Après une nuit de nettoyage, nous retournons dans les rues avec Charbel et Zeyad. Nous en sommes bientôt à notre 10ème mois de réalisation de notre série documentaire sur le Liban et la révolution, nous sentons venir une heure peut-être décisive.
(👋 @ProductionNiksa )
(👋 @ProductionNiksa )
Nous visitons dans la matinée une école détruite par l’explosion. Des volontaires sont venus, comme partout, entasser les débris sur le coin des trottoirs en attendant de trouver un moyen de les évacuer de la ville.
Dans les quartiers les plus sinistrés et sur la Place des Martyrs, l’aide internationale est là, très présente. Cependant les volontaires nous disent eux mêmes qu’elle ne sera jamais suffisante pour permettre au pays de se relever.
On estimait avec la crise déjà avant l’explosion que le #Liban devait obtenir plus de 40 milliards de dollars pour espérer s’en sortir. Un chiffre qui aura grimpé avec la catastrophe, bien supérieur aux quelques millions que le pays va recevoir.
Néanmoins ces quelques millions restent d’une importance capitale aujourd’hui. L’État et les services publics sont inexistants, c’est cet argent qui permet aux habitant sinistrés de se nourrir. Solution à court terme certes, mais primordiale.
En parallèle du terrain nous suivons également de près les nouvelles concernant l’enquête sur nos téléphones. Nous apprenons par ailleurs qu’une commission d’enquête française aurait été refoulée à l’entrée du pays.
Le président Aoun évoque l’hypothèse d’un missile. Certains estiment que les autorités jouent à laisser planer le doute pour se dédouaner de leurs erreurs. Car en effet, à ce stade il ne s’agit plus d’enquêter pour savoir si elles sont fautives, mais à quel point elles le sont
@PaulPoulain11 , spécialiste en sécurité incendie m’expliquait hier : « Cette substance [Le nitrate d’ammonium] est un comburant et non un combustible. Cela signifie qu'elle n'est pas inflammable mais hautement explosive lorsqu'elle est exposée à un combustible. »
« Le standard [NFPA 400] préconise une analyse des risques permettant de compartimenter le stockage avec des configurations adaptées. L'installation d'une détection incendie précoce aurait permis d'informer la population du départ de feu. »
« Mais surtout la mise en place d'une grande distance entre le stockage et la population pour éviter les effets dominos d'une explosion potentielle. Le stockage aurait donc été déplacé dans une zone permettant d'éviter ce type de catastrophe humanitaire. »
Pourquoi le gouvernement n’a rien fait pour se débarrasser de ses substance ou les stocker décemment ? Réponse simple : tout cela coûte de l’argent, et en général ici, les politiciens ne dépensent pas sans qu’ils puissent grappiller quelques billets au passage.
De plus, depuis plusieurs mois le gouvernement avait été averti de la dangerosité de l’installation : à la fois par le ministère des travaux mais aussi par des journalistes comme Riad Qobeissi. Rien pourtant n’a été fait. Aujourd’hui le résultat est catastrophique.
Le gouvernement, comme je l’écrivais hier, est tenu sur place pour responsable du désastre, même si l’on remarque dans les prémices de sa propre enquête qu’il essaie déjà de se dédouaner en accusant seulement des individus, des techniciens du port notamment.
Cependant même pendant la révolution d’octobre, la rancune contre le gouvernement n’avait pas connu de mots aussi durs. Chose compréhensible : aujourd’hui il y a eu des morts. Le peuple veut rendre coup pour coup à ceux qu’il désigne comme des « voleurs devenus terroristes ».
A l’heure du dîner, un de mes amis sur son portable éclate de rire. La chaîne LBC ( une des plus importante au Liban ) vient d’annoncer qu’elle ne retransmettrait plus aucun discours d’aucun politicien. « Khallas, même eux ils sont fatigués de les entendre ».
En mangeant, nous essayons de nous projeter. Si le mouvement social éclatait au Liban, le gouvernement aurait une nouvelle arme : L’Etat d’urgence qu’il vient de déclarer sur le sol libanais après la catastrophe.
Cette loi accorde beaucoup de pouvoir aux militaires : confiscation des biens, arrestation des personnes ou perquisition sans autorisation pour ceux qui "constituent une menace pour la sécurité", appliquer la censure des médias et imposer des couvre-feux. (Source: MégaphoneNews)
Pourtant sur place des personnes distribuent déjà des tracts dans la rue : « Rendez vous demain pour le retour de la révolution ». Dans tout le Liban, les groupes révolutionnaires se réveillent, échangent entre eux. Ils sont près à descendre en masse ce samedi.
« Demain sera l’heure de vérité, c’est tout ou rien, si on y arrive pas maintenant, on y arrivera jamais ». Tous mes amis vont descendre à la Place des Martyrs demain. Tous semblent nourrir l’espoir de faire tomber le régime une bonne fois pour toute
Seront ils nombreux ? Face à quelle résistance ? Certains révolutionnaires paraissent se préparer au combat. Nous, nous nous préparons à filmer. Casque, protections, carte de presse...
L’heure de vérité approche pour le #Liban et nous la couvrirons du mieux possible 🇱🇧
À suivre
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À suivre
