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Priscillia Ludosky se demande pourquoi les médias, sachant pertinemment que les gilets jaunes n'ont pas de chef, présentent pourtant comme tels les figures qu'ils ont choisi de médiatiser. 22 ans avant qu'elle ne pose cette question, l'anarchiste Ken Knabb lui répond. 
Illustration du rôle disciplinaire du chef par une bourgeoise crétinisée. Le chef est un gestionnaire pacificateur, un surveillant qui doit canaliser l'énergie de ses troupes dans le cadre légal et institutionnel afin qu'elles puissent être contrôlées.
Lorsque des centaines de milliers de personnes défilent à Paris le 14 juin 2016 contre la loi Travail, que se passe-t-il le soir même ? Martinez est convoqué au JT. Il doit s'expliquer : pourquoi y a-t-il eu de la casse ? Pourquoi voit-on un militant CGT dépaver ? Etc.
En tant que chef, il est tenu pour responsable, on le contrôle ; son service d'ordre aurait dû gérer, avant c'était mieux encadré, etc. À travers lui, et la double exigence de légalité et de respectabilité, on "tient" des centaines de milliers de manifestants et militants.
Rien de tout cela avec les gilets jaunes : le soir des actes chauds (comme l'acte 18), quand ça fume encore, pas d'interlocuteur qu'on peut tenir pour responsable, personne à qui demander des comptes ou tendre symboliquement la facture...
Le refus acharné et instinctif de la bureaucratisation, du moins formelle, est l'une des clés d'explication de la longévité du mouvement : les structures hiérarchiques rigides n'auraient pas pu survivre dans un tel environnement, elles auraient toutes "cassé" sous le feu adverse.
