Thread by @CerveauxNon

🇦🇲 Haut-Karabakh : l’impunité de l'Azerbaïdjan et le silence des grandes puissances

Après un cessez-le-feu fragile, la crainte d’une surenchère et d’une intervention de l’Azerbaïdjan sur le sol arménien. #azerbaijanwarcrimes #azerbaijan

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Le Haut-Karabakh est une région située dans le Caucase à la frontière entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie.

Cette enclave reconnue par la communauté internationale comme appartenant au pouvoir azéri était majoritairement peuplée par une population de culture et de langue arménienne qui occupait la région jusqu’à la guerre de 2020.

Sa population était estimée à 150 000 habitants dont 95% se disaient arméniens.
Cette région a déjà connu deux guerres de moyenne à haute-intensité. D’abord entre 1988 et 1994, premier conflit à l’issue duquel on dénombra plus de 30 000 morts.

Ce à quoi s’ajouta le déplacement forcé de plusieurs centaines de milliers de personnes, qu’elles soient arméniennes, azerbaïdjanaises ou kurdes. Dès 1988, l’Arménie réclame la souveraineté de ce territoire auprès de l’URSS.

Trois ans plus tard, en 1991, à la suite de l’effondrement du bloc soviétique, les habitants du Haut-Karabakh proclament leur indépendance. Naît alors la République d'Artsakh.

L’Azerbaïdjan déploie rapidement des troupes afin de rétablir son contrôle sur la région, ce qui se solde par un enlisement du conflit et par un drame humanitaire.
Un cessez-le-feu assez fragile est décrété en 1994.

Cela n’empêche pas les affrontements armés de demeurer fréquents, de même que pour les exactions à l'encontre des populations civiles. En 2016, la guerre des quatre jours fait ainsi plusieurs centaines de victimes, dont des dizaines de civils.

En 2020, l’offensive de l’armée azerbaïdjanaise met fin au gel du conflit. La Turquie, son alliée, se préparait à soutenir cette intervention depuis plusieurs mois, en effectuant des manœuvres militaires et en fournissant armes et miliciens au pouvoir azerbaïdjanais.

Pourquoi un tel silence de la communauté internationale ?
L'Azerbaïdjan dispose d’importantes ressources énergétiques. Le pays dispose ainsi du soutien tacite de nombreuses grandes puissances, l’Union Européenne et les Etats-Unis en tête.

Ce pays pèse suffisamment sur le plan diplomatique pour s’être vu octroyer l'accueil de l'Eurovision en 2016 et ce, en dépit du fait que le pays soit classé 162/180ème en matière de liberté d’expression par Reporters sans frontières.

Euronews a également fait la publicité de l’Azerbaïdjan en incitant à aller y faire du tourisme, en dépit de la cruauté du régime d’Ilham Aliev. Outre le soutien tacite des puissances occidentales, Bakou bénéficie d’un soutien sans faille de la part de la Turquie.

Erdogan et le pouvoir turc n’ont pas hésité à acheminer vers l’Azerbaïdjan des combattants venus de Syrie et de Libye, y compris salafistes-takfiristes.

Rappelons que le président turc refuse toujours de reconnaître l’existence du génocide arménien, au cours duquel plus d’un million d’individus ont perdu la vie. Istanbul préfère jouer la carte de l’ultranationalisme et du panturquisme.

Les Azéris sont un peuple d’origine turcique. Notons qu’Israël entretient également une coopération économique et militaire importante avec le régime de Bakou, raison pour laquelle l’Arménie avait rappelé son ambassadeur en 2020.

Quant à l’Iran, le pays joue un rôle de médiateur plutôt ambigu, au même titre que la Russie. Les deux pays entretiennent tous les deux de relations diplomatiques cordiales avec l’Arménie comme avec l’Azerbaïdjan. Téhéran dispose d’une frontière avec les deux pays.

Il existe également une importante minorité azérie dans le Nord-Ouest du pays, sans oublier la présence de quelques dizaines de milliers de chrétiens arméniens dans les principaux centres urbains du pays. Moscou a un rôle clé.

La Russie s’est rapprochée du régime de Bakou, mais maintient également des relations stratégiques avec l’Arménie. Ce conflit lui garantit ainsi un rôle incontournable puisqu’elle se targue d’être le seul pays en mesure d’instaurer une paix partielle dans la région.

Elle est d’ailleurs parvenue à obtenir un cessez-le-feu mercredi dernier, tandis que les Etats-Unis condamnaient timidement l’offensive de Bakou par le biais de la présidente de la chambre des représentants, Nancy Pelosi.

Il y a néanmoins peu de chances de calmer les velléités de l'Azerbaïdjan tant que celles-ci seront soutenues par Istanbul.

Dans ces conditions, la population arménienne est une fois de plus condamnée à se défendre seule contre tous, devant le silence complice de la communauté internationale.