‼️🇱🇧#LIBAN : Second jour après l’explosion, sur le terrain que pensent RÉELLEMENT les libanais de l’incident ? De la venue de #EmmanuelMacron à #Beyrouth ? De la responsabilité du gouvernement ? ⬇️ THREAD ( + Photos ) 
Nous sommes retournés hier avec Charbel dans les rues de Gemmayzeh, en moto pour voir comment les choses évoluaient. Les rues sont déjà plus propres, même si les maisons sont en ruines, les libanais ont été très efficaces.
Nous nous rendons compte t à quel point cette scène est inimaginable pour des spectateurs européens : Après la catastrophe, les habitants prennent leur balai et s’occupent eux même des dégâts. Pas de service publique, l’armée observe. Certaines aides internationales sont là.
La société civile s’est aussi organisée pour l’aide alimentaire. Il y a maintenant tout les dix mètres des distributions d’eau, de nourriture... les rouages de la solidarité fonctionnent.
Beaucoup de gens restent sceptiques concernant l’aide internationale. La peur est grande qu’elle soit détournée au profit des élites dirigeantes comme il est coutume ici. La peur de l’ingérence crée aussi parfois des tensions.
Comme beaucoup d’habitants de #Beyrouth, maintenant que les grandes rues sont déblayées, vient le tour des maisons. Nous allons aider une amie habitant près du port... les dégâts sont impressionnant, mais s’installe une triste habitude à l’environnement détruit
Nous allons ensuite dans un immeuble ayant survécu à la déflagration au plus près de l’explosion. Les débris du port sont encore fumants 48 heures plus tard. Nous contemplons de jour le paysage dévasté.
Une question nous vient en tête. Déjà avant le drame, de nombreux immeubles portaient les stigmates de la guerre civile faute d’argent et de politique publique pour les réhabiliter... qu’en sera-t-il maintenant ?
Nous regardons nos téléphones. Il semble qu’#EmmanuelMacron soit quelque dizaines de mètres plus bas, dans le quartier de Gemmayzeh. La plupart des libanais n’ont pas la tête à penser à cette visite. Il reste beaucoup de travail.
Toutefois, pour ceux la commentant, il serait inexact de dire que les avis furent unanimes concernant la venue du président français. Mais voici grossièrement ce que les habitants de Beyrouth ont pensé de cette visite
Il y a d’abord ceux, très francophiles, qui étaient ravis de voir le président et plaçaient en lui beaucoup d’espoir ( sans doute un peu trop ).
Certains appelaient même à un nouveau mandat français. Je n’ai pas de statistique, mais connaissant le discours général des libanais ( pas seulement des beyrouthins ) sur la France, il semble évidement d’affirmer que cette revendication est très minoritaire.
Plus généralement, les libanais se sont servi de la venue d’@EmmanuelMacron pour l’ériger en “bon élève” face à un gouvernement de cancres. C’est ce qui paraissait le plus sur les réseaux sociaux.
Les médias indépendant n’ont pas non plus manqué de satire à ce sujet, tournant en dérision la visite du président français et son lot de coup de communication.
Car si l’on doit retenir quelque chose de cette visite, c’est qu’elle fut pour les libanais le biais d’expression d’une défiance à l’égard des élites politiques.
L’image qui tourne le plus sur les réseaux sociaux est celle de la visite de la ministre de la justice, chahutée, insultée, et à qui des citoyens ont brandis une corde attaché à un bâton, en train de devenir un symbole de défiance.
Un ami me le confie “ Cette explosion, c’est une déclaration de guerre du gouvernement sur le peuple “. Quand nous posons la question aux habitants, la réponse est TOUJOURS la même : Le coupable, c’est le gouvernement.
Nous rentrons finalement au bureau avec Charbel, l’heure pour nous de “Réparer” les dégâts que nous n’avions découvert que la veille, après 48 heures à couvrir les événements. Sans surprise l’endroit est dévasté.
Petit à petit, l’Etat de sidération retombe à #Beyrouth. Reste encore le choc, le traumatisme, le désespoir parfois... mais tous ceux-ci semblent nourrir la colère. Les gens recommencent à crier “Revolution !” dans les rues.
Des manifestations ont par ailleurs commencé à apparaître dans la nuit. Il y a de fortes chance pour que la journée de samedi soit une journée pivot dans la colère des libanais. Demain, beaucoup pourra se jouer.
“On attendait l’étincelle, nous avons eu l’explosion”, “Nous disions il y a des semaines qu’il fallait détruire pour tout reconstruire... voilà qui est fait dans de tristes circonstances. À nous maintenant de reconstruire “
