Notre contributeur @karan_mersch revient sur un propos d’@edgarmorinparis, hâtivement jugé profond ou au contraire simpliste, et qui est pourtant en cohérence avec une idéologie très discutable.
Les notions de #Réaction #Dominant et #Dominés méritent d’être analysées
Les notions de #Réaction #Dominant et #Dominés méritent d’être analysées
1/20 Retrouver dans ce tweet d'Edgar Morin une partition binaire, qui sépare les dominants -cause du racialisme- et les dominés -qui réagissent parce que victimes- , est décevant de la part d'un philosophe qui a professé la pensée complexe.
https://twitter.com/edgarmorinparis/status/1462050749253361669?s=20
2/ Il ne s'agit pas ici de nier qu'il puisse y avoir un racisme en réaction d'un racisme primaire. Cette réaction enferme des populations dans des idéologies qui les desservent, et qui reprennent les catégories du racisme auquel elle prétend s'opposer
3/ Il y a un piège réactif qui fait que le racisme sert d'argument au racialisme et le racialisme d'excuse au racisme. C'est un cercle vicieux. On peut regretter que Morin ne mette pas en garde contre ce piège réactif, mais le légitime en déresponsabilisant les racialistes.
4/ A/ Dominés/ Dominants ------
La catégorie "dominés" doit être questionnée. Elle est conçue comme évidente et permettant de décrire un groupe de personnes bien déterminé.
Des communautaristes influents, prêchant le racialisme, sont-ils vraiment des dominés ?
La catégorie "dominés" doit être questionnée. Elle est conçue comme évidente et permettant de décrire un groupe de personnes bien déterminé.
Des communautaristes influents, prêchant le racialisme, sont-ils vraiment des dominés ?
5/ Le problème reste lorsqu'on nuance le propos, en disant qu'il peut y avoir des dominés qui dominent les autres.
La domination qu’ils exercent a tendance à être réduite à une sous-catégorie de la domination qu’ils subissent. Cette dernière ayant une position architectonique
La domination qu’ils exercent a tendance à être réduite à une sous-catégorie de la domination qu’ils subissent. Cette dernière ayant une position architectonique
6/ On considérera d'abord comme dominés des personnes qui pourtant dominent, car on fait primer certaines relations de domination sur d'autres. Comme dans l'intersectionnalité militante, la caractérisation discutable de "racisé" primera sur le reste. Il y a hiérarchisation.
7/ Or des hommes qui imposent un ordre patriarcal, même dans les cas où ils seraient dominés sur d’autres aspects, sont pleinement dominants. Cela n’a pas à être expliqué comme une conséquence de qu’ils subiraient par ailleurs.
8/ Il y a des rapports de domination, mais "être dominé par…" ce n’est pas la même chose que d´affirmer "être un dominé". L'essentialisation menace.
9/ De plus, à penser le racialisme comme une réaction de la part de « dominés », on ne rend pas compte du fait qu’une part importante de ceux qui soutiennent cette idéologie sont très loin de correspondre à ce qui est sous-entendu par le terme "dominé".
10/ Pour défendre son premier tweet, Morin poste celui-ci, qui part du principe que critiquer les erreurs des "dominés" serait le fait des dominants –cela ne va pas de soi-, et que cela serait la marque d'une indifférence à leur malheur.
https://twitter.com/edgarmorinparis/status/1462424259544944646
11/ Un autre philosophe, Socrate, pensait au contraire que ne pas laisser quelqu'un dans l'erreur était un bienfait.
Ne pas contredire quelqu'un qui se trompe dès qu'on l'identifie comme "dominé", n'est-ce pas finalement être condescendant et lui manquer de respect ?
Ne pas contredire quelqu'un qui se trompe dès qu'on l'identifie comme "dominé", n'est-ce pas finalement être condescendant et lui manquer de respect ?
12/ Si l'on suit la logique du premier tweet, on peut se demander quelle serait l'approche qu'il faudrait faire de l'antisémitisme des "dominés" ? Serait-il là encore une conséquence du racisme des dominants ?
13/ A lire son intervention dans "Le Monde du 22-06-2002, la question mérite d'être posée…
lemonde.fr/archives/artic…
lemonde.fr/archives/artic…
14/ Il semble que Morin voit dans l'islamisme, les dominés d'aujourd'hui. Il ne fait pas la distinction pourtant si importante entre musulmans et islamistes.
15/ Or cela laisse la porte ouverte à laisser penser que les critiques envers l'islam politique auraient quelque chose à voir avec l'antisémitisme de l'Allemagne des années 30.
On retrouve là la rhétorique de Tariq Ramadan dont il semble assez proche.
On retrouve là la rhétorique de Tariq Ramadan dont il semble assez proche.
https://twitter.com/VLautard/status/1330829292217962497?s=20
17/ Il faudra veiller à ne pas faire trop vite des antisémites français sensibles au conflit Israélo-palestinien, des "dominés", et d'interpréter leur haine comme une simple conséquence malheureuse du racisme des « dominants »….
18/ La grille d’analyse « dominant / dominés » est souvent très réductrice, et masque une réalité bien plus complexe.
19/ B/ La réaction----
De même qu’un racisme de réaction peut se combiner avec un racisme primaire et ne l’exclut pas forcément, le racialisme peut être alimenté par plusieurs sources.
De même qu’un racisme de réaction peut se combiner avec un racisme primaire et ne l’exclut pas forcément, le racialisme peut être alimenté par plusieurs sources.
20/ La pensée de la complexité dont se revendique E.Morin, devrait laisser la place à l’idée que la tentation racialiste ne se limite pas à de la réaction…
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