Carte du taux d'incidence par département (nombre de cas détectés pour 100 000 habitants sur les 7 derniers jours disponibles, ici du 13 au 19 octobre).
La France était à 193,1 jeudi dernier (196,7 après consolidation), aujourd'hui elle est à 268,7.
Le bilan de l'incompétence : la situation au début de la deuxième vague (début juillet), et les premières semaines d'octobre. Dépistage ×2,5 à 3,7. #DeuxièmeVague
Le taux d'incidence par classe d'âge.
Les 0-9 ans sont toujours sous-dépistés par un facteur 3,6 comparé à leur poids dans la population.
Sur Géodes, on dispose maintenant de l'incidence à un niveau plus fin, infra-communal, par IRIS (Ilots Regroupés pour l'Information Statistique, que l'Insee utilise pour le recensement).
Le dépistage est reparti à la hausse, la taille énorme de l'épidémie va sans doute le faire sauter à nouveau.
En rouge, le seuil d'alerte (sous lequel Macron a dit vouloir repasser).
Le prochain excès de mortalité Insee.
21% des tests positifs concernent des 60+, contre 11% au point bas fin août.
Le nombre de tests positifs chez les 60+ a doublé en 11 jours. Les 90+ sont surexposés par la vie en Ehpad (x2 en ~8 jours).
Les indicateurs hospitaliers.
Les hospitalisations et les décès ont doublé en 11 jours.
Une échelle pour évaluer la hauteur de la vague hospitalière.
Sur le plan national, on est à 40% de la première vague. ARA, PACA et OCC pourraient bientôt dépasser le pic de leur première vague.
Synthèse et conclusion.
Concernant la hauteur relative de la deuxième vague, je dirais qu'on était environ à la moitié du pic de la mi-mars il y a 2 semaines. La grande surprise des 2 prochaines semaines va être de découvrir jusqu'où on est montés entre temps…
On avait écrit ici, jeudi dernier, que la meilleure décision était de reconfiner au plus vite pour remettre à zéro l'épidémie, puis la bloquer à un niveau très bas pendant des mois. Rien n'a changé sur ce point.
On sera déjà entre 300 et 400 d'incidence quand l'effet des nouvelles conditions (vacances scolaires, couvre-feu, adaptations comportementales) entrera en vigueur.
Notons aussi que les températures sont remontées au-dessus des normales saisonnières depuis deux jours (mardi 20).
L'Irlande a confiné à 155 d'incidence, le Pays de Galles à 175. Israël avait confiné à 250 d'incidence.
Macron a décidé d'un couvre-feu à 21h pour 30% de la population à 193 d'incidence (étendu à 70% de la population à 250).
Dans l'erreur de sous-intervention du monarque, il y avait le fait qu'il n'avait pas annoncé de restrictions pour les 70% restants de la population, simplement appelés à la sobriété sur les contacts. Donc tout reposait sur le volontariat individuel.
8 jours plus tard, sans surprise, la situation s'étant dégradée, réintervention avec retard pour étendre le couvre-feu à 70% de la population. Et toujours rien pour les 30% restants, invités à couler avant d'avoir le droit à des réactions (par ailleurs peu pertinentes).
Encore et toujours l'erreur de la "riposte graduée" : au lieu de tracer en pointillés la trajectoire et d'intervenir par anticipation pour dévier, attendre que les seuils (laxistes) soient franchis (ou proches) pour réagir faiblement, et trop tard.
Le couvre-feu concerne quelques heures effectives. Il n'a pas d'effet sur les gens qui ne sortent pas ou très peu le soir. On voit mal comment le couvre-feu pourrait avoir assez de puissance propre (HORS autres effets type écoles fermées) pour dompter un R entre 1,3 et 1,4.
L'incidence dans certaines métropoles atteint des niveaux délirants. Roubaix 1135, Saint-Étienne 845, Lille 735, Lyon 640, Grenoble 555… Ne pas mettre immédiatement à l'arrêt total ces villes est criminel.
Une stabilisation de l'épidémie à un niveau aussi élevé serait un plateau-abattoir. Il faut descendre, et vite. Macron a dit vouloir revenir à 30-50 d'incidence nationale, mais grosso modo il se contente de sous-traiter cette descente à la population. Ponce Pilate au pouvoir...
Même si les vacances initiaient une décrue, les amorces de descente ne se concrétisent pas forcément. Pour avoir l'assurance de baisser jusqu'au bout, il faut 3+ semaines de descente d'affilée sur des conditions structurelles stables.
Si ça baisse avec les écoles fermées, par exemple, on ne pourra pas supposer que ça va forcément continuer à baisser après la reprise scolaire. Donc toute baisse de transmission pendant ces vacances doit être considérée comme partiellement ou totalement réversible.
Cette deuxième vague est massive, et le refus politique de la supprimer franchement par un reconfinement va faire très mal. Un bilan à 5 chiffres est déjà inévitable, et le premier chiffre ne sera sans doute pas un 1.
Rappelons qu'en première vague, quasiment 20 000 décès ont eu lieu entre le pic des décès début avril et fin juin. L'inertie de l'épidémie est considérable, et les descentes sont longues et cruelles.
Si le pouvoir est tenté par une descente à la suédoise (un régime de restrictions moindre parce que l'on souhaite éviter à tout prix de confiner) : ça finit en descente-abattoir au niveau des contaminations et donc des décès. On sait qui paie au final ce "à tout prix".
La deuxième vague est plus étalée que la première, qui avait été concentrée à 50-60% en IDF et Grand Est. Tous les départements métropolitains avaient eu une première vague, mais le confinement avait cassé la dynamique avant qu'elle ne dégénère méchamment à l'Ouest.
La Lozère, par exemple, avait eu 24 hospitalisations, 1 décès et donc quelques centaines d'infections en première vague (sans doute < 1% de la population touchée). En deuxième vague, elle en est à 45 hospitalisations et 7 décès, et ce n'est pas fini.
La rentrée scolaire ne doit pas avoir lieu. La première moitié de septembre, on avait 60 à 100 d'incidence, là on aura entre 3 et 5 fois plus. Le risque d'épidémie en milieu scolaire étant directement indexé sur l'incidence locale, rouvrir aussi haut serait criminel.
La Corée du Sud, pour calmer sa deuxième vague, avait restreint puis fermé une bonne partie du système scolaire à 4 d'incidence nationale.
Pour sa troisième vague, Hong Kong avait fermé ses écoles en avance à 2...
En France, on est à 270 et il n'y a toujours aucun protocole prévu. Le système scolaire connecte 13+ millions de personnes (donc plusieurs millions de ménages) via 62 000 établissements. Si on rouvre ça, autant épandre directement du SARS-CoV-2 par Canadair, ça ira plus vite.
Plusieurs choses pourraient les forcer à sortir du bois :
• pour l'instant, Noël est annulé. Des repas de famille partout avec une incidence à 3 chiffres, ce serait carnage, et le maintien du Noël marchand les intéresse, donc ils vont être incités se bouger le postérieur.
• La matérialisation de la catastrophe va pousser tant les soignants que la population à réclamer davantage de contrôle de l'épidémie.
• Le seuil des capacités hospitalières reste, comme en première vague, une limite dure, et donc une planche de salut.
En plus de la question des places, l'endurance du virus est infinie — pas celle des soignants, qui ne tiendront pas des mois ainsi.
Ils seront peut-être contraints de se rabattre sur un confinement court pour "essorer" l'épidémie, par exemple en confinant pendant 2-4 semaines pour regagner du terrain en divisant l'incidence par ~2-4.
Auquel cas il faudra leur rétorquer : et pourquoi pas jusqu'à zéro ?
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
La tragédie de la deuxième vague, c'est qu'elle ne se produit pas tant qu'on la craint. Car on reste prudents. Du coup, elle ne vient pas. Et comme elle ne vient pas, on ne la craint plus. Donc on lève trop de restrictions, la vigilance baisse et on déclenche la deuxième vague.
3. Piège très classique, très prévisible dans laquelle la France est tombée à pieds joints cet été.
Maintenant que les cigales ont bien dansé tout l'été, sous l'œil apathique des autorités, voici venu l'automne, c'est-à-dire le temps de la facture.
Carte du taux d'incidence par département (nombre de cas détectés pour 100 000 habitants sur les 7 derniers jours disponibles, ici du 29 septembre au 5 octobre).
La France était à 102,8 jeudi dernier (105,8 après consolidation), aujourd'hui elle est à 126,9.
Carte du taux d'incidence par département (nombre de cas détectés pour 100 000 habitants sur les 7 derniers jours disponibles, ici du 15 au 21 septembre).
La France était à 83,6 jeudi dernier (96,4 après consolidation), aujourd'hui elle est à 102,7.
Sur le point hebdo SPF.
Le R sur tests s'est stabilisé vers 1,1, le R Urgences (passage pour suspicion de Covid) a baissé à 1,25. SPF introduit un troisième calcul à partir des hospitalisations, à 1,28 cette semaine.
Hidalgo : « En quoi le fait de ne plus pouvoir pratiquer de sport va nous aider alors que le sport fait partie justement de ce qui nous permet d’avoir aussi une meilleure santé, des défenses immunitaires plus importantes ? »
« Le Royaume-Uni fait face à une "deuxième vague", a prévenu vendredi Boris Johnson, son gouvernement n’écartant pas l’obligation de devoir recourir à un nouveau confinement général pour toute l’Angleterre comme "dernière ligne de défense" ».
Carte du taux d'incidence par département (nombre de cas détectés pour 100 000 habitants sur les 7 derniers jours disponibles, ici du 8 au 14 septembre).
La France était à 72,3 jeudi dernier (79 après consolidation), aujourd'hui elle est à 83,6.