Thread by @BriceMiclet

En ces temps de crise, les festivals se retrouvent bloqués face à la mauvaise foi d’une partie des compagnies d’assurance. Voilà ce qu’un courtier en assurance me disait au téléphone cette semaine, et c’est pas joli joli.
#Thread 1/14

#festivals #COVID__19 #assurances

Tout d’abord, je précise qu’il témoigne anonymement. "C’est particulièrement chaud sur le marché en ce moment, on évite de prendre des positions ouvertes." 2/14

Voilà donc ce qu’il m’a expliqué :
"Une assurance, c’est un contrat. Quand vous êtes une compagnie d'assurance, que vous acceptez de prendre un risque, il faut que vous ayez suffisamment d’argent sur votre compte pour couvrir les sinistres."

Logique.
3/14

"En l’occurrence, les assureurs qui refusent de payer se rendent bien compte que les engagements qu’ils ont pris sont largement supérieurs à ce qu’ils estimaient acceptable financièrement. C’est la première fois dans l’histoire des assurances que tout le marché est affecté." 4/14

"Personne n’avait anticipé cela. Et le problème des festivals est transposable à tout le secteur de l’événementiel et de la culture : les expositions, les foires, les cinémas, les écoles de musique…" 5/14

"Les compagnies d’assurance vont s’en sortir. Elles sont elles-mêmes assurées auprès de ce que l’on appelle un réassureur. Les pertes vont là, certes, mais il faut garder en tête quelque chose qui me choque particulièrement..."

Quoi donc ?
6/14

"Ces pertes vont se faire sur les contrats annulation, mais le secteur gagne énormément d’argent sur d’autres types de contrats qui ne sont absolument pas impactés actuellement. Par exemple..." 7/14

"Il y a les contrats auto, puisque les voitures ne roulent pas et n’ont pas d’accident. Il y a les accidents professionnels, puisque les gens sortent moins pour travailler. Les cambriolages, puisque les gens sont chez eux… Les sommes dans ces secteurs sont monstrueuses" 8/14

"Les assureurs continuent de gagner beaucoup d’argent sans le reverser dans la branche culturelle. C’est scandaleux. Certaines compagnies vont faire un geste en disant que puisqu’il y a moins de sinistres, les prix vont baisser. Mais ils vont augmenter, et pas qu'un peu." 9/14

"Certains festivals, comme le Hellfest, pensaient être couverts, mais une bonne partie des compagnies se réfugient derrière le fait que le Sras faisait déjà partie des clauses, et que le Covid-19 peut rentrer dans cette clause." 10/14

"Sauf que la question de savoir si c’est un Sras ou pas est scientifique, la décision de ces assureurs est très contestable. C’est un bras de fer, si les assureurs lâchent sur un, ils lâchent sur tous, et ça va coûter énormément d’argent. Mais c’est plus que tendancieux." 11/14

"Le Hellfest a tenté de négocier, mais ils n’ont pas trouvé de terrain d’entente. La position de son assureur, comme bien d’autres, c’est de ne pas céder. Sinon, c’est l’effet domino. Il n’y a que les grosses machines qui peuvent réellement s’opposer à leur assureur." 12/14

"Des compagnies font tout de même bien les choses. Certaines proposent aux festival qui doivent reporter en septembre de les assurer contre tous les autres risques, et si l’événement n’a pas lieu à cause du Covid-19, on annule le contrat, ils ne le paient pas." 13/14

"Mais la position d’une grande partie du marché qui ne veut rien payer est catastrophique pour l’image des assurances. Pas mal de gens ont l’impression de se faire rouler, et je les comprends." 14/14

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