Thread by @Normanknight27

#UkraineRussiaWar #AMX10RC

Conçu dans les années 70 pour succéder à l'EBR, lui même conçu en 1938 comme engin blindé de reconnaissance.
1ère mise en service au 2ème régiment de Hussards en 1981 pour l'expérimentation opérationnelle, notamment pour la formation des équipages ⤵️

2) L'expérimentation opérationnelle avait pour objectif de définir et de valider le concept d'emploi de l'engin au regard du contexte de la guerre froide et d'un engagement en Centre Europe. Ce concept d'emploi a fait l'objet de notices d'emploi suivant le type d'unités équipées.

3) Ces règlements d'emploi, rédigés par différents services des écoles d'application, des directions des études tactiques et de la prospective, ont été validés par le chef de l'état major de l'armée de Terre de l'époque, garant de l'emploi des forces terrestres auprès du CEMA.

4) Les régiments de Cavalerie légère blindée n'avaient strictement rien à voir en matière d'emploi et d'équipements avec les régiments de Chars de bataille. Leur emploi différait selon leur appartenance à un régiment de reconnaissance de corps d'armée, ou de div. légère blindée.

5) Par ailleurs, ces régiments de CLB étaient à structure mixte quaternaire, soit 3 escadrons blindés sur 12 #AMX10RC, et un escadron antichar (d'abord sur jeep Milan, puis sur VAB/HOT à partir de 1984). L'ajout d'un escadron antichar n'a pas été décidé par hasard...

6) La FCM (fiche de caractéristiques militaires) rédigée par l'état-major de l'armée de Terre exigeait un engin rapide, apte au franchissement amphibie sans préparation, au combat en milieu NRBC, et en mesure de s'opposer par des feux directs aux unités reco du Pacte de Varsovie.

7) Il en a résulté une suite de compromis par la Délégation générale pour l'armement (DGA) chargée quant à elle de traduire en spécifications techniques industrielles les caractéristiques militaires de la FCM (Laquelle FCM comprend 350 pages & annexes).

8) En outre, #AMX10RC devait pouvoir être facilement aérotransportable pour pouvoir être projeté hors Europe, et devait avoir une autonomie suffisante en carburant et munitions pour assurer des missions loin en avant des lignes.

9) En réponse à

@Normanknight27

Toutes ces contraintes qui déterminent simultanément la puissance de feu, la mobilité, les systèmes d'information et de communication et la protection active et passive ont poussé à des compromis qui s'opposaient entre eux.

10) L'engin devait ne pas dépasser la classe 17 OTAN afin de pouvoir franchir les ponts et ouvrages sans risque ni préparation génie préalable. Ce qui n'est pas le cas d'un char de combat de classe 60 ou 70. Ceux qui ont servi en Allemagne le savent.

11) Au résultat, l' #AMX devait être conçu sur une caisse et une tourelle en alliage d'aluminium, avec un groupe moto propulseur diesel de 260 cv turbocompressé Hispano Suiza. Son canon de 105 a dû faire l'objet d'études particulières pour être allégé sur une tourelle de 3,5T.

12) Le canon est donc de calibre 105mm semi automatique à coin de culasse vertical, frein de bouche monoétage pour pouvoir tirer l'obus flèche. Il est couplé à un frein de tir hydraulique et à un récupérateur hydropneumatique. Le poids total de la masse d'artillerie est de 738 kg

13) Le poids du tube d'artillerie seul est de 365 kg, ce qui est très peu pour un canon de ce calibre. Sa longueur est de 47 calibres, soit 5 m. dont 4,45 m pour l'âme rayée. Sa hausse de combat est de 1200m et la distance pratique dd tir est de 2200m pour l'obus flèche...

14) De 2000m pour l'obus empenné à charge creuse (une charge creuse qui tourne durant sa trajectoire peut perdre 70% de son efficacité à l'impact, d'où l'empennage sur l'obus) et de 1600m pour l'obus explosif.

15) Outre le fait qu'il faut appliquer un coefficient de pondération pour chaque type de munition utilisée, car ceci affecte l'usure du canon, en fonction des munitions et d'autres paramètres de tir. Un canon qui chauffe est un canon soumis à une arcure (fléchissement du métal).

16) Pour information, le canon de 105 de l'AMX30B2 était prévu pour une durée de vie en sortie de fonderie à 800 coups (coeff. 1 de pondération). Or, ces tubes, régulièrement inspectés par les officiers surveillants "bouches à feu" (dont j'ai fait partie entre 1988 et 2006)...

17) à l'aide d'une étoile mobile et d'un endoscope, étaient régulièrement "poussé" jusqu'à 1200 coups, voire plus. À Canjuers, les chars destinés aux campagnes de tir de contrôle des équipages arrivaient facilement à 1600 coups. Le plus haut potentiel que j'ai vu avait 2000 coups

18) Donc, pas plus que l'on utilise un foret à bois pour percer du béton, pas plus que l'on utilise une Clio pour remorquer une caravane, pas plus que l'on soigne une carie avec un vaccin, il n'est pertinent de prêter à #AMX10RC des défauts ou des qualités exagérés.

19) Tout chef d'engin, de peloton ou d'escadron blindé aguerri & formé sur #AMX10RC connaissait les aptitudes et les limites d'emploi techniques et tactiques de ses engins. Il appartiendra à mes camarades ukrainiens de se familiariser avec ce 🐎. Les connaissant, nulle inquiétude

20) Enfin, à titre de comparaison, la durée de vie d'un canon lisse de 125mm modèle 2A46 du char T-72 russe a 1 durée réelle de vie de 200 à 500 coups max, bien en deçà de ce que son constructeur annonce.
Les 🇷🇺 n'ont jamais vraiment maîtrisé les alliages d'acier chrome molybdène

21) Les Soviétiques ont été très forts pour développer des obus et des missiles. Ils ont été pionniers dans les missiles tirés à partir d'un canon, de même que pour les processus de guidage par illumination laser. En revanche, pour la fonderie des canons, ils sont assez mauvais.

22) Depuis la veille de la 2nde guerre mondiale ils ont toujours privilégié la quantité à la qualité, pour tenir compte d'une main-d'oeuvre abondante mais sous qualifiée. Ils ne maîtrisaient pas la forge des canons par martelage à froid, développé notamment en France.

23) Outre que la maîtrise de fonderie des aciers spéciaux exige non seulement des savoir-faire et de l'expérience, mais aussi des ateliers équipés et des systèmes d'ingénierie sophistiqués. Chose que les Allemands savaient faire avant la 2nde guerre mondiale.

24) La fonderie d'aciers spéciaux en alliage de carbure de tungstène pour les munitions, et de chrome molybdène pour les canons coûte cher, et nécessite des technologies qui ne sont pas à la portée de toutes les usines. De même qu'on a longtemps exagéré la qualité du matériel 🇷🇺

25) Les coûts de production ne sont pas les mêmes non plus, et le prix d'un canon de 125mm de T-72 n'a absolument rien à voir avec son homologue allemand de 120mm du Leopard ou du Leclerc français. Le T-72 n'engage guère plus loin qu'un AMX10RC et sa précision est médiocre en H+L

26) Le système de stabilisation du canon des chars soviétiques, parce que conçus plus tôt que leurs homologues américains, français et allemands, sont aussi moins sophistiqués. Les évolutions technologiques ont patiné au moment de la chute de l'URSS. Bcp de cerveaux ont quitté 🇷🇺

27) Par exemple, je n'ai jamais vu dans l'armée russe les équipages de chars apprendre à "simbleauter" leur canon et les organes de visée de la tourelle. J'en ai déduit en Russie que les réglages étaient faits en usine, et jamais contrôlés par la suite comme en Occident. 🤔

28) De même que je n'ai jamais vu les équipages de chars russes, ou les artilleurs, prendre soin de leur canon en le nettoyant après les tirs de façon nickel Chrome comme on le fait dans les armées françaises. Le graissage n'est pas systématique (idem en Ukraine !)

29) Dans les armées des ex républiques soviétiques, l'entretien ne constituait pas un acte de combat et ne faisait pas partie de la formation des utilisateurs. On préférait faire de l'endoctrinement politique. Le Russe n'est pas quelqu'un de méticuleux.

30) Ce qui expliquait le taux anormalement élevé de matériels défectueux, en panne ou cannibalisés lors des grandes manœuvres soviétiques, & qui se retrouve en Tchétchénie & aujourd'hui dans le conflit Ukrainien.
L'histoire des sous-marins ☢ soviétiques est emblématique !

31) En 35 ans de carrière dans l'ABC, à la DGA et à la STAT, je n'ai vu qu'une seule fois un canon de char vrillé.
En revanche, en Russie et en Ukraine, des canons de T-72 déchiquetés par explosion interne, rupture de métal, fissuration, choc thermique, érosion accélérée, oui↗️

32) Ils ne sont donc pas forcément plus doués pour fondre des canons que pour faire du vin.
Chacun son métier. Mais mon mécanicien à Tchernihiv a été capable de me reconstruire entièrement la pompe hydraulique de direction assistée de mon Land Cruiser.
Impensable en France! 😲

33) Voici le canon 2A46M de 125mm du char T-72, avec ses munitions. Très rudimentaire, par rapport à celui du Leopard et du Leclerc !
Par ailleurs, sa masse oscillante pèse 2400 kg, contre près de 6000 kg pour le Leclerc. Donc, forcément...

Pour lire dans l'ordre : threadreaderapp.com/thread/1611835…

Merci @terryzim