#UkraineRussiaWar#Ukraine
L'actualité feint de s'étonner de la faible réactivité de la production industrielle de munitions dans les pays de l'OTAN, notamment en Europe. Cette amnésie fréquente mérite d'être combattue. La question a pataugé depuis la fin de la guerre froide. ⤵️
2) Les munitions, notamment celles pour l'artillerie, sont classées en différentes catégories. Elles obéissent à la législation très contraignante sur les matières dangereuses, et sont généralement en classe 1 (matières explosives). Leur fabrication est donc très encadrée.
3) En France, cela fut en gde partie un privilège de l'industrie d'armement de l'État, depuis la fin de la 1ère guerre 🌍, & ce sont les arsenaux du groupement industriel des armements terrestres qui avaient la responsabilité de cette production sur différents sites nationaux.
4) Dès 1991, les établissements d'armement de l'État ont fait l'objet d'une rationalisation indispensable pour créer GIAT Industries, afin de réduire les doublons et centraliser la production. Cela ne s'est pas fait sans douleur, des établissements ont dû disparaître.
5) En 1983, j'avais un camarade sergent appelé qui était contremaître à l'atelier de chargement de Salbris (ASS), dans le Loiret. Cet établissement fabriquait de nombreuses munitions explosives, notamment les obus d'artillerie de 155mm du GIAT. Il y avait 3 chaînes de 60 employés
6) Sur ces 3 chaînes de chargement pyrotechnique, 1 était dédiée aux armées françaises, et les deux autres fonctionnaient en 3X8 pour l'exportation : c'était majoritairement l'Irak qui était client durant le conflit contre l'Iran (1980-1988). La production était assurée.
7) Suite à la chute de l'URSS en 1991, la donne a changé pour toute l'industrie d'armement. Il a fallu fermer nombre d'arsenaux de GIAT. L'atelier de chargement de Salbris a fermé en 1998. 840 employés en 84, 200 en 98. Matra & Thomson furent concernés.
8) Saint Etienne, Roanne, Tarbes, Bourges, Saint Chamond, Tulle, Châtellerault, Issy les Moulineaux, Le Mans et bien d'autres arsenaux furent concernés. Le passage à une armée de métier en 96 a accentué la réduction des commandes de munitions.
9) Or, l'abandon d'une activité de fabrication pyrotechnique n'est pas quelque chose d'anodin, puisqu'il s'agit d'une cessation d'activité dans le domaine des matières explosives. Tout comme le régime d'un dépôt de munitions. Une cessation de régime ne peut-être annulée.
10) Lors du démantèlement d'un atelier de chargement pyrotechnique ou d'un dépôt de munitions, un processus de dépollution est obligatoire et se réalise sous le contrôle de la préfecture. Toute installation technique est donc détruite ou démontée. C'est donc irréversible.
11) Les terrains, qui appartiennent à l'Etat, sont généralement vendus par adjudication aux collectivités locales, avec promesse de créer une nouvelle activité. Le périmètre de sécurité qui existait auparavant devient donc caduc.
12) Les voies d'accès, le plus souvent ferroviaires ou routières, perdent leur agrément spécifique, puisqu'elles deviennent ouvertes à la circulation publique. Hors de question de laisser des PL chargés d'obus traverser des zones habitées!
Rayon dangereux d'1 obus 155mm : 1000m.
13) Enfin, pour fabriquer un obus, il y a la fonction fonderie et forge, puis il y a la fonction chargement, et conditionnement. Explosif brisant que l'on charge dans l'obus, mais aussi la poudre et les propulseurs qui constituent la seconde partie de l'obus. Comme sur la photo.
14) Ces poudres et propulseurs pyrotechniques ne sont pas fabriqués sur le même site, pour de nombreuses raisons, à commencer par celles liées à la sécurité là encore. La société nationale des poudres et explosifs était en charge de cela jusqu'au début des années 2000.
15) Suite à la catastrophe d'AZF en 2001 & à la réduction des commandes, la SNPE a perdu des branches d'activité & a été réduite pour être aujourd'hui 1 simple filiale de Nexter, (ex Giat indust).
Là encore, recréer une activité à partir de rien sera ardu. Quel maire en voudra?
16) Donc, qui dit création d'une industrie de munitions d'artillerie dit problématique sécuritaire de transport, de stockage et d'assemblage, sur un territoire européen où les contraintes d'activités humaines sont très élevées. Ce qui a été dissous est définitif.
17) L'Europe a réussi à se distinguer par l'extrême complexité de la législation qu'elle a su inventer depuis 50 ans. Donc, il ne serait pas pertinent de croire que la tendance puisse s'inverser en 6 mois.
Exemple du refus du transport routier des chars Leclerc en Allemagne !
18) Dans une vie antérieure, j'ai eu en charge durant 2 ans la cessation d'activité d'un dépôt de munitions sur un camp militaire de l'est de la France. Ce fut un véritable nœud gordien pour lequel aucune solution satisfaisante ne fût trouvée. Uniquement à cause de la législation
19) Autre détail : le transport de munitions (donc, de matières explosives) par voie ferrée, voie routière, voie aérienne ou voie maritime obéit à des règles très strictes en 🇪🇺. Cette législation très contraignante n'est pas forcément identique dans d'autres pays, dont la Russie
20) Un point positif : les munitions d'artillerie de 155 mm sont standardisées dans tous les pays de l' #OTAN. C'est le STANAG 4425 (Standardization agreement) qui fixe les définitions techniques afin d'assurer l'interopérabilité complète des munitions par rapport aux vecteurs.
21) Mais la conception des obus d'artillerie a connu d'importantes évolutions depuis 40 ans, avec les munitions dites "intelligentes". Cela a nettement augmenté les coûts unitaires, et rendu beaucoup plus complexes les procédés de fabrication, comme le M982 Excalibur.
22) L'artillerie classique sur canons a doublé sa portée depuis 3 décennies. De 20 à 40 km de portée maxi, selon les pièces. En outre, la précision s'est très nettement accrue avec les logiciels de tir et l'intégration des paramètres aérologiques. Ces améliorations ont un coût.
23) Parallèlement, il a été exigé de réaliser des canons automoteurs plus légers, sur roues plutôt que sur chenilles, pour une mobilité accrue de mise en batterie, une meilleure furtivité, et la possibilité de transport par avion / hélicoptère : Contraintes supplémentaires.
24) Exemple récent : l'Allemagne a décidé de reprendre la fabrication des obus de 35mm du blindé antiaérien Gepard, qui était en partie assurée par la Suisse. Or, ce pays refuse d'exporter ces munitions vers un pays en guerre (en l'occurrence l'Ukraine!).
26) Pour extrapoler, la problématique sur les munitions de petits calibres existe également depuis 20 ans en #France. Tout s'achète à l'étranger, avec les problèmes stratégiques et techniques que cela pose vis à vis de pays tiers qui ne sont pas toujours nos amis.
27) Le débat sur la réouverture d'une filière française de munitions petits calibres a repris depuis 2012, mais rien n'est simple : au-delà de l'outil industriel, il faut des débouchés. La guerre en Ukraine semble remettre certaines cartes sur la table.
28) Sans vouloir rouvrir une quelconque polémique, l'Europe peine à s'engager dans une logique industrielle de guerre, sauf à être cornaquée par les USA.
Le conflit en #Ukraine est un bain révélateur de toutes les carences accumulées depuis la chute du mur de Berlin.
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#UkraineRussiaWar#Ukraine
Le général Oleksandr Pavliuk a été nommé premier vice-ministre de la Défense 🇺🇦 aujourd'hui.
Toujours lors de la réunion du 14 février, le Cabinet des ministres de l'Ukraine a adopté une ordonnance de nominations : ⤵️
Concernant les départs :
- Ivan Rusnak, du poste de premier vice-ministre de la Défense.
- Oleg Gaiduk du poste de sous-ministre de la Défense.
- Alexandra Kotia du poste de sous-ministre des industries stratégiques.
Concernant les nouvelles nominations :
- Bogdan Drapyaty en tant que sous-ministre des Affaires intérieures.
- Ekaterina Pavlichenko en tant que sous-ministre des Affaires intérieures.
- Aleksey Sergeev en tant que sous-ministre des Affaires intérieures.
#UkraineRussiaWar#Russia
Le T-90, premier char réalisé en Russie après la chute de l'URSS, était censé être la fierté des unités blindées post-soviétiques.
Jusqu'à présent, c'est une large déception, amplement confirmée depuis son 1er engagement à #Kharkiv en mai dernier. ⤵️
2) Lorsque la 🇷🇺 a lancé son opération spéciale en Ukraine le 24 février 2022, son offensive était menée par des chars tirés de ses parcs de T-72 et de T-80 construits par l'URSS pendant la guerre froide. Le T-90, char plus récent, a été ensuite vu 🇷🇺 dans l'oblast de Kharkiv.
3) En 1991, l'armée soviétique disposait de 3 principaux chars de combat, d'apparence et de conception globale similaires, mais différents par leur niveau d'avancement technique. Le plus simple et le moins cher était le T-72, dont 22096 exemplaires ont été construits...
#UkraineRussiaWar#Ukraine
Statistiques simples. Lancements de missiles russes par date à partir d'octobre:
10-11 octobre : 111 missiles
17-22 octobre : 49 missiles
31 octobre : 50 missiles
15-17 novembre : 120 missiles
23 novembre : 70 missiles (panne électricité générale)⤵️
5 décembre : 70 missiles
16 décembre : 76 missiles
29-31 décembre : 89 missiles
14 janvier : 38 fusées
26 janvier : 55 missiles.
Par mois :
Octobre : 210
Novembre : 190
Décembre : 235
Janvier : 90.
Soit un total de 728 missiles.
La panne électrique générale s'est produite une seule fois, le 23 novembre. Depuis lors, la "2ème armée du monde" russe n'a jamais réussi à "couper" l'énergie ukrainienne, bien qu'en décembre l'intensité des bombardements n'ait pas diminué.
#UkraineRussiaWar#Ukraine#Russia#USSR
Dans l'armée soviétique, la peinture cachait la rouille et la misère. Cet héritage est resté. On n'efface pas les atavismes du jour au lendemain. ⤵️
Août 1999, je rentre de 6 mois d'OPEX dans le Caucase, au quotidien avec l'armée russe : le GFRT (Groupement des forces armées russes de Transcaucasie).
À Versailles, 1ère question de mon général :
"Comment est-ce, là bas?"
Ma réponse :
"C'est une autre planète, mon général!"
À Anaklia, sur les bords de la Mer noire en Géorgie, la femme du capitaine russe qui commandait la compagnie de fusiliers motorisés originaire d'Orenburg (Oural) se prostituait, car les revenus de son mari ne leur permettait pas de survivre. Les locaux étaient au courant. Normal.
Conçu dans les années 70 pour succéder à l'EBR, lui même conçu en 1938 comme engin blindé de reconnaissance.
1ère mise en service au 2ème régiment de Hussards en 1981 pour l'expérimentation opérationnelle, notamment pour la formation des équipages ⤵️
2) L'expérimentation opérationnelle avait pour objectif de définir et de valider le concept d'emploi de l'engin au regard du contexte de la guerre froide et d'un engagement en Centre Europe. Ce concept d'emploi a fait l'objet de notices d'emploi suivant le type d'unités équipées.
3) Ces règlements d'emploi, rédigés par différents services des écoles d'application, des directions des études tactiques et de la prospective, ont été validés par le chef de l'état major de l'armée de Terre de l'époque, garant de l'emploi des forces terrestres auprès du CEMA.
#UkraineRussiaWar 1) Après avoir lu ces derniers jours toutes les stupidités imaginables sur les incompréhensions de ce qui constitue un char de combat (MBT en dénomination OTAN) à contrario d'un engin blindé de reconnaissance (Light armored wheeled combat vehicle), on imagine⤵️
2) les mêmes stratèges en carton de salons parisiens faire l'amalgame entre un sous-marin nucléaire d'attaque (SNA) et un sous-marin nucléaire lanceur d'engins (SNLE, participant à la dissuasion nucléaire).
3) Ou ne pas dissocier en appuis feux le mortier de 120 qui tire entre 6 et 15 km, de l'automoteur d'artillerie de 155 qui tire une munition plus puissante et plus précise entre 15 et 40 km avec un système très performant d'acquisition, identification et désignation des cibles.