emprunté les flux migratoires, non pas parce qu'ils en avaient la possibilité.Mais parce qu'en le faisant, ils créent les conditions de la fracturation de la société française. Donc ils avaient un intérêt stratégique à le faire." #13novembre
Le ministère public n'a pas de questions, la défense non plus. Le président Jean-Louis Périès glisse un "merci" surpris et un peu soulagé, vu l'heure et l'audition à venir d'un autre témoin clé, l'ex-procureur de la République François Molins #13novembre
Avant, Me Kempf, avocat de la défense, souhaite revenir sur la question du témoignage anonyme des policiers belges. La cour d'assises a rejeté cet anonymat mais le procureur fédéral belge a envoyé un courrier au président pour menacer de ne pas les laisser témoigner sans anonymat
Du coup, la décision doit être réexaminée de nouveau vendredi matin en chambre du conseil. Me Kempf refuse la tenue de cette audience. "C'est un mépris à l’égard de votre décision, c’est sur le travail des enquêteurs belges que Yassine Atar se trouve dans ce box"
Me Kempf:"Les policiers belges font tout pour ne pas se présenter devant cette juridiction."L'avocate générale Camille Hennetier ne voit pas en quoi la défense peut s'opposer à la tenue de cette audience (non publique) en chambre du conseil, prévue par le Code de procédure pénale
Voici ce que dit le courrier du procureur fédéral belge : francetvinfo.fr/faits-divers/t… #13novembre
Me Kempf maintient sa demande que cette audience (sans accusés également) ne se tienne pas. "Ne vous énervez pas, vous pouvez le dire calmement", enjoint le président. "Je n'y arrive, je suis trop jeune pour ça peut être." "Merci pour les moins jeunes", rétorque Jean-Louis Périès
Le président tranche en soulignant avoir "pris une décision de réouverture des débats, personne ne m'y a forcé". L'audience en chambre du conseil sur cette question de l'anonymat des policiers belge est donc maintenue vendredi à 10h. L'audience est suspendue quelques minutes
Elle reprend aussitôt. François Molins s'avance. "Bonsoir monsieur le procureur général. On vous a fait un peu attendre." "Je suis à la déposition de la cour", répond le témoin. #13novembre
"Je vois que vous avez des notes que vous pouvez consulter", dit le président. "Nous vous écoutons monsieur le procureur général". François Molins commence, assis sur une chaise (pour des problèmes de dos visiblement). #13nombre
François Molins : "Je me suis demandé pourquoi j’étais cité en qualité de témoin, je ne suis pas là pour porter une appréciation sur les charges qui pèsent sur les accusés. Je pense que si je suis là c’est pour dire à la cour ce que j’ai vécu au cours des 11 jours d’enquête"
François Molins : "Et expliquer toutes les décisions que j’ai été amené à prendre, la saisine, la médecine légale, la communication..." #13novembre
François Molins : "Je voudrais dire deux choses en préambule : cet attentat terroriste n'a pas été évité. J'ai toujours vécu ce type de situation comme un échec. Et tout n'a pas été parfait. On a fait je crois au mieux, en donnant le meilleur de nous-même au parquet de Paris."
François Molins : "La justice est rendue au nom du peuple français, je trouve normal en tant que magistrat, on est agent public, de rendre compte de notre action." #13novembre
François Molins : "Après chaque attentat, nous faisions des retex, des retours d’expérience pour déterminer ce qui avait mal fonctionné pour être meilleurs la fois d’après. L’histoire n’a de sens que si on sait tirer des leçons de notre expérience" #13novembre
Débit rapide, François Molins revient en arrière "sans refaire toute l'histoire du terrorisme". "On a commencé à être confrontés au terrorisme jihadiste dans les années 2011-2012", avec "les départs de Français dans les zones tribales du Pakistan et d'Afghanistan." #13novembre
François Molins évoque l'affaire Merah en "mars 2012". "Elle va nous permettre de tirer un certain nombre de leçons, au moins cinq". Il les liste : la difficulté de détecter les terroristes, la nécessité de pénaliser la préparation des actes de terrorisme à l'étranger...."
François Molins: "...le fait qu'on était face à des terroristes déterminés, les difficultés de la prise en charge des victimes et les enjeux de la communication". #13novembre
François Molins:"A partir de 2012, on a une intensification de la menace et et une massification du contentieux". Il cite "2 chiffres" : "10 dossiers ouverts en 2012, 239 en 2016". "La France et la Belgique sont les deux pays les plus touchés en Europe" #13novembre
François Molins : "Pas moins de 2000 Français sont concernés soient parce qu’ils avaient quitté la France pour la zone, soit parce qu’ils avaient des projets de départ soit parce qu’ils les aidaient à partir" #13novembre
À partir des vagues de départs vers la zone irako-syrienne à partir de 2013-2014, le parquet de Paris "n'a eu de cesse de judiciariser le plus d'individus possible". "on était bien conscients que la détection de ses individus devait se faire dans des délais très raccourcis."
François Molins : "On a progressivement construit une politique pénale adaptée aux enjeux de la situation." A l'époque, il a des relations très régulières avec Patrick Calvar (patron de la DGSI), "parfois plusieurs échanges téléphoniques par jour". #13novembre
François Molins assiste à la "montée en puissance de Daech" avec "la proclamation du califat" en juin 2014 et cet appel du porte-parole (en septembre) qui lance un véritable appel au meurtre pour tuer tous les Français mécréants." #13novembre
Le procureur général liste tous les attentats et tentatives d'attentats qui s'ensuivent en 2014 et 2015, jusqu'aux attentats du #13novembre :"Là, on bascule dans la tuerie de masse"
François Molins se souvient de cette semaine qui avait commencé par le terrorisme avec une réunion à Marakkech du lundi au mercredi à Marrakech sur le terrorisme jihadiste" #13novembre
François Molins:"Le vendredi, je suis assez fatigue. Vers 21h, j'ai un appel du chef de la Despap sur une explosion au stade de France avec un mort. J’ai appelé Patrick Calvar, il en savait pas plus que moi." #13novembre
François Molins:"J'ai le réflexe d’allumer mon téléviseur sur une chaine d’info en continu, je vois le bandeau sur les fusillades, j’ai compris tout de suite qu’on y était, que c’était qqchose de très lourd qui se dessinait." #13novembre
François Molins :"On a envisagé la saisine de C1 [section terroriste du parquet de Paris]. J’ai demandé à rameuter les troupes et on a ouverte une cellule de crise. Quand j’arrive sur les scènes de crimes, il n’y a encore aucun enquêteur (la Sdat coordonne le dispositif)"
François Molins : "Il n'y a que des primo-intervenants, des policiers, pompiers et le Samu. Je suis tombé sur un brave brigadier du 11e qui a enlevé son gilet par balles pour me le mettre" #13novembre
François Molins : "Un médecin pompier m’a fait un bilan victimaire de la Bonne bière. Au Carillon, des corps sont couchés sur le trottoir. J'ai demandé à une dame derrière le comptoir ce qui s’était passé, elle m’a raconté a voiture les tireurs qui rafalent" #13novembre
François Molins : "Je vais au Bataclan, j‘ai des infos qui sont assez diffuses, je sais qu’il y a une prise d’otages en cours, j’ignore tout du massacre commis et de l’intervention du commissaire" #13novembre
François Molins : Dans le Bataclan, "c’est l’horreur, c'est dantesque, jamais je n'aurais imaginé un bilan aussi lourd. Jamais je n’oublierai le visage d’une dame avec une coupe au carré, la tête posée sur un sac à main avec un téléphone qui sonnait. Je n’arrivais pas à réaliser"
François Molins déroule rapidement les débuts de l'enquête, l'identification des véhicules des terroristes et de leur loueur, Salah Abdeslam, en fuite. Et la traque des deux terroristes "toujours dans la nature", Abaaoud et Chakib Akrouh #13novembre
François Molins semble toujours surpris qu'ils aient pu se réfugier dans un buisson. C'est "Sonia, je l'appelle toujours ainsi (prénom d'emprunt pour ce témoin protégé), amie de la cousine d'Abbaoud, Hasna Ait Boulahcen, qui les a menés vers eux. #13novembre
François Molins: "ce témoignage était presque trop beau pour être vrai, est-ce que c'était un guet-apens pour attirer les forces de l’ordre ?" La crédibilité de son témoignage va être passé au crible. #13novembre
François Molins : "une surveillance est mise en place devant le buisson d’Aubervillers, les enquêteurs vont voir deux hommes sortir du buisson, rentrer dans un Uber et rejoindre le logement loué par Jawad Bendaoud. On sait désormais où sont les deux terroristes" #13novembre
L'assaut est donné le 18 novembre, les deux terroristes et Hasna Ait Boulahcen sont tués. #13novembre
François Molins aborde maintenant la gestion des
victimes. "Il y a eu des erreurs malgré les Retex passés". Il rappelle la compétence du parquet, qui est "renseigner le plus vite possible le fonds de garantie" sur l’identité des victimes et établir la liste unique des victimes
victimes. "Il y a eu des erreurs malgré les Retex passés". Il rappelle la compétence du parquet, qui est "renseigner le plus vite possible le fonds de garantie" sur l’identité des victimes et établir la liste unique des victimes
François Molins : même si un attentat était redouté, "je pense qu’on n'était pas préparé à des actes d‘une telle ampleur et sur 8 sites." #13novembre
"On a constaté des pb d'articulation entre la Ciav (cellule interministérielle d'aide aux victimes) et le numéro vers de la préfecture de police. Il n'y avait aucun lieu d’accueil avant la bonne idée d'ouvrir et de mettre à disposition les locaux de l’école militaire" #13novembre
François Molins regrette des "dysfonctionnements" : "j’ai vu de nombreuses familles complètement désorientées. Je me souviens avoir moi même confirmé les décès à deux familles" #13novembre
François Molins : "Je fais pas le procès de la police mais de fait, ce sont les magistrats du parquet de Paris qui ont commencé vers 16h à annoncer des décès. On n'était pas formés" #13novembre
François Molins sur les erreurs d'identification : "On dote les victimes d’un bracelet en code barre et d'une fiche médicale associée à ce numéro. Compte tenu des multiples scènes de crimes, il y a eu des doublons et des bracelets souillés de sang étaient illisibles" #13novembre
François Molins : "Je mesure le caractère insupportable de ce type d’erreurs pour les victimes" #13novembre
François Molins sur le seul choix de l'IML (très critiqué par les familles de victimes pour sa gestion désorganisée et froide):C'était "pour ne pas complexifier l’identification des victimes et compliquer davantage le parcours des familles, je pense qu’on a bien fait" #13novembre
François Molins justifie le fait d'avoir discriminer entre les autopsies et examens approfondis par imagerie vu le nombre de victimes."Si on avait autopsié tous les corps, on n'aurait pas pu les restituer aux familles avant 15 jours, inacceptable sur un plan humain" #13novembre
François Molins aborde ensuite la "coopération internationale". "S'il n'y a pas d’entraide en matière terroriste, cela peut faire capoter des dossiers.
La coopération avec les Belges était exemplaire depuis l’affaire Nemmouche" #13novembre
La coopération avec les Belges était exemplaire depuis l’affaire Nemmouche" #13novembre
François Molins a terminé son propos liminaire par la communication : "la loi donne au procureur le monopole de la communication, je pense qu’il le doit, surtout dans des affaires de terrorisme qui troublent l’ordre public" #13novembre
François Molins: "Il est indispensable de donner à la presse des informations fiables précises rigoureuses et objectives. C’est ce qu’on a essayé de faire dans ce dossier avec ma chargee de communication." #13novembre
François Molins liste les 5 conférences de presse données dans ce dossier: le 14, "la la plus dure car nous étions encore dans la sidération", le 19 après l’assaut de Saint-Denis, le 24 avec la présentation à la justice de Jawad Bendaoud et l'ouverture d’une info judiciaire"
Les deux autres conférences de presse sont données en mars après l’arrestation de Salah Abdeslam puis avant les attentats de Bruxelles. "On s’est dit que l’institution judiciaire était la seule qui pouvait porter une parole crédible et fiable." #13novembre
François Molins : "Avec le recul, cet exercice est indispensable et j’espère qu’il a contribué à renforcer la confiance du public dans la justice et à renforcer la démocratie". "Souhaitons-le, souhaitons-le", réagit le président à la fin de sa déclaration liminaire. #13novembre
François Molins a ensuite répondu aux questions de la cour. Sur les menaces sur le Bataclan: "A aucun moment on est en possession d’éléments qui permettent de penser que le Bataclan est une cible qui nécessite une protection" #13novembre
François Molins sur l'intervention policière au Bataclan: "On aurait pu faire mieux mais en réalité on a fait bien pire (par le passé). On n’est pas au Far West où on entre dans un saloon avec des portes qui s’ouvrent" #13novembre
François Molins :"on ne sait pas combien il y a des terroristes, on ne peut pas réagir sur la base de spontanéité, ça se prépare, ça nécessite un minimum d’expertise" #13novembre
François Molins: "Que ce soit le GIGN, le Raid ou la BRI, ils font tous comme ça, on construit un plan d’assaut lorsqu’on a compris la problématique de la situation et la configuration des lieux. Je suis pas persuadé qu’on aurait pu faire mieux." #13novembre
François Molins sur l'assaut de Saint-Denis : "Tout le monde est un peu tétanisé par ce qui s’est passé. Je pense qu’il y a une volonté de l’unité d’assaut de saturer l’espace avec une stratégie qui consiste à tirer, tirer, tirer" #13novembre
François Molins : "On m’a toujours dit que le Raid avait subi des grenades offensives. La seule chose qu’on a trouvé c’est un pistolet automatique qui avait tiré 6 fois." #13novembre
François Molins: "C'est une opération qui n’a pas connu le meilleur des bouclages, mais je ne ferai aucune critique sur des policiers qui exposent leur vie en allant chercher des gens comme ça." "On sait qu’on a affaire à Abaaoud, particulièrement dangereux", appuie le président
François Molins sur le fait qu'Abaaoud se soit réfugié dans un buisson, "situation qu’on pourrait qualifier de grotesque si ça n’était pas aussi grave", souligne le président :"Je me suis posé la même question que vous et je me la pose encore, je ne comprends pas" #13novembre
François Molins:"Il y a qqchose de tout à fait irrationnel. Pourquoi abandonner le véhicule ? Pourquoi avoir abandonné les kalachnikov et pourquoi être allés dans un buisson ? Est-ce qu’ils avaient prévu de se faire exploser et ont renoncé ? Je ne sais pas" #13novembre
François Molins répond maintenant aux questions des parties civiles. L'une porte de nouveau sur le choix de ne pas faire appel à d'autres instituts médico-légaux que l'IML de Paris. #13novembre
François Molins : "C’est vrai qu'il y a un problème spacial à l’IML, et je comprends la souffrance que cela a pu générer chez les familles. Ce qui nous a fait peur c’est la difficulté du parcours des victimes, je pense que cela aurait été d’une complexité inouïe" #13novembre
François Molins sur l'IML : "Je ne prétends pas qu’on a bien fait, on a fait au mieux, comme on a pu". #13novembre
Point lapsus : un avocat des parties civiles a appelé François Molins "monsieur l'avocat général". "Pardonnez-moi, c'est la fatigue". Il est tard en effet #13novembre
François Molins est interrogé par Me Mouhou sur l'assaut de Saint-Denis : "Si la porte avait pu exploser et que le raid avait pu entrer dans l'appartement" ça ne serait pas passé comme ça, répond-il en substance. #13novembre
François Molins: "J’étais tellement sensible à la situation de ces braves gens que deux jours après j’ai pris mon téléphone et téléphoné à la préfète et je lui ai demandé de reloger ces gens là dans les meilleurs délais" #13novembre2015
Me Mouhou insiste : son client, propriétaire de l’appartement, dit qu’il suffit de taper sur la porte pour qu'elle s’ouvre. "On tire au premier, au deuxième, un peu partout et certains sont également blessés." #13novembre
Le président perd patience :"Je vous propose maintenant d’intégrer le Raid car c’est vous qui détenez la vérité ! On n'est pas la commission parlementaire, le tribunal administratif, on est la cour d’assises chargée de juger des responsabilités qui pèsent sur les accusés"
Les avocats généraux passent leur tour pour les questions après cet exposé "complet" et parce qu'"on n'est pas impartiaux", sourit Camille Hennetier (François Molins était leur chef à la section C1) #13novembre
Après deux petites questions de la défense, l'audience est suspendue. Elle reprendra demain à 12h30. Merci d'avoir suivi ce LT #13novembre
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