Thread by @FlorenceDell

Certaines personnes ici disent qu'on "hiérarchise les vies" quand on s'indigne de la mort du chat tué par le train #SNCF, parce que "ça fait un tollé médiatique alors qu'on ne parle pas assez de [insérez ici une situation vécue par une population humaine opprimée]."

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📌Tout d'abord, pour les personnes qui n'auraient pas le contexte, voici un article qui explique ce qui s'est passé : 20minutes.fr/paris/4019861-…

Je comprends la colère entraînée par la négation des intérêts de certains groupes humains, la discrimination, la frustration liée aux choix de médiatisation, la fragilité des droits obtenus, leur insuffisance, la lutte permanente pour se faire entendre, etc.

Étant victime de sexisme, j'aimerais bien qu'on parle davantage des problèmes de prise en charge judiciaire des violences sexistes & sexuelles ou qu'une fois au moins, la question du viol conjugal fasse la Une, par exemple.

Mais je considère qu'il n'est pas pertinent, pour parvenir à mettre en lumière ces questions, de critiquer la mise en lumière de problèmes touchant d'autres populations opprimées.

Je pense même que c'est une attitude nuisible à la fois pour la population qu'on pense défendre, et pour celle qu'on vise à travers ces critiques.

Je comprends la colère, donc, mais il est clair que, quoi que nous vivions en tant que groupe infériorisé, ce qui est arrivé à ce chat n'aurait JAMAIS pu nous arriver en tant qu'humain (et heureusement).

Quelles que soient les circonstances qui auraient pu amener à ce qu'un humain se soit retrouvé sur les voies, JAMAIS les agents #SNCF n'auraient décidé de démarrer le train, de prendre le risque d'écraser la personne puis l'auraient tuée en parlant de "regrettable incident".

Même si cette personne avait fait partie d'un groupe humain opprimé.

Si ça avait été le cas, le tollé médiatique aurait évidemment été bien plus puissant encore, une enquête aurait été ouverte, on parlerait de crime & les agents #SNCF impliqué·e·s seraient derrière les barreaux.

C'est-à-dire qu'à circonstances égales, les intérêts des autres animaux (même les plus fondamentaux – ici, leur intérêt à vivre et à ne pas souffrir) sont systématiquement dévalués ou foulés au pied par rapport aux intérêts humains.

#spécisme

C'est aussi pour cela qu'en France, dans une remarquable indifférence, on met à mort plusieurs millions de ces individus chaque jour dans les abattoirs pour manger leur corps, différence assez notable avec le traitement, même le plus indigne, de certaines populations humaines.

C'est aussi pour cela qu'en France, on force la reproduction de millions d'individus qu'on maintient en cage pour les relâcher ensuite dans la nature puis les traquer avec un fusil et appeler ça un "loisir".

Par exemple.

leparisien.fr/yvelines-78/a-…

Même les individus les plus "chanceux", c'est-à-dire ceux qui vivent à nos côté et qui sont souvent considérés comme des membres de la famille, demeurent des individus dont on peut faire commerce, dont on peut être propriétaire.

(Pour aller + loin : ledrenche.ouest-france.fr/faut-il-arrete…)

Je propose donc qu'on évite, surtout quand a à cœur de défendre des idées progressistes, d'entériner et de renforcer les hiérarchies arbitraires qu'on prétend dénoncer.

Et qu'on se penche sérieusement sur la question du #spécisme, point aveugle criant, encore et toujours.

lamorce.co/pourquoi-les-a…

Lire @DalilaAwada/@RevueBallast : "Une des approches qui peut être adoptée est la non-agression : on peut ne pas adhérer ou ne pas vouloir y consacrer du temps, sans pour autant miner les efforts de celles & ceux qui travaillent dans d’autres mouvements."
revue-ballast.fr/dalila-awada-s…

Par ailleurs, quand on estime que médiatiser la mort de ce chat est indigne au regard des souffrances humaines, on passe à côté des mécanismes d'#animalisation qui concernent aussi les populations humaines.

Lire @KaoutarHarchi dans @Politis_fr, par ex. :
politis.fr/articles/2023/…

En bref : taper sur un groupe opprimé pour tenter d'en mettre un autre en lumière ne profite pas à qui vous pensez.

Dénigrer la vie de ce chat ou dénoncer la médiatisation de sa mort n'améliorera pas votre condition.

P.S. : il me semble difficile d'exclure que ce drame soit aussi largement instrumentalisé pour discréditer la SNCF dans un moment de contestation sociale particulièrement actif, renforçant aussi son audience ; je pense qu'il serait judicieux de le prendre en compte.