Carte du taux d'incidence par département (nombre de cas détectés pour 100 000 habitants sur les 7 derniers jours disponibles, ici du 20 au 26 octobre).
La France était à 268,7 jeudi dernier (274,8 après consolidation), aujourd'hui elle est à 416,5.
Félicitations au gouvernement pour son grand chelem ! Par sa nullité stupéfiante, l'exécutif est parvenu à noircir toute la France métropolitaine en 15 semaines. Nous pouvons à présent lui décerner le label IOC (Incompétence d'Origine Contrôlée).
[Dépistage ×4 depuis juillet.]
Pour la légende, je rappelle qu'elle est basée sur les intervalles qu'utilisait SPF initialement…
0 à 10
10 à 20
20 à 50
50+
… auxquels j'avais rajouté moins de 1 et 100+ (ils utilisaient eux aussi ce critère pour distinguer, à l'époque, les départements en pointe...).
Donc maintenant, tout va rester noir jusqu'à ce qu'on redescende. Même si ça ne permet plus de distinguer les nuances entre "très mauvais" et "désastre total," je dirais que le fait que tout soit devenu noir pile au moment où on reconfine prouve que la carte fonctionne.
Le taux d'incidence par classe d'âge.
Notez l'hécatombe qui s'annonce en Ehpad avec les 90+…
Les 0-9 ans sont toujours sous-dépistés par un facteur 4 comparé à leur poids dans la population.
La part des >40 ans (âge médian = 41 ans) dans les tests positifs a augmenté depuis fin août, de 33 à 52%. Reflète en partie une évolution de la politique de dépistage, biaisée envers les symptomatiques, mais il y a eu un réel passage de bâton générationnel.
23,2% des tests positifs concernent des 60+, contre 11% au point bas fin août.
Le nombre de tests positifs chez les 60+ a doublé en 10 jours. Chez les 90+, surexposés par la dépendance, c'est x2 en 7 à 8 jours.
Les hospitalisations et les décès ont doublé en 10 jours.
Les réas augmentent plus lentement, x2 en 14 jours.
Une échelle pour évaluer la hauteur de la vague hospitalière.
Sur le plan national, on est à 63% de la première vague. ARA, PACA, OCC, BFC et NOR ont dépassé le pic de leur première vague.
PDL, NAQ, BRE et HDF sont les prochains candidats.
SARS-CoV-2 à l'assaut de la jugulaire hospitalière.
Synthèse : sans surprise, tout est épouvantablement mauvais.
À cette heure, je dirais qu'autour de 10% de la population a été infectée depuis le début de l'épidémie.
S'il y a eu un doublement depuis la semaine 42 (on est en 44), on dépassera le pic de la première vague.
La deuxième vague déferle avec violence sur la France. Elle a probablement déjà dépassé la première en hauteur (à confirmer dans les jours à venir). Elle doit être supprimée au plus vite par un confinement total pour limiter l'hécatombe lors de la descente.
La gravité de la situation peut se résumer simplement :
• Sauf gros ralentissement pendant les vacances (qu'on mesurerait dans les prochains jours), on est plus haut qu'en mars
• On freine plus tard qu'en mars
• On freine moins fort qu'en mars
On avait écrit ici, le 15 octobre (il y a maintenant un doublement), qu'il fallait reconfiner. Comme en mars, Macron a confiné 15 jours trop tard. Par cette répétition de la même erreur, il porte déjà la responsabilité d'un pic 2 fois plus haut.
Du point de vue sanitaire, l'intervention de Macron est un contresens. Il dit lui-même que la deuxième vague est plus sévère, et donc... il ferme moins. En laissant totalement ouverte l'énorme machine à contacts qu'est le système scolaire.
Par ce seul fait, le confinement de novembre n'est pas le confinement de mars et on ne peut pas partir du principe que l'on va automatiquement atteindre un R aussi bas qu'à l'époque (entre 0,6 et 0,7 selon les modèles).
En moyenne sur 7 jours, on est aujourd'hui à 212 décès à l'hôpital, avec une trajectoire de doublement tous les 10 jours. Si Macron a initié un pic épidémique hier, les décès cesseront de grimper dans 3 semaines (semaine 47), soit potentiellement 2 doublements.
Donc, dans le pire des scénarios (vitesse inchangée avant effet du confinement), le pic des décès à l'hôpital pourrait aller jusqu'à plus de 800 contre 500 (en moyenne sur 7j) lors de la première vague. À quoi il faudra encore rajouter les décès en Ehpad (et un peu à domicile).
Soit un pic qui pourrait dépasser les 1000 décès par jour.
Le pic de la première vague était entre 900 et 1000 décès (excès de mortalité Insee début avril), immédiatement suivi d'une descente assez rapide.
Si Macron a encore foiré son intervention et que le R, au lieu de passer sous 1, reste autour de 1, on reste coincé sur un plateau-abattoir au niveau du pic. Jusqu'à ce que Macron ré-intervienne pour faire baisser la transmission (il y a une clause de revoyure tous les 15 jours).
Comme on est sans doute montés encore plus haut que la première vague, on a besoin de la descente la plus rapide et la plus puissante possible pour limiter la casse.
Ce qui implique d'avoir le R le plus bas possible, donc de couper le plus de contacts sociaux à potentiel de transmission. Par exemple, une énorme institution qui grouperait pendant des heures dans des espaces clos des millions d'enfants venus de foyers différents.
Il existe un pays qui a descendu le pic élevé de sa première vague avec les écoles ouvertes et un régime de restrictions inférieur à celui de ses voisins. C'est la Suède.
Pour voir la différence, on va comparer la descente française (confinement assez strict avec écoles fermées) lors de la première vague avec la descente suédoise (moins contraignante, une bonne partie du système scolaire ouvert).
Ici, les décès alignés au pic et ramenés à la même proportion.
La France met 22 jours à diviser par 2, contre 35-40 pour la Suède.
La France met 36 jours à diviser par 4, contre 70 pour la Suède.
La France met 55 jours à diviser par 10, contre 92 pour la Suède.
Différence identique dans le rythme de décroissance pour les entrées en réa. La descente suédoise est très lente, 34 jours pour diviser le pic par 2, tandis que la France divise par 8+ pendant le même laps de temps. Cf. la différence d'aire.
C'est cette descente-abattoir, freinée par un taux de contact supérieur à celui d'un confinement franc, qui a fait que la Suède a fini par dépasser la France dans le bilan des décès par tête, alors qu'on était initialement devant.
Il y a une grande différence de puissance de descente entre un confinement strict qui obtient un R bas (0,67 en France chez Salje et al.) en broyant le taux de contact, et un régime de restrictions inférieur qui s'englue dans un R plus haut en Suède, sans doute entre 0,8 et 0,9.
Et Macron a clairement choisi la seconde option.
En première vague, avec la puissance du confinement dans le dos pour dévaler la pente, presque les deux tiers des décès à l'hôpital avaient eu lieu durant la descente. À méditer…
On nous avance l'Irlande comme exemple. L'Irlande a décidé de confiner le 19 octobre à 155 d'incidence… et a passé son pic le 21. Ils pratiquent un confinement d'"essorage" : ils avaient déjà cassé l'exponentielle, et là ils consolident en faisant rétrécir l'épidémie.
La France n'est pas du tout dans cette situation. On est, comme le 16 mars, dans un confinement d'urgence après avoir totalement perdu la maîtrise de l'épidémie. On n'a pas le luxe de décider, comme l'Irlande qui commençait DÉJÀ à descendre, ce qui peut rester branché ou pas.
L'Irlande peut se permettre de négocier (ils font ça pour être tranquille à Noël) parce qu'elle avait déjà pris des mesures efficaces auparavant. À 400+ d'incidence quand le confinement est annoncé, on ne négocie plus rien, on ferme toutes les vannes et on croise les doigts.
Une descente de courbe SARS-CoV-2, ce n'est pas le toboggan à pandas... Ça ne glisse pas tout seul dans l'aisance jusqu'à atteindre le plateau bas.
Au point où on est, il ne faut pas seulement descendre, il faut descendre VITE. Donc il faut de la puissance de descente, et pour ça il faut fermer un maximum. Plus on ferme, plus ça descend vite, plus on peut rouvrir vite. C'est un investissement.
Israël, qui avait fait naufrage par les écoles, les a fermées lors de son confinement (effectif le 18/09). Pic à 478 d'incidence fin septembre, ils sont actuellement sous 60 (un mois plus tard).
On pose ça là.
On a eu l'occasion de répéter que la riposte graduée (attendre qu'un seuil soit franchi pour décider d'une petite restriction, suivie d'une nouvelle petite restriction quand le seuil suivant est franchi, etc.) ne rimait à rien face à une exponentielle.
Cette approche d'une stupidité criante nous a fait couler très vite : quand on est déjà à 120 d'incidence peu après la rentrée, on peut difficilement chouiner sur une "accélération brutale" quand l'exponentielle reprend. Encore une fois, on avait prévenu et tout était prévisible.
Eh bien, on dirait que Macron conceptualise aussi le confinement comme une "riposte graduée". On apprend ainsi, par les fuites organisées, que l'exécutif se réserve par exemple la possibilité de fermer les lycées plus tard si les chiffres sont mauvais.
C'est-à-dire qu'au lieu de prendre les restrictions maximales PUIS d'alléger lorsque ça a baissé, ils tentent de gratter au départ. Au risque que ça ne baisse pas suffisamment, d'où nécessité de ré-intervenir avec retard, avec entre temps de la sur-contamination évitable, etc.
Ils savent parfaitement que ce confinement va être long (compter au moins 3 mois pour supprimer cette vague avec un régime de restrictions sévère). Et ils ne font rien pour l'abréger puisqu'ils laissent plein de lieux ouverts...
Ici, une étude basée sur les interventions dans 131 pays. Sur le podium des interventions les plus efficaces pour baisser le R, et donc avoir un confinement plus court et efficace ? Fermer les écoles et les lieux de travail.
• Macron a laissé ouvertes les principales artères de circulation, donc pas de certitude que le R passe sous 1
• Même si c'est le cas, peu probable qu'on obtienne un R bas (sous 0,7) pour bien descendre vite
• Avec un R < 1 mais poussif (entre 0,8 et 0,9), casse sanitaire plus élevée et effet abattoir à proportion de la lenteur de la descente
• Descente plus lente = prolongement de l'épreuve = sous-optimal sur le plan économique aussi
• Pour Noël, comment dire...
La rentrée scolaire ne doit pas avoir lieu. D'abord on supprime la vague, ensuite on rouvre après avoir regagné du terrain et sécurisé nos positions. C'est ça le bon jeu défensif face à SARS-CoV-2.
Quant à savoir pourquoi Macron a choisi cette voie, comme d'habitude ces messieurs ont leurs priorités...
Rappel de mars : à peine 3 jours après le début du confinement, une batterie d'appels à la reprise du travail alors que nous n'avions RIEN — ni masques, ni tests, ni la moindre assurance quant à notre avenir. Ils n'ont pas changé le positionnement de leur curseur.
Sur l'école.
Plus de 1% de la population doit être contagieuse actuellement. Sur les 12 millions d'élèves appelés à faire leur rentrée, je vous laisse calculer le nombre d'introductions du virus chaque jour dans les établissements dès lundi prochain.
Le soi-disant "renforcement" annoncé du protocole à l'école, bon... Hormis le masque entre 6 et 11 ans (8 mois après le début de la pandémie, pas trop tôt…), pas de gros changements.
Les fenêtres en oscillo-battant datant du XIIIè siècle ne s'ouvriront pas davantage d'ici lundi, la cantine reste ouverte, ils ne mettent même pas les classes en mi-groupe ! L'épidémie est énorme et leur protocole "renforcé" implique des classes bourrées, c'est une blague ?
À 400+ d'incidence nationale, le seul protocole qui vaille c'est la fermeture. Ils sont complètement tarés de vouloir rouvrir le système scolaire avec une incidence à plus de 1000 (!!) dans certaines villes, 740 en ARA... C'est criminel.
Si vous en avez les moyens, n'envoyez pas vos enfants là-dedans. Jamais l'État ne devrait placer les parents dans ce dilemme vis-à-vis de la santé de leur enfant (les formes graves et le Covid long ça existe aussi chez eux)… et par extension de la leur.
J'espère que les enseignants exerceront leur droit de retrait. Il faudra les soutenir. L'État met directement leur santé et leur vie en danger par son incurie. Avec une prévalence aussi élevée, il y aura fatalement exposition forcée au virus en croisant des centaines d'élèves.
Les descentes depuis un pic élevé sont par nature longues et cruelles. En sous-fermant par court-termisme économique, Macron piège la population dans des situations d'exposition forcée et amplifie le désastre sanitaire.
Encore une fois : quelle est la rationalité sanitaire à confiner moins durement qu'en mars alors qu'on est sans doute plus haut et que l'hôpital a encore moins de place avec les autres patients ? Ça n'a aucun sens.
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Macron vient d'inventer le confinement Canada Dry : ça a l'allure du confinement, le goût du confinement, mais ça ne baisse pas le taux de contact comme le confinement, donc ça va infecter et tuer plein de gens. Une catastrophe vu la hauteur actuelle de la vague.
Sur qui/quoi Macron va-t-il rejeter la faute demain pour se défausser de son écrasante responsabilité dans ce désastre de la deuxième vague ?
À quel point allez-vous avoir la veine lorsque Macron dira « nous n'avons pas réussi collectivement à maîtriser l'épidémie », comme si la responsabilité dans ce fiasco était également partagée ?
Macron commettra-t-il à nouveau l'erreur de déconfiner sans préparation correcte ?
Carte du taux d'incidence par département (nombre de cas détectés pour 100 000 habitants sur les 7 derniers jours disponibles, ici du 13 au 19 octobre).
La France était à 193,1 jeudi dernier (196,7 après consolidation), aujourd'hui elle est à 268,7.
Le bilan de l'incompétence : la situation au début de la deuxième vague (début juillet), et les premières semaines d'octobre. Dépistage ×2,5 à 3,7. #DeuxièmeVague
Le taux d'incidence par classe d'âge.
Les 0-9 ans sont toujours sous-dépistés par un facteur 3,6 comparé à leur poids dans la population.
La tragédie de la deuxième vague, c'est qu'elle ne se produit pas tant qu'on la craint. Car on reste prudents. Du coup, elle ne vient pas. Et comme elle ne vient pas, on ne la craint plus. Donc on lève trop de restrictions, la vigilance baisse et on déclenche la deuxième vague.
3. Piège très classique, très prévisible dans laquelle la France est tombée à pieds joints cet été.
Maintenant que les cigales ont bien dansé tout l'été, sous l'œil apathique des autorités, voici venu l'automne, c'est-à-dire le temps de la facture.
Carte du taux d'incidence par département (nombre de cas détectés pour 100 000 habitants sur les 7 derniers jours disponibles, ici du 29 septembre au 5 octobre).
La France était à 102,8 jeudi dernier (105,8 après consolidation), aujourd'hui elle est à 126,9.