Thread by @CerveauxNon

🖍️A propos du film « Athena » de Romain Gavras : mise au point salutaire par Louisa Yousfi auteure du livre « rester barbare » 🖍️

On vous partage cette critique à propos du dernier clip, pardon « film » de Gavras.

#Thread

« Par curiosité, je visionne Athena sur Netflix, parce que ça parle de violences policières, d'émeutes de banlieue, que c'est présenté comme le film événement, parce qu'un média m'a ITW pour faire le lien entre mon livre et cette esthétique de la "violence épique" des émeutes -

à laquelle je réponds simplement, sans avoir vu l'oeuvre mais dont je comprends naïvement qu'il est question de parler d'un film qui rendrait beau le fait de se révolter par les moyens de la violence face à un système conçu pour broyer les êtres....

Bref, c'est la "barbarie", non ? Et là.... dès la 3eme minute, la 3eme je ne plaisante pas : une nausée qui me monte du fond des tripes. Devant l'inanité scénaristique, la puanteur politique, la réalisation mise au pas d'un fantasme raciste millénaire dont le cinéma français se

fait le relais depuis des décennies sans qu'on ne parvienne à répondre autre chose que le schéma opposé : les pauvres petits indigènes à sauver. Cette putain d'alternative qui nous coince toujours : des larves ou des monstres.

Je n'en veux pas au journaliste qui a fait le lien avec mon livre. Je le comprends comme je comprends le risque que j'ai pris en théorisant sur ce sujet aussi sensible car exposé aux vents contraires.

Oui, il y a de belles images d'émeutes, des images de clip à la Gavras, des images de feu qui galvanisent, ça donne presque envie d'y être, enfin non pas tout à fait quand même, pas tout à fait parce que ces encagoulés qui se révoltent

et brûlent tout n'existent pas, je ne parle pas du réel (ce n'est pas la question), je parle du film lui-même. Ces gens n'existent pas dans leur propre film, dans leur propre représentation,

et je n'ai même pas envie de gloser là-dessus tellement ça nous fatigue d'avoir à rappeler des trucs comme ça, tellement vous êtes nuls, tellement vous ne savez pas nous regarder, vous ne savez pas nous lire, vous ne savez rien, vous faîtes chier.

Je préfère encore vos films verbeux où il ne se passe rien.
Je préfère encore que vous ne nous calculiez pas. Je préfère encore être invisible, hors champ, "non-représentée".
Allez tracez, on n'a rien à se dire. »