Hello hello,
Aujourd'hui comme annoncé, je vais parler de sécurité sanitaire et de caractérisation des Salmonelles.
Je voulais absolument présenter ça avec un exemple concret, et ça a été difficile de trouver quelque chose de bien décrit et publié officiellement en France.
Je vais donc raconter une investigation de cas groupés de Salmonella datant de 2012. C'est un peu vieux, mais l'investigation a très bien été décrite et je ne risque pas de divulguer des informations sensibles 😅
Pour poser les bases, en France, une toxi-infection alimentaire collective (TIAC) est déclarée lorsqu'il existe au moins 2 cas de maladie avec une symptomatologie similaire, souvent gastro-intestinale. En 2018, 1 630 TIAC ont été déclaré.
Par rapport aux années précédentes, c'est en augmentation. Mais aujourd'hui, il y a un meilleur suivi des TIAC en France, ce qui peut expliquer cette augmentation. (crédit : Santé Public France)
Salmonella a été confirmé agent pathogène dans 35% des cas. Attention, quand je dis confirmé, c'est-à-dire avec test microbiologique. Beaucoup de TIAC ne sont pas confirmés sur le plan microbiologique, mais seulement sur le plan clinique.
Également, énormément de TIAC ne sont pas déclaré aux autorités. La plupart des TIAC sont déclarés lorsqu'il y a une hospitalisation ou un nombre important de cas.
Bon assez discuté, commençons l'étude de cas. C'est une étude qui date de 2012.
Le 29 juin, le maire d'un petit village de Haute-Savoie contacte la Direction départementale de Haute-Savoie (le DD74) et l'ARS (Agence régionale de santé) afin de signaler des cas de gastroentérite d’une trentaine d’élèves d'une école depuis le lundi 25 juin.
Petite pause ici : En France, les TIAC sont à déclaration obligatoire depuis 1987. Pour déclarer une TIAC, il faut se tourner auprès de l’ARS et/ou de la DD(CS)PP (Direction départementale (de la cohésion sociale) et de la protection des populations).
Comme je l'ai dit auparavant, les TIAC ne sont pas toujours déclarées. Dans ce cas, le rapport indique qu'il y a eu une hospitalisation d'un des élèves, et c'est pour cela que le maire a déclaré la TIAC.
Egalement, 50% des TIAC sont déclarés dans les 3 jours après le premier malade, donc attendre 5j pour déclarer une TIAC n'est pas anodin. (crédit : Santé Public France)
Je reprends : le DD74 a été contacté et commence les investigations : appel à la directrice de l'école afin de connaître les circonstances de cette TIAC, et la liste des élèves absents pour les contacter. La directrice de l'école fait mention d'une fête de l'école le 23 juin.
Au niveau des élèves, on leur donne un questionnaire, qui porte essentiellement sur la description des signes cliniques et la participation ou non au repas de la fête de l’école du samedi 23 juin.
Les personnes malades présentaient toute une fièvre élevée (39-40 °C), des douleurs abdominales importantes et de la diarrhée. L'interrogatoire sur les plats consommés à la fête de l'école ne permettait pas de mettre en évidence un aliment.
Parmi les malades interrogés, 5 avaient présenté des signes cliniques avant la fête de l'école (entre le 17 et le 22 juin).

De son côté, l'ARS investigue du côté de l'hôpital pour avoir des informations sur l'élève hospitalisé.
L'hôpital a réalisé une coproculture (culture bactériologique de selles) sur cet élève hospitalisé et un autre qui était venu aux urgences, mais les résultats ne sont pas encore arrivé.
A ce moment là (toujours le 29 juin), on demande de l'aide à l'investigation à la Cellule de l’Institut de veille sanitaire (InVS) en région (Cire) Rhône-Alpes (maintenant InVS est devenu Santé Public France).
La Cire demande une expertise : on évoque la possibilité d'une source hydrique.
On interroge également la pharmacie du village : elle confirme de nombreux cas depuis le 17 juin, avec une « explosion » depuis le 25 juin.
Les autres pharmacies des villages voisins n'ont rien remarqué. Le phénomène semblait être localisé. A 20h, on demande au maire de faire des prélèvements d'eau et de prendre des mesures de restriction de consommation de l’eau potable sur l’unité de distribution du village.
Le week end passe et l'enquête reprend la semaine suivante. D'un côté, on va récupérer des échantillons d'eaux sur plusieurs points du village, et de l'autre des coprocultures afin de déterminer l'agent pathogène.
Et là, au niveau des coprocultures, surprise surprise, on y trouve pas mal de Salmonella et 0 virus🦠. Les échantillons de Salmonella sont envoyés au Centre National de Référence (CNR) des Salmonella qui se trouve à Pasteur afin de déterminer leur serovar.
Petite note, en France, le CNR de Pasteur récupère les souches humaines de Salmonella, l'ANSES (Agence Nationale Sécurité Sanitaire Alimentaire Nationale) récupère les souches alimentaires de Salmonella.
Je viens de découvrir que le nombre de message dans un thread est limité😱. Je vais faire un autre thread que je mettrais en lien ici à la fin pour la suite.

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