Thread by @alexiskarklins

Allez, petit #thread histoire du week-end.
Vous connaissez Jean-Baptiste Colbert, le Contrôleur Général des Finances de Louis XIV, figure légendaire du Grand Siècle. Mais connaissez-vous Barthélemy de Laffemas, le conseiller économique d’Henri IV, le grand-père du Roi Soleil ? 1/

2/ Issu d’une famille protestante noble mais désargentée du Dauphiné, né dans la Drôme en 1545, il fut le principal artisan du rétablissement du royaume au début du 17e siècle et l'un des grands modernisateurs de la France.

3/ Son action fut encore plus décisive que celle de Maximilien de Béthune, le fameux Sully, auteur du "labourage et pâturage sont les deux mamelles qui nourrissent la France, les vraies mines et trésors du Pérou".

4/ Laffemas fut successivement chaussetier des écuries, tailleur-valet puis en charge de l’argenterie de celui qui n’est encore que Henri de Navarre. Il devint ainsi un proche de celui qui allait devenir roi de France.

5/ Sa principale fonction est alors de trouver les tissus pour confectionner les habits de son maître. Les guerres de religion ayant ruiné les fabrications françaises, il est obligé de se fournir à l’étranger, ce qui le familiarise avec le commerce international.

6/ Lorsque Henri IV monte sur le trône, Laffemas devient responsable de l’approvisionnement de biens de luxe de la Cour. Cela l’encourage dans sa politique mercantiliste, réalisant que les achats de l’étranger entraînent des sorties importantes d’or du royaume.

7/ En 1596, il publie un "Mémoire pour dresser les manufactures et ouvrages du royaume" dans lequel il préconise la réduction des importations, le développement des manufactures royales et la création des chambres de métiers pour accroître les compétences de production.

8/ En 1598, il est promu au poste de conseiller, au même niveau que Sully. L'année suivante, il crée à Marseille la première chambre de commerce pour "vaquer au rétablissement du commerce et manufactures".

9/ Il multiplie les écrits sur le commerce et l’industrie, essayant d’intéresser et d’obtenir le soutien d’Henri IV sur ces sujets plutôt que sur la seule agriculture, chère à Sully. Le roi l’écoute souvent et nomme Laffemas contrôleur général du commerce en 1602.

10/ Pour refinancer un Etat exsangue, il lance un emprunt à taux zéro. Sa vision de la politique industrielle mêle quant à elle encouragements, subventions et protectionnisme.

11/ Laffemas remet à plat le système fiscal, imagine des mesures incitatives en partant d’un principe de bon sens qu’il énonce clairement et qu’Arthur Laffer (la célèbre courbe de Laffer) ne fera que reprendre : "les hauts taux tuent les totaux" !

12/ Mais Laffemas doit surtout être reconnu comme l’architecte de la première industrialisation française. Il est notamment l’un des pères de la production nationale de soie, bien de luxe très prisé à la Cour et dans les milieux aisés.

13/ On lui doit ainsi la plantation de millions de mûriers en Languedoc et en Provence. Laffemas est également à l’origine de la célèbre manufacture de tapisserie des Gobelins.

14/ Il fait creuser le canal de Briare, première voie fluviale de France, qui relie la Seine et la Loire, tout en veillant à la modernisation des routes et des ponts à travers le royaume.

15/ Il met en place un service de postes, s’occupe de l’assèchement du marais poitevin et du développement du commerce colonial, avec la création des grandes compagnies des Indes Orientales et Occidentales.

16/ Sa politique rencontre un certain succès et les finances du royaume se redressent, surtout que le royaume connaît enfin la paix. Pourtant la lutte d’influence qui l’oppose à Sully et surtout l’assassinat d’Henri IV en 1610 lui font perdre ses soutiens.

17/ Retiré après la mort du roi, Laffemas s’éteint quelques mois plus tard, en 1612, ruiné et désavoué. Mais il a ouvert la voie à un successeur illustre, Jean-Baptiste Colbert, futur ministre de Louis XIV… qui s’inspirera fortement de son action.
#FIN