Après une pause salutaire suivant l'horrible attentat de Conflans, je reviens ici mais avec une conviction désormais solide: Twitter est dangereux.
Twitter vous donne l'impression d'être un espace d'expression, c'est surtout un chaudron de radicalisation.
Twitter se fait passer pour l'agora de la démocratie athénienne, c'est surtout une chambre d'écho pour les égouts de la pensée, où dominent structurellement les plus provocatrices et les plus extrémistes -et dans le domaine scientifique, les thèses les plus farfelues.
Twitter vous met en danger personnellement.
Si vous vous y faites harceler ou même menacer de mort, Twitter fera son possible pour entraver le travail de la Justice - j'en ai fait l'amère expérience.
Je ne parle pas de nonchalance mais bien d'entrave active.
Par sa scandaleuse modération, Twitter peut vous exposer à du contenu haineux, conspirationniste voire terroriste.
Dangereux pour ses utilisateurs, Twitter l'est aussi pour la démocratie.
Théâtre de raids, il pousse chacun à l'enfermement au sein d'une bulle affinitaire et à la fragmentation avec pour conséquence de radicaliser et dégrader le débat public.
Twitter n'est pas la vraie vie, dit-on, mais Twitter impacte la vraie vie, dictant les éléments de langage des politiques et le casting des émissions de télé.
Il faut VRAIMENT repenser la façon dont nous nous informons et dont nous menons les débats publics. Se redonner d'urgence du temps, réaménager des espaces d'échanges intelligents.
Les réseaux sociaux, tout comme la plupart des émissions de plateau, sont un ersatz d'information.
L'information forge des citoyens éclairés. Les réseaux sociaux et les déblatérations des plateaux télé fabriquent surtout des haters.
Alors bien sûr, j'ai eu la chance de rencontrer des personnes formidables ici. C'est bien tout ce qui me fait rester. À vous tous, mes amis, je tiens à le répéter: prenez soin de vous.
Gardez vos distances et la tête froide. Si jamais vous sentez la colère qui monte en vous alors que vous parcourez votre timeline: décrochez sans attendre. Allez prendre un journal ou un bon bouquin. Cela vous permettra de ne pas devenir comme ceux qui vous font horreur.
PS: je n'ai pas évoqué ci-dessus Facebook, que j'ai déserté il y déjà longtemps déjà. Mais si vous voulez un aperçu de combien ce dernier se fiche du monde, vous pouvez dérouler:
"Twitter, dans le pire des cas, a cette possibilité unique d'amplifier l'opposition et d'aplanir toute complexité. Parfois, je pense que Twitter est la pire chose qui soit arrivée au journalisme."
Signalé par l'excellent @RunTheMouth.
Les amis @NicolasQuenel, @antoinehasday et @Paugog publient un article très fort dans @nextinpact.
Ils ont levé un lièvre avec Observateur continental, un petit site de "réinformation" lancé l'an dernier... dont vous n'avez sans doute jamais entendu parler. #thread#fil
Vous pouvez lire l'article ici (oui, je sais, il faut être abonné ou s'abonner. La presse est *aussi* une activité économique). nextinpact.com/news/109064-le…
Cet article reprend une investigation réalisée par les copains de @DisinfoEU, que je vous invite fort à lire également.
Le rapport est ici (toute la partie technique sur l'attribution y est beaucoup plus développée que dans l'article) ⤵️ disinfo.eu/wp-content/upl…
Pour vous éviter de tweeter n’importe quoi sur les attentats au #SriLanka, je vous traduis ci-dessous ce thread d’@AmarAmarasingam.
Pro tip: il est à la fois une sommité de la recherche en terrorisme ET un excellent connaisseur du pays.
Commençons par ici: le Sri Lanka est extrêmement complexe sur le plan ethno-religieux et beaucoup de médias sont susceptibles de se tromper.
Sur les 20 à 22 millions d'habitants du Sri Lanka, les Cinghalais constituent le groupe ethnique majoritaire, avec 74 %. Ils sont majoritairement bouddhistes et parlent le cinghalais.
▶️ Il me semble important de faire un point sur la vague de harcèlement et de menaces de mort qui m’a visé au début du mois.
Son ampleur était colossale comme le montre ce graphique: de 200 mentions le 30 janvier, on passe à 6-7.000 les 1er et 2 février. L’immense majorité des tweets ces deux jours participent au harcèlement.
Le second pic du 5 février correspond principalement aux tweets de soutien.
J’ai requis l’assistance de prestataires en sécurité informatique qui ont procédé à l’extraction de plus de 20.000 tweets, qui soit me mentionnaient, soit répondaient aux principaux messages me désignant, même sans mention de mon nom, ou des RT avec commentaire de ces tweets.