[#VeilleESR#LRU] Emmanuel Macron expose une réforme «systémique» de l'université
Il s'agirait donc de la troisième étape après la réforme systémique des formations (ORE 2018) et de la recherche (LPPR 2020). Ça vaut bien une analyse.
Le discours a été tenu devant le congrès de la CPU désormais appelée @FranceUniv qui représente « un nouvel élan, qui rappelle le rôle de partenaire essentiel des pouvoir publics / force de proposition et de transformation pour l'ESR » d'après M. Macron.
Le discours commence par des banalités : « concurrence pour les talents », « décloisonner pour favoriser les synergies », « Shanghai / Saclay »...
Mais surtout « conjurer notre histoire » avec « le vent de face en raison de la démographie ».
C'est important pour la suite.
Le discours se centre sur « repenser totalement le lien entre Lycée et Université » et « la séparation entre les études supérieures et le monde du travail ».
Il fustige une « aristocratie égalitariste » avec la dichotomie Grandes Ecoles (« exellence ») et Université (« masse »).
#debunk Il s'agit d'un classique diviser pour regner/l'herbe est plus verte ailleurs.
Cette opposition (stérile ?) GE/Univ est systématiquement instrumentalisée pour réformer, mais seulement les universités.
D'après M. Macron « ce système est révolu » car « il ne correspond pas à la compétition internationale et crée des segmentations inefficaces ». C'est « le sens de l'Histoire ».
Il faut donc « une nouvelle politique d'investissement ».
« Nous avons injecté 1 Md€ en plus dans le premier cycle / créé 84000 places / et 28000 oui-si... formidable ! et pourtant seulement 50% des étudiants se présentent aux examens de premières année »
#debunk "Des efforts n'ont pas conduit à des résultats, donc il faut réformer plus en profondeur" est discutable.
Par exemple, il y a en réalité une hausse des taux de réussite, que le discours doit ignorer volontairement pour atteindre son objectif.
De plus, ces résultats ne sont pas évaluables en période de pandémie, parce que tout le système est perturbé, et que tirer des conclusions de mesures qui ont trois ans n'est pas intègre.
#Discussion L'échec en Licence lui-même est peut-être un problème factice, instrumentalisé pour atteindre des objectifs pratiquement sans rapport, mais qui a le mérite de faire écho à un soucis très concret qu'on rencontre sur le terrain.
#Point 2 : le financement public et la gratuité des études universitaires.
Cela conduirait a un enseignement qui n'a « aucun prix » à cause d'« un modèle beaucoup plus financé par l'argent public que partout dans le monde »
#Debunk Au delà du marqueur idéologique « ce qui n'a pas de prix n'a aucune valeur », l'affirmation sur le financement public de l'ESR en France est tout simplement fausse : nous sommes dans la moyenne, et en dessous des pays que nous admirons.
Ensuite, le financement "privé" est en réalité sur des prêts garantis par l’État, et qui sont en grande partie (52%) non remboursé, donc payés par le public.
Ça a couté 12Md€ d'argent public l'an dernier (~50% du budget du MESRI).
#Point 3 : la formation réduite à une forme d'insertion professionnelle
« les universités [doivent] garantir l'orientation des jeunes vers l'emploi » avec « de véritables contrats d'objectifs et de moyens ».
En clair : l'emploi conditionne le financement des formations.
« la logique de l'offre doit prendre le pas sur la logique de la demande » « l'orientation doit évoluer pour mieux correspondre aux besoins de la nation »
En clair : ce n'est plus ni aux familles ni aux universitaires de décider de l'orientation et des formations, mais à l'Etat.
D'après E. Macron,ces « besoins de la nation » sont seulement économiques, et tout le reste est un « investissement à perte ».
C'est du bon sens, mais seulement avec une conception de la formation limitée à l'insertion professionnelle.
#debunk Si on colle les trois points, on a une forme de logique : 1. Les jeunes échouent en Licence 2. Car ils se moquent d'études qui ne coutent rien 3. Et qui de toutes façons ne mènent à aucun emploi.
Faire payer les familles apparait alors comme une solution, non pas pour augmenter les financements (ils n'augmenteront pas, au contraire), mais seulement pour augmenter l'implication des familles, et restructurer « l'offre et la demande » de la formation.
La réussite par l'augmentation de l'implication des familles repose sur la croyance « ce qui n'a pas de prix n'a aucune valeur ».
Quand on regarde les indicateurs, c'est plutôt une question de moyens.
La restructuration de « l'offre et la demande » imagine une vertu : si les études impliquent un endettement personnel, alors le choix d'orientation sera vers les formations qui permettent de rembourser, donc là où il y a des emplois.
Et sinon c'est à la charge des familles.
Les formations qui conduisent aux emplois bien payés peuvent augmenter leurs frais d'inscription, donc leur qualité. Les autres ferment ou de toutes façons ne coutent plus rien.
Le marché comme solution à l'orientation et la formation, donc à la stratification sociale.
C'est la vision qui a bien fonctionné au XXe siècle. Malheureusement, elle ne fonctionne plus. Tout simplement parce que « démographie » et « besoins [économiques] de la nation » sont désynchronisés.
Il n'y a pas d'emplois non pourvus en France, il y a du chômage.
Les emplois qui recrutent ne concernent pas les filières universitaires.
Les formations universitaires montrent un léger chômage, qui indiquent qu'elles remplissent parfaitement leur rôle de fournisseur de main d’œuvre qualifiée.
En toute logique, la politique proposée consiste donc non pas à augmenter le nombre de diplômés, puisque ça ne ferait que baisser le taux d'insertion professionnelle.
Elle consiste forcément à baisser le nombre d'étudiants, seul moyen d'éviter un « investissement à perte ».
Et ça nous mène à la question principale qui se pose pour l'avenir, même si on n'ose jamais l'affronter :
Quel est le rôle des études supérieures ?
Si c'est seulement économique, sans progrès futurs, alors Macron a raison : il faut endetter et réduire le nombre d'étudiants.
Mais si c'est plus large que ça, que les études supérieures permettent de former des citoyens qui vont devoir gérer des crises graves... Alors il vaut mieux des chômeurs bien formés que des chômeurs mal formés.
Il est d'autant plus dangereux que la loi ORE a déjà posé des bases très solides pour sa réalisation :
l'Etat contrôle désormais les places dans toutes les formations publiques. La réduction du nombre d'étudiants est donc techniquement possible.
Parcoursup est à la fois une sorte de concours national pour accéder aux places, et en plus une market-place pour les formations, incluant déjà des informations sur les "débouchés" et un module de paiement des frais.
Toute la technique a été préparée pour ce projet politique.
Reste que le projet politique de M. Macron, tout idéalisé et idéologisé qu'il soit, se confronte à une question toute simple : Que fait-on des jeunes surnuméraires par rapport aux besoin de l'emploi, si on ne les forme plus ?
Ce fameux « vent de face de la démographie ».
Pour conclure, le discours de M. Macron est bien rodé, puisqu'il a plus de 50 ans... Mais il est objectivement anachronique.
Il faudrait un peu de courage, et attaquer vraiment la seule vraie question : Quel est le rôle des études supérieures au XXIe siècle ?
NB : Si M. Macron souhaitait vraiment mettre en œuvre ce programme, il lui suffirait de donner une autonomie réelle aux universités, dont l'intérêt est effectivement de réduire le nombre d'étudiants et de les faire payer.
Et bien sûr la plus pathétiques des hypothèses : tout ce projet n'a en réalité aucun sens, complètement dépourvu de vision et d'ambition autre que séduire les présidents d'université dans une perspective tristement électoraliste.
Ca a l'air con comme ça, mais la CPU avait appelé à « voter contre Marine Le Pen » donc pour Emmanuel Macron.
@NewsTankEduc Rappel qu'il n'y a ni surprise ni revirement, que c'est un projet politique partagé et discuté, qui se déroule tant bien que mal malgré son irrationalité.
Des extraits de la note Gary-Bobo (globalement ignorée par EM).
[#VeilleESR#LPPR] Décret n° 2021-1449 du 4 novembre 2021 relatif au contrat de mission scientifique prévu par l'article L. 431-6 du code de la recherche
Disparition du terme « CDI », sur lequel la totalité de l'argumentaire reposait.
« sans préjudice », « à l'exception », « par dérogation »... Il faudrait l'aide d'un juriste pour aller fouiller les détails, mais ça ressemble quand même pas mal à une sortie du cadre de la fonction publique.
[#VeilleESR#Parcoursup] Emmanuel Macron présente le dispositif de diminution artificielle du taux de NEET des jeunes (sans formation ni emploi), qui menace d'exploser en conséquence de la politique éducative d'Emmanuel Macron.
La logique est fascinante : 1. On aligne le financement des formations sur le besoin du marché de l'emploi. 2. Comme ce besoin est inférieur au nombre de jeunes, on met en place des politiques d'éviction (#BacBlanquer, #Parcoursup, #EtudiantsSansMaster)
3. Les jeunes évincés remplissent donc mécaniquement le taux de NEET.
4. Les projections de l'économie post-covid sont inquiétantes, la démographie continue d'augmenter, et on a réduit l'amortisseur des études gratuites pour tous.
Je ne doute pas une seconde que Mme Pécresse, ancienne ministre de l'#ESR et porteuse de la loi #LRU, sans doute la plus transformante du XXIe, ait de fines connaissances du sujet.
Du coup, il y a plein de choses que je ne m'explique pas...
« On le sait très bien, il y a des universités surdotées, qui ont perdu des étudiants en premier cycle »
Alors pas à ma connaissance, non. Ça a augmenté de partout, et significativement.
[#VeilleESR#LRU] Quinze membres de l’Académie des sciences alertent « les augmentations de budget ne seront pas à même de combler nos faiblesses structurelles. »
Les texte de la #LPPR ne sont pas encor tous sortis, qu'on appelle a nouvelles réformes.
[#VeilleESR#Parcourusp] Le Conseil d’État annule l’arrêté fixant le nombre d’étudiants de première année commune aux études de santé autorisés à passer en deuxième année. Il impose à quinze universités d’ouvrir de nouvelles places.
par @Dalloz
#VeilleESR#Parcoursup] Un décret du *13/07/2021* prévoit les « modalités de report de places non pourvues » en études de santé.
L'étudiant peut saisir la commission au plus tard le *23/08/2021*.
par @NewsTankEduc