Thread by @GrainHedger

Petit #Thread sur l’agriculture Italienne 🇮🇹 et les (grosses) différences avec nous

Andiamo !

Pour commencer, un peu de géographie, parce que ça conditionne tout le reste : l’Italie est un pays très montagneux, avec peu de plaines cultivables , et la plaine du Pô au nord accueille aussi des métropoles et des industries en tout genre.

La place est donc rare et chère : sa surface cultivables est de 6.6 millions d’hectares, soit 3 fois moins que la France…

Et encore, seulement 1/3 de cette surface se trouve en plaine

En conséquence, l’Italie ne couvre pas ses besoins alimentaires avec sa production : elle doit importer des millions de tonnes de blé tendre et aussi du blé dur, pour les pâtes.

Oui, une partie des fameuses pâtes Italiennes est faite avec du blé pas Italien, vergogna mais comment faire autrement ??

Les fermes Italiennes sont aussi plus petites que les fermes Françaises : 12ha en moyenne contre 63 hectares pour la France.

En revanche, elle compte parmi les leader Européens de l’agriculture biologique (14% de la SAU en 2016), mais aussi leader en terme de production sous label de qualité.

Là où ils ont très bien joué, c’est que si l’Italie est déficitaire en produits agricoles de base, elle est excédentaire (en valeur) en produits transformés : elle est à la première place en Europe en terme de création de valeur ajoutée.

On passe sur les différences classiques entre le nord (intensif) et le sud (extensif) puisque littéralement toutes les cartes de l’Italie peuvent se partager entre le Nord et le Sud.

Leur force réside dans la valorisation folle de quelques produits phares type parmesan ,pâtes ou charcuterie, mais aussi dans l’importance capitale de la gastronomie dans la culture Italienne !!

Petit interlude : la gastronomie Italienne ne se résume pas aux pâtes ou a la pizza , et ils n’ont rien a nous envier côté bouffe, vraiment.

Et je ne vous ai pas parlé de la #truffe blanche d’Alba, parce que c’est trop cher.

Autre interlude : certains prêts bancaires sont garantis avec… Des meules de Parmesan !

Ils sont parvenus également à intensifier leurs unités agricoles bien plus vite que chez nous : la méthanisation s’est développée très tôt (et parfois en excès), mais ce qui est notable , ce sont les ateliers d’engraissement :

1000 , 2000, 4000 jeunes bovins dans une seule ferme, importés majoritairement de France, de toutes les races, sont engraissés, abattus découpés et parfois même re-exportés en France.

Ces fermes ont (pratiquement) toutes une unité de méthanisation accolée, qui utilise les effluents + des cultures dédiées. Bon, ça patine un peu depuis quelques temps quand même, ce n’est pas une ligne droite non plus.

Ca semble bizarre d’exporter des bovins vivants et de les faire revenir en barquette, mais essayez de faire une ferme de 1000 vaches en France comme ils font chez eux ?

En matière de céréales, l’Italie est un client historique de la France : on exporte par camion, par train, mais aussi par bateau au départ de la façade atlantique ou méditerranéenne . Le développement de l’agriculture en Europe de l’Est nous concurrence cependant de plus en plus.

La meunerie Italienne, après une longue période de restructuration , adopte petit à petit pour son marché intérieur une stratégie de filières : quitte à ne produire que pour une partie de sa population, autant produire pour celle qui a le plus de moyens.

C’est ainsi que Barilla (connu en France pour ses pâtes, mais connu aussi en Italie pour sa marque de pâtisseries/viennoiserie/biscuits « mulino bianco ») a mis au point un cahier des charges précis pour la culture du blé tendre :

... des rotations de 5 ans obligatoire, des légumineuses, des jachères fleuries ; et le tout adoubé par le @WWFitalia
Ses concurrents prennent le même chemin, même si pour l’instant la part des filières reste minoritaire.

Pendant très longtemps (et c’est encore très vrai) , la qualité principale qui était recherchée était… le prix , le prix, le prix 🤌🤌🤌

Le but : privilégier l’origine nationale du blé, et, quand ce n’est pas possible, importer du blé produit selon le même cahier des charges (avec valorisation supplémentaire pour le producteur).

Les Italiens se sont en effet rendus compte qu’ils importaient du blé, pendant que leurs producteurs... Ne parvenaient pas à vendre correctement le leur.

Pour nous c’est plutôt bien : les cahiers des charges, les contraintes, la traçabilité… On sait très bien faire en France !!

L’Italie est également le siège d’une entreprise à la renommée mondiale : #Ferrero. Oui, le Nutella est une invention Italienne, et les noisettes du Piémont ont trouvé là une valorisation TRES intéressante, et c’est peu dire .
D’ailleurs la production Piémontaise ne suffit plus!

Côté vins, si en France on ne les connaît que très peu, les vins du Piémont sont très prisés par la clientèle Américaine notamment, et le Barolo, le Barbera , le Nebbiolo font la fortune de leurs producteurs . Et je n’exagère pas.

Pour résumer, quelques points importants :

l’Italie est donc déficitaire en matières première. Quand on est soi-même producteur, dans un pays déficitaire, on a un peu plus les mains libres pour négocier ses prix de vente.

Le corolaire c’est que si le segment « haut de gamme » est bien fourni par les producteurs nationaux (comme en France d’ailleurs) en revanche, les autres segments (entrée de gamme/ milieu de gamme) sont plutôt fournis par l’importation...

.... Ce qui est pour le moment moins vrai en France (sauf pour certains produits type poulet)

L’agriculture Italienne dépend des importations pour tourner, mais elle a réussi à capter la valeur ajoutée de ce qu’elle ne produit pas sur place, tout en possédant aussi quelques pépites de l’agroalimentaire qui sont devenus des marques mondiales.

(N’hésitez pas à compléter /amender ce thread)

Et comme dit l’adage, pour un week end ou pour des vacances, « l’Italie est toujours une bonne idée » !!!