Beaucoup de personnes sont favorables à l'Etat parce qu'il leur paraît un rempart contre le capitalisme, les dérives sectaires, le grand n'importe quoi subjectiviste, l'hyper-individualisme effréné, etc.
Mais il y a là, à mon sens, deux sophismes à l'œuvre :
1⃣ Un sophisme du type affirmation du conséquent ;
2⃣ Un sophisme de la solution parfaite.
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1⃣ Le 1er de ces sophismes tient pour acquis qu'il est impossible d'arriver à converger vers une vérité objective et un sens du collectif sans un organe central coercitif et hégémonique pour l'imposer,
ceci simplement parce que dans les faits il est (apparemment) suffisant d'avoir un tel organe central coercitif et hégémonique pour que la société converge vers une telle vérité objective et un sens du collectif.
Cependant, hors Etat, il ne reste pas que l'individu isolé, porté par sa propre subjectivité ballotée par tous les vents (et notamment l'autorité familiale pour les individus mineurs).
Les corps intermédiaires ne se limitent pas à la famille (associations, syndicats, assemblées, groupes d'ami.e.s, quartiers, etc.). Ils sont nombreux, divers et peuvent participer à soutenir l'individu et à le guider.
En outre, la réalité n'a pas besoin d'être décrétée ou codifiée dans une loi pour exister et s'imposer à tou.te.s. Les individus resteraient soumis à la pesanteur même sans Etat. Cela limite donc le degré de n'importe quoi auquel s'attendre.
En clair, ce n'est pas parce que dans notre société l'Etat impose une vérité universelle voire un sens du collectif que ça veut dire que sans Etat ce serait un grand n'importe quoi subjectiviste et égoïste où tout se vaudrait.
On notera d'ailleurs que l'Etat n'a pas spécialement de légitimité au regard du vrai et du bien. Il n'est au mieux que le reflet de la subjectivité particulière de ses dirigeants.
Lesquels ne se trouvent à cette place que de façon arbitraire, par habilité tactique et non par valeur épistémique ou morale.
En l'absence d'Etat, un grand nombre de subjectivités peuvent s'exprimer.
Mais concrètement, l'intersubjectivité et la confrontation au réel permettent de faire du tri.
Dans une certaine mesure, l'Etat se substitue aux corps intermédiaires, voire les interdit ou du moins les réglemente.
Cela participe à l'atomisation ou quasi-atomisation de la société ne laissant plus que l'individu isolé devant lui, ou l'individu sous le joug de sa famille, ce qui renforce l'idée qu'il est indispensable.
Un peu comme un médecin immoral qui empoisonnerait ses patients et leur fournirait aussi l'antidote au poison.
L'Etat est une institution qui permet de régler par le monopole coercitif les problèmes qu'il n'y aurait pas eu sans lui.
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2⃣ Après, il est évident que l'abolition de l'Etat ne règlerait pas tous les problèmes. Il est probable qu'une plus grande variété d'opinions bullshit trouverait à s'exprimer. Mais, et c'est l'essentiel, elles seraient probablement davantage minoritaires en nombre d'adeptes.
En effet, l'intersubjectivité et la confrontation au réel réguleraient tout ça. Plus il y a de monde qui partage une opinion (sans être contraint par la coercition à le faire), moins il y a de chance que tout ce monde se trompe.
Alors que l'opinion imposé par l'Etat est le reflet de l'opinion de quelques-un.e.s, celleux qui ont eu la chance d'être à sa tête.
Uniformité n'est pas équivalent à vérité.
Le réel impose également une contrainte sur ce qui est possible de penser de façon viable, comme il a été dit. Pas besoin d'Etat pour ça. Par exemple, la gravitation universelle existe et impose ses contraintes sans avoir besoin d'être décrétée ou inscrite dans une législation.
Alors, admettons que par hasard les dirigeants de l'Etat aient une pensée à 100% conforme au vrai et au bien. Déjà, comment s'en assurer ? Ensuite, n'est-ce pas cher payé d'interdire toute opinion dissidente juste pour s'assurer d'avoir zéro croyances bullshit ?
A vouloir une solution parfaite qui est impossible, on renonce donc à une solution meilleure que celle consistant à se remettre à l'Etat pour tout.
D'autant qu'il est illusoire de voir en lui un moteur possible du progrès en terme de vérité objective et de sens du collectif, comme on a vu.
On tend à confondre uniformité imposée avec consensus objectif et entraide.
▶️ De remplacer le concept actuel de #propriété par le concept de propriété "occupancy & use" (#mutuellisme) : ne nous appartient en propre que ce qu'on occupe et utilise personnellement. C'est probablement le concept qui serait prévalent en l'absence d'#État, de façon spontanée.
▶️ De compléter le concept d'#échange comme #contrat avec celui d'échange comme #don / contre-don, donc sans obligation morale de réciprocité, et de le promouvoir. En outre, sans #État, aucun contrat (dont les échanges comme #contrats) ne serait plus #exécutoire par la #force.
L'anarchisme est un mouvement qui prône l'abolition de l’#État, du #capitalisme, du cléricalisme, et des systèmes de domination basés sur l'identité (patriarcat, privilège blanc,… voire spécisme).
J'adhère à ça.
L'#anarchisme est donc pour un maximum de #liberté pour tou·te·s et chacun·e.
Certes, il prône souvent la #coopération entre les #individus, mais ça n'est jamais au mépris de leur #émancipation personnelle. Au contraire.