Grâce à une publication de France Stratégie, on peut savoir dans quelle mesure les immigrés et leurs enfants vivent séparés du reste de la société, et constater à quel point les solutions avancées pour lutter contre le communautarisme sont déconnectées de la réalité. (THREAD)
À partir des données de la base Saphir de l'INSEE, les chercheurs de France Stratégie ont notamment calculé la proportion d'enfants immigrés non-européens ou vivant avec au moins un parent immigré non-européen par IRIS, des zones géographiques contenant en moyenne 2500 personnes.
Cela permet de calculer ce qu'ils appellent le taux de concentration, plus connu sous le nom d'indice d'isolation, de cette population. C'est l'un des nombreux indices utilisés dans la littérature pour mesurer divers aspects du phénomène de ségrégation. strategie.gouv.fr/sites/strategi…
Leur analyse montre que les enfants immigrés non-européens ou vivant avec au moins un parent immigré non-européen habitent dans un quartier où ils représentaient en moyenne 42% des moins de 18 ans en 2015 contre 31% en 1990 !
Par ailleurs la proportion des enfants immigrés non-européens ou vivant avec au moins un parent immigré non-européen qui résident dans un quartier où ils sont majoritaires chez les moins de 18 ans est passée de 17% à 38% entre 1990 et 2015 🙃
Cette analyse ne concerne que les habitants des unités urbaines de plus de 100 000 habitants dont elle a aussi exclut quelques IRIS pour des raisons dans lesquelles je ne vais pas rentrer. Mais ça représente quand même environ 44% de la population française.
De plus, si ces unités urbaines contiennent ~44% de la population française, il ne fait aucun doute que l'immense majorité des immigrés y vivent, car ils sont beaucoup plus concentrés en zone urbaine et notamment en région parisienne que les natifs. insee.fr/fr/statistique…
D'autre part, dans les unités urbaines de plus de 100 000 habitants, cette analyse sous-estiment sans doute assez considérablement non seulement le niveau de concentration des populations d'origine non-européenne mais aussi l'évolution de cette concentration.
Cela pour au moins 3 raisons : 1) les chiffres que j'ai cités ne prennent pas en compte les petit-enfants d’immigrés ni 2) les enfants d’immigrés vivant avec un seul parent non-immigré et 3) ils ont été calculés à l'échelle des IRIS qui sont loin d'être totalement homogènes.
En ce qui concerne 1, en 2011, Tribalat estimait à partir des données du recensement et de l’enquête Famille et logements que les petit-enfants d’immigrés non-européens représentaient ~17% des effectifs des immigrés non-européens et de leurs enfants chez les moins de 60 ans.
Ça veut dire que, si on se restreignait aux moins de 18 ans, ce serait encore plus que ça, donc la sous-estimation de la concentration des enfants issus de l’immigration non-européenne induite par leur omission est probablement significative. journals.openedition.org/eps/6073
Je pense que, par rapport à 1, l'effet de 2 est assez faible, même si je ne pense pas qu'il soit négligeable. Mais il est probable que 3 conduit à une sous-estimation assez importante de la concentration des enfants d'origine non-européenne.
En effet, je rappelle que les IRIS ont en moyenne une population de 2500 habitants, avec un écart-type de ~1000. Or n'importe qui peut voir que beaucoup de zones de peuplement de cette taille sont loin d'être homogènes ethniquement.
Si on prenait en compte tout ça, ce qui est impossible car les données du recensement ne le permettent pas, il ne fait aucun doute que l'indice d'isolement des enfants d'origine non-européenne augmenterait significativement.
De plus, 1 et 2 ne conduisent pas seulement à une sous-estimation de la concentration des enfants d'origine non-européenne à un instant t, mais entraîne aussi une sous-estimation de la hausse de cette indice à travers le temps !
En effet, le nombre de familles monoparentales a doublé depuis 1990 (insee.fr/fr/statistique…) et, même s'il est impossible de quantifier cette évolution, il ne fait aucun doute que le nombre de petit-enfants d'immigrés non-européens a totalement explosé depuis.
Par conséquent, non seulement beaucoup plus que 38% des enfants d'origine non-européenne vivent dans des quartiers où plus de la moitié des enfants sont aussi d'origine non-européenne, mais cette proportion a augmenté beaucoup plus rapidement que ne le suggère cette étude.
Or, d'après cette étude, cette proportion avait déjà plus que doublé entre 1990 et 2015... Les efforts consentis pour favoriser la "mixité sociale", qui sont peut-être insuffisants mais qui existent quand même et ont coûté beaucoup d'argent, ont été noyés par l'immigration.
Je rappelle encore une fois que les chiffres que je donne ne concerne que les unités urbaines de plus de 100 000 habitants, mais que c'est dans ces zones que l'immense majorité des enfants d'origine non-européenne vivent.
Comment voulez-vous que des gens qui grandissent dans des endroits où plus de la moitié de leurs pairs sont aussi d'origine non-européenne s'assimilent à la culture française ? Je ne comprends pas pourquoi les gens continuent de s'étonner que l'intégration échoue si souvent...
De fait, c'est un échec, il faut être complètement aveugle pour refuser d'accepter qu'il y a une énorme différence entre l'intégration des immigrés européens et celle de la plupart des immigrés non-européens.
Ces derniers ont par exemple un taux d'incarcération beaucoup plus élevé.
Ça ne veut évidemment pas dire qu’il n’y a pas des gens issus de l’immigration non-européenne qui sont parfaitement intégrés et ont assimilé la culture française. Il y en a même plein, mais il n'en reste pas moins vrai que très souvent ce n'est pas le cas.
J'aimerais donc beaucoup qu'on m'explique comment on va faire pour assimiler des gens quand ils grandiront dans des quartiers où 75% de leurs pairs sont d’origine non-européenne alors qu’on y arrive déjà pas quand ils sont 25% 🙃
J'ai téléchargé les données de l'application interactive de France Stratégie et j'ai calculé la répartition des enfants immigrés non-européens ou vivant avec au moins un parent immigré non-européen en fonction de leur proportion dans le quartier ou ils vivent.
Cette analyse montre que, en 2015, 67% d'entre eux vivaient déjà dans des quartiers où ils étaient plus de 25% des moins de 18 ans. Ils n'étaient que 45% en 1990. Si l'immigration continue au même rythme, dans 25 ans, cette proportion aura encore augmenté massivement.
Vous croyez vraiment qu’interdire le CCIF, demander aux profs d’enseigner la liberté d’expression (ils vont être refroidis après ce qui s’est passé), expulser quelques imams radicaux et rouler des mécaniques à coups de "ils ne passeront pas" va changer quelque chose ?
De plus, les données publiées par France Stratégie ne contiennent les informations nécessaires au calcul qu’au niveau des TRIRIS, des regroupements de 3 IRIS. C'est pour ça que l'indice d'isolement que je calcule est plus bas que celui des chercheurs de France Stratégie.
Par exemple, d'après mes calculs, moins de 30% des enfants immigrés non-européens ou vivant avec au moins un parent immigré non-européen résidaient dans un TRIRIS où ils étaient majoritaires chez les moins de 18 ans, contre 38% si on fait le même calcul à l'échelle des IRIS.
Comme les données sur l'origine sont considérées comme "sensibles", les chercheurs n'ont pu partagé les données qu'à l'échelle des TRIRIS, mais ils ont eu accès aux données à l'échelle des IRIS pour leurs propres calculs et les chiffres qu'ils rapportent sont basés là-dessus.
Comme je l’ai déjà noté, si on pouvait descendre en dessous de l’IRIS, ce serait encore plus que 38%. Et ce serait encore plus si on avait des données sur les petit-enfants d’immigrés et qu’on pouvait prendre en compte les enfants qui ne vivent pas avec leur parent non-européen.
Pour vous donner une idée, à Conflans-Sainte-Honorine (où a été assassiné M. Paty), la proportion d'enfants immigrés non-européens ou vivant avec au moins un parent immigré non-européen est de seulement 24%. Environ 69% d'entre eux vivent dans un TRIRIS où elle est supérieure...
Elle ne dépasse 30% dans aucun quartier et, à l'échelle des TRIRIS en tout cas, ils sont répartis de façon quasiment homogène sur la commune, donc on ne parle pas d'un endroit avec des énormes ghettos. francestrategie.shinyapps.io/app_seg/
Il est évident que, à moins de couper les flux migratoires qui ne font qu'alimenter le problème et réduisent à néant tous les efforts qu'on peut faire pour régler celui-ci, on n'en sortira pas. Si vous n'êtes pas d'accord expliquez moi *concrètement* comment vous allez faire.
Certains vont peut-être me dire que, si on lutte sérieusement contre la ségrégation, on n'a pas besoin d'arrêter l'immigration. On entend en effet beaucoup de gens insister sur l'importance de favoriser la "mixité sociale" depuis vendredi.
Je suis tout à fait d'accord qu'il faut lutter contre la ségrégation. Mais quand on regarde les chiffres, l'idée que ça va permettre de résoudre le problème du communautarisme ne tient pas debout une seconde, elle est totalement déconnectée de la réalité.
Pour voir pourquoi, il faut introduire une autre mesure, à savoir l'indice de dissimilarité. Cet indice mesure la proportion des membres d'un groupe qui devraient changer de quartier pour que les membres de ce groupe soient répartis de façon homogène sur le territoire.
D'après France Stratégie, pour les enfants immigrés non-européens ou vivant avec au moins un parent immigré non-européen à l'échelle des IRIS, cet indice était de 38% en 2015...
Donc ça n'arrivera évidemment jamais ! Est-ce que vous imaginez le nombre de personnes qu'il faudrait déplacer pour arriver à ce résultat ? Si vous pensez que c'est possible, j'aimerais que vous m'expliquiez *concrètement* comment vous comptez faire.
Non seulement ça n’arrivera jamais, mais même si on pouvait répartir de façon uniforme sur le territoire les gens d'origine non-européenne d’un coup de baguette magique, ils sont désormais tellement nombreux chez les jeunes que ça poserait quand même d’énormes problèmes.
En effet, dans les unités urbaines de plus de 100 000 habitants, les enfants immigrés non-européens ou vivant avec au moins un parent immigré non-européen représentaient 27% des moins de 18 ans en 2015.
Par conséquent, *même s'ils étaient répartis de façon parfaitement uniforme au sein des unités urbaines de plus de 100 000 habitants*, ils représenteraient quand même 27% des moins de 18 ans dans tous les quartiers ! C'est plus qu'à Conflans-Sainte-Honorine...
Encore une fois, ce chiffre n’inclut pas les petit-enfants d’immigrés non-européens à moins qu’ils aient un parent qui est lui-même immigré non-européen, ni les enfants d’immigrés non-européens issus d'un couple mixte vivant avec leur parent européen en famille monoparentale.
Donc l'idée qu'on va régler le problème en luttant contre la ségrégation est totalement fantaisiste. C'est juste un moyen d'éviter de regarder les choses en face et de parler de l'immigration. Vous n'allez pas envoyer de force les gens issus de l'immigration à la campagne...
Même si on coupe les flux migratoires tout de suite, ça va être très difficile à gérer, mais si ce qui est sûr c'est que c'est une condition nécessaire pour régler le problème, parce que sinon il ne va faire qu'empirer. Regardez comment les choses ont évolué depuis 1990.
Encore une fois, si vous pensez que c'est faux, dites moi *concrètement* comment vous allez faire pour régler le problème si on ne coupe pas l'immigration. Je ne veux pas de slogans, je veux des propositions concrètes, qui ont une chance d’aboutir.
Parce que c'est bien gentil de parler du "vivre-ensemble" et de dire que la diversité est une "chance pour la France", mais le "wishful thinking" n'est pas une politique et, une fois qu'on a dit ça, on n'est pas plus avancé. C'est ce qu'on fait depuis 30 ans, sans aucun résultat.
Encore une fois, même si on arrête l'immigration, je ne dis pas que ce sera facile ou que j'ai des solutions miracles. Ce que je dis, c'est qu'à moins de couper les flux migratoires ou du moins de les réduire drastiquement, on ne s'en sortira pas.
Il y a beaucoup de gens qui ne veulent pas remettre en cause l'immigration mais qui se plaigne du communautarisme, de la racialisation du débat, de l'islamisme, etc. Il faut être clair : si l'immigration se poursuit au même rythme, vous aurez tout ça, donc faites un choix.
Quand votre maison est en feu, la première chose à faire, c’est d’arrêter de balancer de l’essence dessus. Je sais que ça paraît évident, mais ça fait plus de 30 ans que ça dure et nos élites n’ont toujours pas compris ça, donc à un moment il va falloir se réveiller.
Je ne vois pas comment quelqu'un doté d'un minimum de bon sens qui analyse lucidement les chiffres peut arriver à une conclusion différente. Mais il est vrai que le discours médiatique sur la question ne s’intéresse pas aux chiffres auxquels il préfère des slogans vides de sens.
Ça fait des décennies qu’on fait la même chose et, alors qu’il est de plus en plus évident que ça ne marche pas, au lieu de l’accepter, on continue en disant que ça finira bien par marcher. C’est complètement irrationnel !
La seule raison pour laquelle des gens nient encore ça, c'est qu'on leur a mis dans la tête que tout discours tendant à demander une restriction de l'immigration était raciste, mais putain qu'est-ce qu'il y a de raciste dans ce que je viens d'expliquer ? Il faut arrêter avec ça.
Selon moi, la seule réponse cohérente qu'on peut me faire, c'est qu'arrêter l'immigration est tout aussi irréaliste que régler le problème du communautarisme en réduisant la ségrégation. C'est encore un mythe, mais ce thread est déjà très long, donc j'en parlerai une autre fois.
ADDENDUM : Pour ceux que ça intéresse, j'ai mis le code de mon analyse sur GitHub, ainsi que les données. github.com/phl43/evolutio…
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Comme je l’ai dit à la fin de mon thread, je compte revenir sur ce sujet en détail et enterrer définitivement ce mythe de l'inévitabilité de l'immigration non-européenne massive, mais je voudrais quand même faire rapidement quelques remarques en réponse à @fipaddict.
La conférence de Sauvé qu'il cite mélange nos obligations internationales vis-à-vis des personnes que nous avons *déjà* acceptées sur notre territoire avec les obligations internationales qui contraignent le choix des gens *qu’on accepte sur notre territoire*.
C'est une distinction très importante dans ce débat. À part les visas accordés pour motif familial et humanitaire, les seconds ne représentant pas grand chose, nous sommes plus ou moins libres de définir notre politique d’immigration vis-à-vis des pays tiers comme on l’entend.
Il y a tout un tas d'endroits où plus de 50% des moins de 18 ans sont issus de l'immigration. Si on ne réduit pas drastiquement les flux, dans 25 ans, il y en aura encore plus. Mais vous croyez qu'interdire le CCIF sans toucher à l'immigration va changer quelque chose ? 1/n
Je méprise le CCIF, mais sauf à montrer qu'il a directement assisté le meurtrier, ce à quoi je ne crois pas un instant, je ne vois pas pourquoi on l'interdirait. Le CCIF a parfaitement le droit de protester contre les méthodes d'un professeur, ce n'est pas le problème. 2/n
Le problème, c'est que quand le CCIF et des parents d'élèves musulmans ont protesté contre le professeur, celui-ci n'a pas été soutenu par sa hiérarchie, ni par ses collègues, ni par les syndicats, comme il l'aurait été s'il avait été critiqué par des catholiques. 3/n
Ce qui me désole dans cette affaire, c'est que les gens vont une fois de plus mettre les caricatures de Mahomet en photo de profil, ce qui est très bien, sauf que ça ne changera rien et que pendant ce temps-là on continuera à ignorer le véritable problème, à savoir l'immigration.
Tout le monde a fait ça après les attentats contre Charlie Hebdo. Est-ce que vous avez l'impression que les gens ont moins peur de blasphémer l'islam ou que l'islamisme a reculé en France ? Non, bien sûr que non, ça fait 30 ans qu'on fait la même chose alors que ça ne marche pas.
Ça fait des mois que Mila vit sous protection policière. Il faut croire qu'écrire #JeSuisMila sur les réseaux sociaux n'a pas plus marché qu'écrire #JeSuisCharlie. Ce sera pareil avec #JeSuisProf. Je comprends l'envie d'exprimer sa solidarité, mais ça ne règlera pas le problème.
Ça m'avait complètement échappé, mais plus de 4 mois après la fin des prélèvements, l'Inserm et la DREES ont enfin publié les résultats de l'enquête Epicov, qui permet de savoir combien de gens ont vraiment été infectés pendant la première vague. 1/n drees.solidarites-sante.gouv.fr/etudes-et-stat…
En effet, cette enquête a rassemblé un échantillon représentatif de la population, dont les membres ont fait l'objet d'un test sérologique. Ça évite les biais de sélection qu'il y a quand on se base sur les cas confirmés par PCR et de fait certains résultats sont inattendus. 2/n
Je suis cependant plutôt déçu car, même s'ils ont enrôlé ~135 000 personnes, seulement ~12 400 ont été testés. Ce n'est pas suffisant pour estimer précisément la prévalence du virus par département, sauf pour les départements les plus touchés qui ont été suréchantillonnés. 3/n
Est-ce que les données sur le taux de remplissage des unités de réanimation par jour et par département ou éventuellement par région sont disponibles quelque part ?
Parce que Macron s'est vanté de la transparence du gouvernement, qui publie soi-disant tous les indicateurs, mais je vois mal comment on peut juger de la pertinence des mesures prises si on ne connaît pas la trajectoire du taux de remplissage dans chaque endroit.
Je sais que le jeu de données publié par Santé France contient les informations sur le nombre d'admissions et de sorties quotidiennes en réanimation, mais je veux savoir quel est le taux de remplissage, ce qui n'est pas la même chose.
Je vois que tout le monde reprend déjà les résultats de cette étude de l'Observatoire des violences sexuelles et sexistes dans l'enseignement supérieur (OVSS), mais ils ne sont absolument pas fiables. 1/n
Le problème de cette étude, c'est que l'échantillon n'était pas aléatoire (observatoire-vss.com/wp-content/upl…), car le questionnaire a apparemment été diffusé principalement par les étudiants eux-mêmes sur les réseaux sociaux et dans une moindre mesure par des canaux institutionnels. 2/n
Ça pose un problème évident de biais de sélection, car il est extrêmement probable que les étudiants ayant été victimes de viols ou d'agressions sexuelles avaient une probabilité plus grande de répondre, donc l'échantillon n'était sans doute pas représentatif. 3/n