Thread by @GrainHedger

Vu les dernières évolutions , petit #thread sur la disponibilité des céréales en France .

On l’a vu ici, la situation mondiale s’est brutalement dégradée, entre guerre en #ukraine et mauvaises conditions climatiques

https://twitter.com/emma_ducros/status/1500389735700774916

Et en France alors, comment ça se passe ?
Alors pour les néophytes , précisons :
- les céréales se moissonnent l’été
- le maïs et le tournesol se moissonnent l’automne

Et le reste du temps on fait donc avec le stock qu’on a obtenu à la moisson

On est en Mars, dans 3 à 4 mois on a un nouveau stock tout neuf de céréales qui arrive

Pour le moment on fait avec ce qu’on a moissonné l’été dernier , ce qu’on a consommé , ce qu’on a exporté

Comment sait-on où on en est ?
Les statistiques sont tenues de près par @FranceAgriMerFR , et on sait exactement, mois par mois, ce qui reste disponible , et on fait des projections du stock fin de campagne .

Un stock de report de blé « classique » c’est environ 2 million de tonnes de blé , sur une production qui évolue de 35 à 40 million de tonnes selon les années.

C’est en gros la quantité nécessaire à la transition entre deux campagnes de céréales

En février 2022, la prévision de stock de fin de campagne était de 3,578 million de tonnes, soit un stock supérieur à la campagne dernière, à 2,3 millions de tonnes franceagrimer.fr/fam/content/do…

Cela était dû à une bonne production, et à une baisse des exportations notamment sur l’Algerie, qui venait -timing ironique- d’ouvrir son marché au blé Russe, après des décennies de quasi monopole Français.

Que nous dit donc @FranceAgriMerFR dans ses tableaux pas très jolis mais très pratiques ?
A fin février :
- les stocks de blés étaient suffisants pour couvrir les besoins 🇫🇷 et d’exportation
- les stocks de blés d’orge/blé dur/maïs sont aussi suffisants

Aujourd’hui les besoins d’exportation à court terme ont brutalement augmentés pour substituer les bateaux Ukrainiens/ Russes qui ne partent plus .

Le maïs n’arrive plus à Rotterdam, le blé n’arrive plus en Méditerranée.
Les acheteurs essaient de couvrir leur besoin avec des marchandises locales, pour autant que la logistique le permet

Alors oui, il y a peut être inévitablement un peu de spéculation, mais les gens qui font monter les prix aujourd’hui sont des industriels , des utilisateurs , des gens qui ont besoin de céréales pour faire tourner leurs usines

Les exportateurs tirent aussi le marché à la hausse: ils ne peuvent prendre livraison de ce qui a été acheté en Ukraine ( pour le livrer sur le bassin Méditerranéen par exemple) , ils essaient donc de monter des bateaux à partir de l’Europe , voir plus loin

Donc pour revenir à la situation 🇫🇷: on ne pourra pas remplacer les tonnages qui font défaut aujourd’hui en mer noire .

Quand on aura fini de vendre le disponible , on arrêtera de vendre, tout simplement .

Mais sur le total de blé produit en France , on utilise en gros (C’est dans les grandes lignes, on se calme les puristes) :
- 25% exporté en Europe
- 25% exporté hors d’Europe
- 20 % en alimentation animale
-10 a 15% en alimentation humaine ( pour votre pain)

- le reste entre industrie, amidonnerie , glutennerie, semence , etc

Donc non, on ne manquera pas de blé en 🇫🇷 pour manger .

Par contre, je ne voudrais pas être a la place des pays du Maghreb ou même d’Asie qui dépendent totalement des importations pour leur survie .

Petit ajout : il n’y a pas « d’autorité supérieure » qui décide qui vend quoi et à qui.
Ce sont des producteurs, coopératives, des négociants , en bref des entreprises privées qui décident à un instant T de vendre de la marchandise à un acheteur , à un prix négocié entre eux

Le marché est libre, et c’est la somme de ces décisions individuelles qui constitue la taille du stock de fin de campagne .