Comme je l’ai dit à la fin de mon thread, je compte revenir sur ce sujet en détail et enterrer définitivement ce mythe de l'inévitabilité de l'immigration non-européenne massive, mais je voudrais quand même faire rapidement quelques remarques en réponse à @fipaddict.
La conférence de Sauvé qu'il cite mélange nos obligations internationales vis-à-vis des personnes que nous avons *déjà* acceptées sur notre territoire avec les obligations internationales qui contraignent le choix des gens *qu’on accepte sur notre territoire*.
C'est une distinction très importante dans ce débat. À part les visas accordés pour motif familial et humanitaire, les seconds ne représentant pas grand chose, nous sommes plus ou moins libres de définir notre politique d’immigration vis-à-vis des pays tiers comme on l’entend.
En pratique, même pour les motifs familial et humanitaire, le droit européen, nos obligations internationales et la jurisprudence nous reconnaissent une *très* grande marge de manoeuvre, qui est largement sous-exploitée par la pratique et la législation française.
C’est vrai pour l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme comme pour la Directive 2003/86/CE de l’UE d’où viennent l’essentiel de nos contraintes sur le regroupement familial. Les visas pour motif humanitaire quant à eux ne représentent pas grand chose.
Qui plus est, dans le cas de la CEDH, on pourrait tout à fait émettre une réserve sur l’article 8. C’est une pratique tout à fait courante et admise par le droit des traités. D’ailleurs la France *a déjà émis plusieurs réserves sur la CEDH et ses divers protocoles*.
Tout le monde croit qu’on vit sous le joug des traités internationaux et du droit européen sur ce sujet, les uns pour s’en réjouir et les autres pour s’en désoler, mais c’est largement un mythe. On ne va pas être obligé de sortir de l’UE parce qu’on émet une réserve à la CEDH 🙃
Donc on pourrait tout à fait restreindre davantage l’accès au regroupement familial sans être mis au ban des nations civilisées, c’est l’idée qu’on ne peut pas qui est un fantasme, mais ce n’est même pas le point le plus important.
Le point vraiment important, c’est que les visas accordés pour motif familial dérivent in fine de la présence de gens admis à un autre titre que le motif familial. Si on réduit les visas pour un autre motif, l’immigration familiale finira mécaniquement par baisser.
En gros, sur le plan légal, la seule chose qu’on ne pourra pas vraiment restreindre (ce n’est d’ailleurs pas souhaitable), c’est le droit des citoyens français et des ressortissants européens de faire venir leur famille immédiate.
Vous me direz que ça représente plus de la moitié des visas accordés pour motif familial (immigration.interieur.gouv.fr/content/downlo…), mais c’est en grande partie le résultat des naturalisations, qui elles-mêmes sont in fine le résultat de l’immigration pour motif non-familial.
Si l’immigration pour motif non-familial baisse, l’immigration pour motif familial finira aussi par baisser, y compris les visas accordés aux proches de citoyens français. Le nombre de ces visas *sous le régime d’immigration actuel* ne veut pas dire grand chose.
D’une façon générale, il est totalement fallacieux de conclure quoi que ce soit sur nos capacités de réduction de l’immigration familiale à partir de son niveau actuel, parce que celui-ci dépend principalement de notre politique d’immigration non-familiale.
C’est un peu comme dire que, puisque la quasi-totalité des gens qui se prennent une balle dans la tête décèdent, on ne peut pas réduire le nombre de gens qui meurent d’une balle dans la tête. Oui, si on ne réduit pas le nombre de gens qui se font tirer dans la tête, c’est vrai 🙃
Bref, il y aurait encore beaucoup à dire sur l’immigration étudiante, la prétendue impuissance de l’État, l’effet de substitution entre immigration légale et illégale, etc. (parce qu'il y a aussi des données et une littérature sur tout ça) mais ce sera pour une autre fois.
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Grâce à une publication de France Stratégie, on peut savoir dans quelle mesure les immigrés et leurs enfants vivent séparés du reste de la société, et constater à quel point les solutions avancées pour lutter contre le communautarisme sont déconnectées de la réalité. (THREAD)
À partir des données de la base Saphir de l'INSEE, les chercheurs de France Stratégie ont notamment calculé la proportion d'enfants immigrés non-européens ou vivant avec au moins un parent immigré non-européen par IRIS, des zones géographiques contenant en moyenne 2500 personnes.
Cela permet de calculer ce qu'ils appellent le taux de concentration, plus connu sous le nom d'indice d'isolation, de cette population. C'est l'un des nombreux indices utilisés dans la littérature pour mesurer divers aspects du phénomène de ségrégation. strategie.gouv.fr/sites/strategi…
Il y a tout un tas d'endroits où plus de 50% des moins de 18 ans sont issus de l'immigration. Si on ne réduit pas drastiquement les flux, dans 25 ans, il y en aura encore plus. Mais vous croyez qu'interdire le CCIF sans toucher à l'immigration va changer quelque chose ? 1/n
Je méprise le CCIF, mais sauf à montrer qu'il a directement assisté le meurtrier, ce à quoi je ne crois pas un instant, je ne vois pas pourquoi on l'interdirait. Le CCIF a parfaitement le droit de protester contre les méthodes d'un professeur, ce n'est pas le problème. 2/n
Le problème, c'est que quand le CCIF et des parents d'élèves musulmans ont protesté contre le professeur, celui-ci n'a pas été soutenu par sa hiérarchie, ni par ses collègues, ni par les syndicats, comme il l'aurait été s'il avait été critiqué par des catholiques. 3/n
Ce qui me désole dans cette affaire, c'est que les gens vont une fois de plus mettre les caricatures de Mahomet en photo de profil, ce qui est très bien, sauf que ça ne changera rien et que pendant ce temps-là on continuera à ignorer le véritable problème, à savoir l'immigration.
Tout le monde a fait ça après les attentats contre Charlie Hebdo. Est-ce que vous avez l'impression que les gens ont moins peur de blasphémer l'islam ou que l'islamisme a reculé en France ? Non, bien sûr que non, ça fait 30 ans qu'on fait la même chose alors que ça ne marche pas.
Ça fait des mois que Mila vit sous protection policière. Il faut croire qu'écrire #JeSuisMila sur les réseaux sociaux n'a pas plus marché qu'écrire #JeSuisCharlie. Ce sera pareil avec #JeSuisProf. Je comprends l'envie d'exprimer sa solidarité, mais ça ne règlera pas le problème.
Ça m'avait complètement échappé, mais plus de 4 mois après la fin des prélèvements, l'Inserm et la DREES ont enfin publié les résultats de l'enquête Epicov, qui permet de savoir combien de gens ont vraiment été infectés pendant la première vague. 1/n drees.solidarites-sante.gouv.fr/etudes-et-stat…
En effet, cette enquête a rassemblé un échantillon représentatif de la population, dont les membres ont fait l'objet d'un test sérologique. Ça évite les biais de sélection qu'il y a quand on se base sur les cas confirmés par PCR et de fait certains résultats sont inattendus. 2/n
Je suis cependant plutôt déçu car, même s'ils ont enrôlé ~135 000 personnes, seulement ~12 400 ont été testés. Ce n'est pas suffisant pour estimer précisément la prévalence du virus par département, sauf pour les départements les plus touchés qui ont été suréchantillonnés. 3/n
Est-ce que les données sur le taux de remplissage des unités de réanimation par jour et par département ou éventuellement par région sont disponibles quelque part ?
Parce que Macron s'est vanté de la transparence du gouvernement, qui publie soi-disant tous les indicateurs, mais je vois mal comment on peut juger de la pertinence des mesures prises si on ne connaît pas la trajectoire du taux de remplissage dans chaque endroit.
Je sais que le jeu de données publié par Santé France contient les informations sur le nombre d'admissions et de sorties quotidiennes en réanimation, mais je veux savoir quel est le taux de remplissage, ce qui n'est pas la même chose.
Je vois que tout le monde reprend déjà les résultats de cette étude de l'Observatoire des violences sexuelles et sexistes dans l'enseignement supérieur (OVSS), mais ils ne sont absolument pas fiables. 1/n
Le problème de cette étude, c'est que l'échantillon n'était pas aléatoire (observatoire-vss.com/wp-content/upl…), car le questionnaire a apparemment été diffusé principalement par les étudiants eux-mêmes sur les réseaux sociaux et dans une moindre mesure par des canaux institutionnels. 2/n
Ça pose un problème évident de biais de sélection, car il est extrêmement probable que les étudiants ayant été victimes de viols ou d'agressions sexuelles avaient une probabilité plus grande de répondre, donc l'échantillon n'était sans doute pas représentatif. 3/n