Thread by @OpexNews

⚖️ Enquête passionnante de @marieboeton et Marianne Meunier.

"On fait du renseignement, pas de la divination !"

Terroristes en France, un défi pour la justice, la police… et toute la société.
la-croix.com/France/Terrori…

Le grand défi des autorités aujourd’hui : ce ne sont plus les revenants de Syrie, mais les sortants de prison.

Ils sont encore 415 derrière les barreaux (condamnés
ou en détention préventive). #terrorisme

Deux profils préoccupent tout particulièrement : ceux qui n’ont pas bougé d’un iota idéologiquement et ceux qui pratiquent la "#taqiya" (technique de dissimulation pour déjouer la vigilance des autorités).

Pour prévenir un passage à l’acte, l’État a imaginé une machinerie élaborée, dont les rouages se réunissent tous les mois au min. de l’intérieur. Autour de la table, des émissaires du PNAT, de l'Uclat, des renseignements, des magistrats…

Chacun a sous les yeux un même fichier : la liste des sortants passés et à venir, un document "volumineux, avec des dizaines d’entrées", selon Nicolas Lerner (#DGSI). Face à chaque nom figure celui d’une division du renseignement. C’est elle qui en aura la responsabilité.

"Le but, c’est de s’assurer qu’aucun individu ne reste, à sa sortie, sans suivi associé par un service de renseignement."

Le nom de chaque détenu s’accompagne également d’un niveau de surveillance : prioritaire, régulier ou ponctuel. Une grille réévaluée tous les 2 mois.

"On fait des sondes ponctuelles. On interroge les proches, l’employeur, on regarde si le sortant de prison se fait remarquer, et pour quel fait. En fait, on les scanne. On évite les sources uniques, on recoupe toujours nos infos" selon une source du renseignement.

Outre les renseignements, la #justice les suit donc aussi de près. Certains retrouvent la liberté munis d’un bracelet électronique (11 %), d’autres sont astreints à un suivi socio-judiciaire (30 %) ou à une mesure de sûreté
(47 %).

Et parfois, le contrôle ne s’arrête pas là. Certains, une cinquantaine actuellement, écopent en plus d’une "mesure administrative de surveillance".

Elle implique de multiples contraintes : pointage au commissariat, allées et venues limitées à un périmètre donné...

"Vu tout ce qu’on leur impose, on a vraiment le sentiment qu’on veut faire d’eux des débiteurs à vie. On les libère mais, dans les faits, on les entrave encore… Comment voulez-vous qu’ils se projettent dans l’avenir ?" selon l'avocat Laurent Pasquet-Marinacce.

"Le risque, si la peine devient perpétuelle, c’est que cela crée un ressentiment qui, un jour, pourrait se retourner contre nous."

"Gare au traitement qui, au final, renforce le mal qu’il entend combattre…" selon un autre avocat.

Depuis 2017, des centaines de professionnels de la pénitentiaire ont été formés. Recrutement d'une vingtaine de médiateurs du fait religieux.

Des effectifs auxquels s’ajoutent 340 agents du rens. intervenant exclusivement en prison : des informateurs déguisés en surveillants.

Leur mission: se faire une idée très précise du profil de chacun et de ses intentions. Comment ? En sondant d’éventuels suspects via une batterie de techniques : sonorisation des cellules, retourner des détenus pour obtenir des infos, intercepter une conversation entre portables.

"Les plus durs à jauger, ce ne sont ni les ”petits”, ceux poursuivis par exemple pour apologie de terrorisme, ni les gros profils, comme Salah #Abdeslam. Les plus délicats à bien scanner, c’est le milieu de spectre. C’est à-dire les plus nombreux…", lâche un juge antiterroriste.

Le RENS est éminemment un travail d’appréciation humaine, susceptible de mauvaises interprétations [...]. La science du profilage n’est pas certaine. Ce n’est pas une fiche sur laquelle on coche les cases 'prière régulière' ou 'barbe longue'" commente Nicolas Lerner (#DGSI).

La difficulté d’évaluer se double d’un manque de moyens. Non pas à la DGSI, qui [...] dispose de finances et de forces en conséquence (effectifs sont passés de 3200 à 4900 personnes en 8 ans).
Mais le rens. territorial, en charge des "bas de spectre" est, lui, moins bien loti.

"On est quand même plus proche de l’ordi qui ne marche pas et de la voiture en panne que de Big Brother, cingle un agent.

Ils ont les moyens là-bas, à la #DGSI, et un personnel vraiment spécialisé. C’est une surveillance de luxe."

Un fil qui pourrait intéresser @SimNasr, notamment l'évocation de la taqiya.