[thread #vajont] Qui dans mes lecteurs a t-il déjà entendu parler du Vajont ? Personne ? Pourtant il s’agit sans doute de la plus grave catastrophe civile en Europe après Tchernobyl. ⤵️ épisode 1 ⤵️
Imaginez… Une vallée profonde et tranquille des Dolomites à une centaine de kilomètres de la Sérénissime. Des bêtes paissent à l’ombre des sapins. Les paysans les surveillent du coin de l’oeil. En face d’eux, sur l’autre versant, les paisibles village d’Erto et de Casso.
Au loin, en contrebas d’une gorge, on aperçoit la silhouette de la petite ville de Longarone. Nous sommes dans le Frioul. Eux, en bas sont en Vénétie. En Vénétie, on a pas oublié que ces montagnards, à la réputation de paysans ignorants et bornés sont les descendants des Cimbri.
Les Cimbri ? Un peuple barbare a fuit face à l’armée romaine et se réfugia dans les montagnes. Là-haut, on a pas oublié qu’il a fallu que la guerre passe chez eux pour qu’on se décide à construire une route de desserte des villages. Des siècles de querelles de clocher...
Nous sommes à la fin des années 20. La vie paysanne de ces braves montagnards s’étire jour après jour au rythme des saisons. Il ne le savent pas encore, mais c’est maintenant que va débuter le processus qui va conduire, 30 ans plus tard, à 4 minutes d'apocalypse.
Remontons encore un peu dans le temps. Giuseppe Volpi est l’homme fort de la Vénétie industrielle et capitaliste naissante en cette aube du 20ème siècle. C’est lui qui est à l’origine du port de Marghera, ce complexe pétro-chimique que l’on aperçoit depuis les Zattere à Venise.
Il réalisa d’important travaux durant la campagne d’Afrique et fut anobli par le Roi d’Italie. Comte de Misurata. Voilà qui en impose encore un peu plus pour cet homme puissant, qui fonda la Mostra de Venise et la compagnie italienne des hôtels de luxe.
Opportuniste, Volpi adhère au parti fasciste en 1922. Il devient ministre des finances en…1923. Une progression politique rapide pour un homme à qui on ne peut pas refuser grand chose, tant son empire industriel est puissant.
Une des clés de l’industrie, c’est l’énergie. Il faut bien de la puissance pour faire tourner les usines de la Lagune ! Volpi crée une société, la SADE, Società Adriatica D’Eletricità, une société privée qui va fournir les kw/h nécessaires à l’industrie, puis aux particuliers.
Pas de pétrole, pas de gaz, pas de nucléaire : on prend à l’époque l’énergie là où elle est le plus facile à transformer : dans les rivières ! La Sade, à partir de 1905, développe tout un réseau d’ouvrages hydroélectriques.
Retenues, barrages, transformateurs et câbles à haute tension se déploient peu à peu, remontant depuis la lagune jusqu’au montagnes plus au nord. Ce n’est pas rentable tout de suite ?
Volpi fait adopter une loi sur-mesure qui organise le financement de ses investissements dans l’hydro-électricité par l’Etat. Et la demande en électricité continue d’augmenter. Des agents de la Sade montent toujours plus haut et plus loin pour étudier de nouvelles implantations.
C’est d’autant plus important que la politique mussoliniène d’expansion et de colonisation a entrainé des mesures de rétorsions qui empêchent l’Italie d’importer du charbon ou du pétrole. Il faut apprendre à gérer l’autarcie et alimenter les industries belliqueuses !
Nous sommes en 1929. Deux de ces agents, Carlo Semenza, ingénieur et Giorgio Dal Piaz, géologue parcourent les routes et empruntent cette ancienne route militaire, la seule voie qui relie nos montagnards au reste du pays. Ils s’arrêtent. Font des mesures. Prélèvent des roches.
Ils prenent des notes. Ils échangent un regard puis sourient avant d’aller boire un verre dans une des petites osteria d’Erto. Ce qu’ils voient correspond parfaitement à ce qu’ils avaient espéré en travaillant sur des cartes de la région.
Il faut comprendre ce que cherchaient les responsables de la Sade. Les retenues d’eau et les centrales hydroélectriques tout le long des rivières de la Vénétie ne remplissaient pas parfaitement leur but.
Les sept sites de la SADE qui remontent le long du fleuve, le Piave arrivent tant bien que mal à produire 1/15 de l’électricité italienne. Mais, avec des rivières sèches en été...
Ce n'est pas mieux l'hiver : des eaux retenues par la glace et la neige dans les montagnes puis un débit ridicule pendant 4 mois. Pas de quoi assurer un approvisionnement stable et continu... Alors, puisqu’on ne peut pas stocker l’électricité, il n’y a qu’à stocker l’eau !
Et la Vallée du Vajont est un site rêvé pour stocker toute cette eau qui ira, quand on le voudra, faire tourner les turbines. Une vallée large, longue puis encaissée dans une gorge étroite. Le torrent Vajont (prononcer “vayon”) coule tranquillement vers Longarone et le Piave.
Ce sera donc dans cette vallée, au pied du Mont Toc. Vajont veut d’ailleurs dire en dialecte “qui descend”. On déploiera des conduites forcées d’eau sur 35km pour l’aider à remplir ce grand stock d’eau.
Voilà le projet de la Sade. Construire un réservoir artificiel de 58 millions de mètres cubes grâce à un barrage de 200m de haut qui fermera la vallée et doubler ses capacités de production.
58 millions de m3 ? C’est abstrait ? C’est vrai.
Un mètre cube d’eau, c’est une tonne, 1000 kilos.
58 millions de tonnes donc.
5 800 fois le poids de la tour Eiffel.
C'est colossal.
Les études se font, les dossiers sont réalisés. Le projet ficelé est envoyé à Rome en 1940. Rome en 1940 ? En pleine guerre mondiale, on vient d’annuler l’exposition universelle que préparait Mussolini depuis 10 ans et pour lequel un quartier entier, l’EUR, avait été construit.
Les priorités budgétaires sont militaires désormais. Pendant trois ans, le dossier fait du sur-place. D’autant que Volpi n’est plus ministre. Sentant le vent tourner, il devient anti-fasciste et se réfugie en Suisse. Mais il laisse certains de ses hommes dans la place..
Fin 1943, sans que le quorum légal soit réuni, le comité des travaux publics fini par approuver le projet. Volpi n'a pas le temps de se réjouir,il est capturé par des SS, malmené, mais l’intervention de la Croix Rouge lui permet d’en réchapper.
Quoi qu’il en soit, cette épisode d’arrestation leur donnera une forme de virginité politique après guerre. Il suffit d’attendre quelques années. Reconstruire l’Italie n’est pas possible sans électricité ! En 1948, la concession “Grand Vajont” est attribuée à la Sade.
Et signée, s'il vous plaît, par la main du président de la république, Luigi Eineudi. La scène qui suit est simple : les agents de la Sade arrivent à Erto et Casso pour se faire vendre les terrains qui vont être inondés.
Avec la signature du Président de la république, les mairies ne se font pas prier et obéissent avec zèle. Elles vendent même des terrains qui ne leur appartiennent pas, mais qui sont à leurs habitant.
Erto est vite ruiné puis renfloué par la Sade qui cherche à éviter un premier scandale devant le mécontentement des vrais propriétaires. Mais la Sade est presque un bras armé de l’Etat, et les petits propriétaires n’ont pas trop de moyens de lutter.
Il ne bénéficient pas du soutien médiatique qui, en France, avait accompagné les habitants de Tignes lorsqu’EDF noya leur vallée. Seule une journaliste de l’Unità, le journal du PC italien s’intéresse à eux. Elle s’appelle Tina Merlin. Mais l’Unità est à peine lue dans la vallée.
A part les quelques anciens résistants qui l’achètent par habitude, et le PC local, personne ne l’achète. Tout le monde a sous le bras le @Gazzettino , le principal journal de la région… qui appartient aux propriétaires de la SADE.
Et puis les armes juridiques s’abattent. Utilité publique, expropriations, indemnités faibles. Les carabiniers accompagnent les ouvriers de la Sade sur les expulsions. Et les paysans qui n’ont pas toujours fait les formalités au cadastre ou lors des successions sont à la peine.
Peu à peu un chantier gigantesque se déploie dans la vallée avec plus de 400 ouvriers dans une vallée de 2000 habitants. Le barrage commence à monter. Et le Comité de défense de la vallée proteste en vain.
On a beaucoup parlé ces derniers jours de la prestation de Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement sur #Twitch dans "#SansFiltre" C'est encore un exemple intéressant à regarder dans le détail sur la confusion des genres entre #compol et #compublique à l'œuvre en ce moment
Cette émission, qui a réuni des influenceurs a été tournée à l'Elysée. Réalisation soignée, au moins trois caméras dont une en travelling, régie vidéo et son en direct, décor lumineux, outils de streaming. Avec salaires, prestas, c'est probablement une opération à 5 chiffres.
Que le gouvernement choisisse de développer son audience et la visibilité de ses actions sur différents médias et réseaux, ça peut se discuter dans la forme, mais sur le fond, c'est une stratégie qui a beaucoup de sens, même si cela a un coût pour la collectivité.
Le chiffre italien réel est supérieur à 9% des 6,7M d'italiens de plus de 75 ans, puisque 627181 1ères doses ont été administrées à des patients de plus de 80 ans.
Le chiffre belge est supérieur à 28,7% : 243 053 belges de plus de 75 ans ont été vaccinés sur les 845 121 de cette catégorie d'âge que compte le royaume.
J'ai un doute sur un des chiffres diffusés par le gouvernement ce soir qui annonce 5%. Environ 6,7M d'Italiens ont plus de 75 ans. governo.it/it/cscovid19/r…
730000 injections ont eu lieu uniquement sur les plus de 80 ans. Plus de 200K injections ont eu lieu sur les 70-79.
Je ne trouve aucun moyen d'arriver aux 5% annoncés par le gouvernement. Il faudrait qu'AUCUN 75-79 ans ne fasse partie des des 70-79 vaccinés et que TOUS les +de 80 vaccinés aient eu deux doses, ce qui est peu probable. Et je n'arrive qu'à 5,5%.
Ces #mèmes autour des visuels de prévention sur le #covid19 par @EmmanuelMacron permettent d'évoquer des sujets très intéressants du point de vue de la #compol et de la #compublique, petit thread.
Le week-end dernier, le président de la République a posté ces visuels sur son compte Instagram personnel. Assez rapidement, ils ont fait l'objet de détournements plus ou moins drôles, critiques ou absurdes, un générateur a été créé par @MartyBestOf et chacun y va de son pastiche
C'est le principe déjà évoqué 1000 fois du #mème, terme de Richard Dawkins, mêlant mimesis (imitation, en grec ancien) et gène, appuyé sur la sonorité du mot français même. Un élément reconnaissable, que l'on reproduit et transmet, qui circule viralement. lesinrocks.com/2021/02/01/med…