Comme promis, voici le thread sur les salmonelles ! Ici, je vais décrire rapidement les salmonelles et les classifications des salmonelles 😉
Alors la Salmonella, c'est quoi ? 🦠
Entérobactérie ✅ Bacilles avec des flagelles péritriches (tout autour de la cellule) ✅Gram négatif ✅ 0,7 à 1,5 μm de diamètre✅Superbe photo coloré d'une Salmonelle en contact avec une cellule✅ (crédit NIAID)
Elle provoque des maladies, comme la fièvre typhoïde chez les salmonelle typhiques, ou la salmonellose chez les salmonelles non-typhiques.
Dans mon étude, je me concentre sur les salmonelles non-typhiques, qui provoque des diarrhées, de la fièvre, et de grosses complications chez les personnes fragiles (notamment lorsque la salmonelle se retrouve dans le sang).
Et au niveau de la classification, ça donne quoi ?
Salmonella est une très grande famille de bactérie. Elle contient 2 espèces, S.Bongori et S.enterica. La principale est S.enterica, qui est elle-même divisé en 6 sous-espèces. Je vous mets un schéma parce que ça devient compliqué. crédit : doi: 10.3389/fimmu.2014.00481
Dans ces 6 sous-espèces, la plus connue est enterica, donc ça donne Salmonella enterica subsp. enterica. Jusque-là vous arrivez à suivre ? OK.
Là il faut imaginer qu'il y a encore un niveau dans la classification, qu'on appelle "sérovar".
Un sérovar c'est quoi ? C'est une classification basé sur l'expression des antigénique de surface. C'est définis sur la base des antigènes somatiques O (lipopolysaccharide) et flagellaires H.
Pour simplifier, les salmonelles ont différentes combinaisons de type cellulaire et de flagelles comme illustré ci-dessous. Crédit : thevetgroup
Typiquement, Salmonella présente deux phases flagellaires H, donc quand on décrit un sérovar de Salmonella ça donne "Salmonella (species) serotype (O antigen) : (H1 antigen) : (H2 antigen)".
Exemple : Salmonella enterica subsp enterica 1,4,[5],12:i:1,2. Si certains serovars sont connus, ils ont le droit à un nom. Par exemple, 1,4,[5],12:i:1,2 = Typhimurium. Et comme on est flemmard, on a le droit de dire S.Typhimurium pour aller plus vite.
Tout cela est décrit dans la bible des microbiologistes spécialisés en Salmonella : "Kauffman–White classification" de Pasteur de 2007. Voilà à quoi ça ressemble.
Mais pourquoi je vous parle de tout ça ?
Parce qu'en fait, des sérovars, il y en a 2600. C'est ENORME. Et ces sérovars, ils ont des hôtes différents et des profiles de virulences complètement différents.
Par exemple, S.Typhi est une Salmonella typhique qui se retrouve chez les humains, alors que S.Typhimurium est non typhique, et se retrouve principalement chez la volaille, le porc et l'humain.
Allez, je rajoute un petit coup et après promis, j'arrête.
Je vous ais dit qu'il y avait 2 phases flagelles (le H1 et le H2). Eh bien, chez S.Typhimurium, il arrive que la 2eme phase flagellaire ne soit pas exprimée. On a donc un variant monophasique de S.Typhimurium.
Donc si S.Typhimurium est : 1,4,[5],12:i:1,2 , son variant monophasique est : 1,4,[5],12:i:-.
Si j'en parle, c'est parce que le variant monophasique de S.Typhimurium a été décrit pour la première fois dans les années 90, et depuis il est encore plus prévalent que S.Typhimurium. Pourquoi ? On ne sait pas encore.
Moi, je travaille principalement sur S.Typhimurium (donc Salmonella enterica subsp Typhimurium), son variant monophasique, et S. Mbandaka.
S.Typhimurium et son variant monophasique (1,4,[5],12:i:-) fait parti des sérovars les plus détectés en France et corresponds à 60 % des serovars de Salmonella retrouvés dans le porc.
Crédit : CNR Pasteur rapport de 2019.
D'ailleurs, S.Typhimurium et son variant monophasique font partit des sérovars hautement surveillé et déclaré "Sérovars d’intérêt en santé publique".
S.Mbandaka se retrouve ce sérovar chez les bovins, la volaille et l'humain. La transmission chez l'homme est plus rare que S.Typhimurium, mais elle a été responsable de plusieurs crises sanitaires, comme la contamination de céréales dans plusieurs pays en 2018.
Je vais m'arrêter ici pour la description des salmonelles ! Demain, je parlerais de la caractérisation et des enquêtes épidémiologiques des salmonelles lors d'une crise sanitaire ! Bonne soirée à vous
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D'autres exemples sur l'utilisation de données WGS en sécurité sanitaire :
Par exemple, les Danois ont découvert qu'ils avaient des persistances géographiques de certains types de génome de S.Dublin. Ils ont donc des souches qui sont sur le sol danois depuis 20 ans et qui continuent de causer des épidémies. C'est fou non ?
En Allemagne, le WGS a permis de séparer 3 clusters du même sorovar assez rare. Les données portaient à penser à une seule source, mais en réalité il y en avait 3.
Aujourd'hui, je vais enfin parler de mon domaine : la bio-informatique génomique en sécurité alimentaire ! Je parlerais (enfin) de ma thèse demain, mais aujourd'hui, je voulais vraiment prendre du temps pour introduire le sujet.
Hier, on a pu voir comment était résolu les enquêtes épidémiologiques. Aujourd'hui, je vais vous montrer qu'est-ce que les données WGS peuvent apporter aux analyses.
Je vous ferais également un petit thread sur les techniques de séquençage un peu plus tard si ça vous intéresse 😉
Petit point serovar : hier je vous ais expliqué ce que c'était un sérovar, mais comment on le détermine ?
l y a plusieurs méthodes afin de déterminer microbiologiquement le sérovar d'une Salmonella. PFGE, PCR...je ne vais pas tous les décrire parce que le thread devient long, mais je vais parler de la méthode de référence utilisé par mon laboratoire d'accueil.
A l'ANSES, on utilise le sérotypage par agglutination. Qu'est-ce que c'est ? En gros, c'est réaction spécifique entre un anticorps présent dans un sérum test et un antigène porté par le microorganisme étudié, comme expliqué dans le schema (crédit : ac-montpellier)
Hello hello,
Aujourd'hui comme annoncé, je vais parler de sécurité sanitaire et de caractérisation des Salmonelles.
Je voulais absolument présenter ça avec un exemple concret, et ça a été difficile de trouver quelque chose de bien décrit et publié officiellement en France.
Je vais donc raconter une investigation de cas groupés de Salmonella datant de 2012. C'est un peu vieux, mais l'investigation a très bien été décrite et je ne risque pas de divulguer des informations sensibles 😅
Pour poser les bases, en France, une toxi-infection alimentaire collective (TIAC) est déclarée lorsqu'il existe au moins 2 cas de maladie avec une symptomatologie similaire, souvent gastro-intestinale. En 2018, 1 630 TIAC ont été déclaré.
Dans ce thread, je vais vous parler un peu de mon parcours et comment j'en suis arrivée à faire de la bio-informatique. Il y a deux types de bio-informaticien : les bio-informaticiens de formation et les bio-informaticiens qui ont appris "sur le tas". Moi, je suis de formation.
J'ai commencé à m'y intéresser en terminale quand il fallait choisir son avenir.
J'aimais bien la biologie, et j'avais commencé à faire un peu d'informatique avec l'option "informatique sciences du numérique" (ISN) qui venait d'être mis en place.
Je me suis dit que j'allais continuer dans ces deux domaines. J'ai donc rejoins l'université de Versailles St Quentin en Yvelines @uvsq pour une licence en Biologie-Informatique.
Je vais commencer la journée en vous expliquant un peu ce qu'est la bioinformatique :
Comme @jessica_compbio l'a très bien expliqué, la bioinformatique est une discipline qui se place à l'interface de la biologie et de l'informatique dont l'objectif est de résoudre des problématiques biologiques avec l'utilisation d'outils informatiques .