Thread by @politicoboyTX

Pendant les fêtes de noël je l’ai vu partout, y compris au pied du sapin familial. Graphiquement c’est irréprochable mais scientifiquement et politiquement il y a quand même des sacrées lacunes et raccourcis. #jancovici #lemondesansfin

Pour commencer le livre analyse toute l’histoire via le prisme de l’énergie (et de l’offre de pétrole en particulier). C’est aussi dommageable que de tout analyser via le prisme de l’économie classique sans intégrer l’énergie et l’environnement.

Souvent ressurgit une vision assez réactionnaire (le mot est un peu fort) et pessimiste de l’Homme. Par exemple ici : sans énergie abondante l’Homme s’entre-tuerait. Anthropologiquement c’est faux. On le voit empiriquement, la pénurie conduit plutôt à l’entraide.

Plus loin : « nous sommes des animaux opportunistes et accumulatifs ». Aucune interrogation sur le système économique et les structures sociales qui pourraient causer ce comportement (en admettant que le propos soit valide, ce qui est loin d’être le cas).

On apprend plus loin que nous sommes TOUS et en permanence des égoïstes incapables de remettre en cause notre mode de consommation qui découlerait d’un choix et d’un attachement à la liberté individuelle (pas des structures sociales et économiques, de la pub, etc).

Très peu de réflexion sur l’inégalité des richesses (et des émissions). Souvent, on a l’impression que tous les humains sont responsables au même niv du chgt climatique (esclaves, ouvriers FR au smic ou Jeff Bezos ont tous 200 équivalents esclaves et vivent comme des empereurs)

Il y a également une vision caricaturale à outrance de la vie avant le pétrole (avec des raccourcis et généralisation presque comiques). Sans le pétrole, C’est le fameux « modèle Amish » de Macron.

Les retraites et la sécu seraient le fait du pétrole (pas d’une lutte sociale pour la répartition de la valeur). Il y a pourtant des pays avec plus de pétrole et moins ou pas de protection sociale, et inversement. A ce niveau c’est de la dépolitisation brutale.

On apprend ainsi que « la France compte sur une croissance de 2% pour sauver son système de retraite » (qui est pourtant à l’équilibre et construit hors du cadre capitaliste… d’où le récit qu’il faudrait le sauver imposé par la doxa néolibérale pour le réformer…).

Que les services publics en France (en particulier le gaz et l’électricité) sont stupidement démantelés par la commission européenne car il s’agit de bureaucrates incompétents (pas de défenseurs d’une idéologie néolibérale qui sert des intérêts capitalistes)

Autre exemple : ici la Bd confond la cause avec la conséquence (si l’Angleterre a une plus grosse industrie que la 🇫🇷, c’est en fait parce qu’elle a adopté le mode de production capitaliste plus tôt avec le mouvement des enclosures, cf « the origin of capitalism, Ellen Meiksins)

Il y a aussi les approximations sur le nucléaire (qui permettrait l’indépendance énergétique, comme si l’uranium ne venait pas du Niger et de Centrafrique) et dont tous les déchets tiennent dans une piscine olympique (pas dans les 600 hectares et 10 millions de m3 de Bure)

Il y a énormément de choses intéressantes, mais entre les approximations et raccourcis problématiques pour un discours drapé dans l’expertise et le refus de parler du système économique (le ca…ca…capitalisme) on tombe sur un objet qui dépolitise lorsqu’il faudrait politiser.

L’inverse de l’excellent « le choix du chômage » qui politise et mobilise à fond. Et dont il faudra reparler 🤠

Je rajoute qq éléments qu’on m’a soufflé en DM. Pour la BD la cause de notre inaction climatique serait à chercher dans notre cerveau, au niveau du “striatum” selon l’hypothèse du journaliste S. Bohler, pourtant très critiquable (pour ne pas dire fausse) : bonpote.com/la-faute-a-not…

Du coup pour #jancovici et la BD, si on n'arrive pas à interdire la Pub pour les SUV en France ni passer une loi climat convenable, c'est à cause de notre striatum, pas des armées de lobbyistes, des intérêts financiers et de la compromission du gvt : monde-diplomatique.fr/2021/08/BENILD…