L’@ASN souligne à quel point les difficultés qui s’accumulent, tant pour des raisons de perte de maîtrise industrielle que de vieillissement des installations, mettent le système en tension.
C’est le cas pour les réacteurs, avec un risque croissant d’arbitrage impossible entre la sûreté du parc et la sécurité électrique, que la perspective de prolongation de fonctionnement des réacteurs ne fait que renforcer.
C’est le cas pour les usines et les entreposages, avec une série d’évolutions dérogatoires sur l’accumulation de plutonium, la densification du combustible dans les piscines de La Hague ou le fonctionnement de certains de ses ateliers pour ne pas devoir arrêter le “cycle”.
L’@ASN pourrait également souligner à quel point elle-même voit ses marges de décision réduites : elle doit déroger aux exigences initialement fixées pour l’EPR (cuve, piquages…) pour ne pas empêcher son éventuel démarrage, …
… adapter les modes de gestion de problèmes génériques importants pour la sûreté comme les micro-fissures observées désormais sur le RIS de cinq tranches à un calendrier réaliste d’arrêt des réacteurs du point de vue de la continuité de fourniture électrique, …
… faire confiance aux exploitants pour maintenir la conformité des installations malgré les problèmes de plus en plus évidents dans ce domaine (défauts génériques observés très tardivement sur la tenue d’équipements de secours, falsifications en série à Creusot Forge…), …
… adapter ses exigences aux capacités des exploitants à les mettre en œuvre, comme elle l’a fait en acceptant qu’une partie des travaux prévus dans le cadre du 4ème réexamen des 900 MWe soit repoussée de 4 ou 5 ans, …
… ou encore composer avec la lenteur avec laquelle EDF développe le projet de piscine d’entreposage centralisé, comme avec les évaluations trop optimistes d’Orano sur le fonctionnement de Mélox, la tenue des évaporateurs à La Hague ou l’évolution des volumes de plutonium stocké.
Autrement dit, la perte de marges entraîne, à tous les niveaux, une perte de contrôle.
Pour en retrouver, il faut sortir de la fuite en avant théorisée par Jean-Bernard Lévy, ce “cycliste qui doit pédaler pour ne pas tomber”.
Il est effectivement temps d’avoir un débat sur les impasses, du point de vue de la sûreté et de la gestion des matières nucléaires, dans lesquelles nous conduit la logique de maintien aussi longtemps que possible du système nucléaire dans sa forme actuelle.
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1/15 - Fin novembre, la @CRIIRAD avait lancé une alerte, basée sur une source anonyme interne à @EDFofficiel, indiquant qu’une cause structurelle, liée à la conception de la cuve de l’EPR, serait à l’origine des fuites de combustibles observées à Taishan. criirad.org/Surete-nucleai…
2/15 - J’avais alors appelé @ASN et @EDFofficiel à apporter des clarifications, soulignant que les informations fournies par @CRIIRAD étaient suffisamment sérieuses pour devoir considérer cette hypothèse, sans être suffisantes pour pouvoir l’adopter. liberation.fr/environnement/…
3/15 - La @CRIIRAD suggérait fortement, sans toutefois l’affirmer, que cela pourrait conduire à des modifications structurelles sur l’ensemble des réacteurs EPR, y compris donc pour l’EPR en construction à Flamanville.
1/10 - Winter after winter, as the French nuclear fleet is ageing and its availability decreases, this situation is getting worse. The combined dependency on nuclear power and bad electric heating (up to +30 GW additional load in cold peaks) makes the system highly vulnerable.
2/10 - And this is only the beginning. In the next decades, France will face the challenge of maintaining electric security while phasing out its existing nuclear fleet. And meeting high winter peak demand from year to year while shutting down dispatchable nuclear capacity…
3/10 - Plus, this comes at a time when electrifying new uses (mobility, industrial processes) and producing hydrogen through electrolysis is on the decarbonation agenda, which is likely to increase pressure on the demand side.
1/14 - Puisqu'un effort a été fait ici, que d'autres refusent, pour tenter de montrer en quoi la note interne du gouvernement fuitée par @ContexteEnergie le 26/10 aurait tort de conclure qu'un premier EPR ne pourrait être mis en service dès 2035, regardons cela.
2/14 - Pour mémoire d'abord, le point qui est en discussion ici (et qui n'est pas le seul aspect abordé dans cette note) est celui de la date possible de mise en service d'un premier EPR2. Voici précisément ce que la note en dit.
3/14 - On peut d'abord remarquer que cette note indique que l'hypothèse soumise à l'instruction du gouvernement par EDF est déjà 2036 (et pas 2035, hypothèse pourtant fournie par le gouvernement à @rte_france).
1/20 - Même si cela n'était pas votre intention, votre commentaire venait à l'appui d'un tweet de dénigrement. Mais l'exemple du fer à repasser est effectivement intéressant. Il vient d'un travail détaillé que nous avons fait à un moment sur l'ensemble de l'électricité spécifique
2/20 - Nous avons commencé ce travail détaillé pour le scénario 2011, avec une décomposition complète de l'ensemble des usages dans le résidentiel, pour identifier les potentiels de réduction des consommations par des actions de sobriété et d'efficacité
3/20 - Cela nous a conduit à proposer des hypothèses pour chacun de ces usages, portant sur le taux d'équipement, le dimensionnement des équipements, leur taux d'usage. Voici par ex. celles du scénario 2017 sur les fers à repasser, sur lesquelles vous vous appuyez
1/8 - Intéressant encore : d’un côté il y a un discours critique qui ne peut être qu’idéologique, et que l’on peut donc disqualifier en le nommant “anti-nucléaire”…
2/8 - … et de l’autre il y a la “réalité” des sciences et techniques nucléaires, qu’il ne s’agit que d’expliquer au public en faisant de la “vulgarisation”, sans aucune idéologie donc et pas du tout “pro-nucléaire”
3/8 - C’est ainsi que la @SFENorg se présente comme une simple société savante, et les @voixdunucleaire comme une association engagée pour le rétablissement de la “vérité” sur le nucléaire dans le débat public
Je suis vraiment étonné par la montagne de commentaires laissant supposer que je mets en cause la capacité de jugement, la qualité d’explication voire la légitimité d’expression de tel ou tel.
Relisez soigneusement et trouver en la trace : il n’y en a pas.
Pour une raison très simple : j’ai de tout temps été un fervent défenseur de l’expertise pluraliste au service de la diversification du débat démocratique, dans le but d’aboutir à des décisions conformes à l’intérêt général.
La condition de cette expertise pluraliste est que soit très clair d’où chacun s’exprime et que les différentes postures de contribution au débat soient assumées.