Dans quel état de chaos absurde faut-il avoir mis la réalité pour que de nombreuses personnes voient une théorie complètement farfelues comme la meilleure explication possible de la situation ?
Voilà à mon avis comment il convient d'aborder la question de ce "docu" Fake
1/
Il y a toujours des illuminés isolés pour croire n'importe quoi mais quand c'est un phénomène de grande ampleur sociale c'est qu'il y a un effet de structure derrière qui ne peut pas se réduire à des biais cognitifs ou même à un manque d'éducation. 2/
C'est généralement que ces gens sont dans une situation dans laquelle ils ont RAISON d'y croire, pas parce que c'est la vérité mais parce que c'est l'hypothèse la plus probable d'un point de vue épistémique dans un certain contexte. 3/
Quand on dit "les masques ne servent à rien puis il faut en mettre mais que à l'intérieur et en fait non dehors aussi". "Il faut rester chez soi mais vous pouvez voter et travailler et aller à l'école". "Les enfants ne sont pas contagieux mais ils vont porter des masques"...
4/
Quelle est l'explication la plus probable devant tant d'absurdité? Si vous voyez quelqu'un avec un comportement totalement incoherent vous pensez quoi ? Si c'est dans la rue peut-être est-il fou mais si c'est sur une piste de cirque ou une scène de théâtre ? Le fait-il exprès? 5/
Il y a beaucoup de raisons qui peuvent pousser des gens à croire quelque chose (sociologique, psychologique, historiques, épistémo...). Un facteur important c'est la question de la valeur heuristique et du coût épistémique d'une théorie qui détermine la croyance. 6/
La valeur heuristique c'est en gros le sens explicatif que va apporter la théorie par exemple si je vois un bâton brisé dans un verre et que je le sens droit au toucher dire qu'il y a une illusion d'optique permet d'expliquer les 2 phénomènes ça apporte de la cohérence. 7/
Le coût épistémique c'est la quantité de connaissances/croyances qu'on a déjà qu'il va falloir remettre en cause pour en accepter la théorie. Par exemple la relativité générale à un coût épistémique élevé avec la relativité du temps notamment 8/
Après on va comparer combien ça nous coûte en terme de connaissances avec combien ça nous rapporte en terme de capacité prédictive et explicative et voir si cela vaut le coup de payer.
9/
Ici la théorie coûte chère, elle demande de supposer énormément de choses mais par rapport aux autres théories proposées elle est beaucoup plus performante pour expliquer la situation du point de vue de ceux qui y croient. 10/
À mon avis plutôt que de stigmatiser les gens qui y croient il est plus utile de se demander pourquoi on n'y croit pas. Alors qu'on a aussi les réseaux sociaux, les biais cognitifs, les lacunes éducatives etc...11/
Au final ce n'est pas être pas si rationnelle qu'on aimerait. Peut être qu'on n'y croit pas (et on a raison) juste parce qu'on ne veut pas y croire on refuse peut être l'hypothèse avec le même dogmatisme que ceux qui l'acceptent. Juste parce que notre situation diffère. 12/
On a raison mais on n'y est sûrement pour rien c'est peut être seulement une question de situation dans laquelle on se trouve indépendamment de nos capacités individuelles.
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
L'homme de paille est une simplification outrancière d'une thèse.
Je profite du dernier épisode de @TroncheBiais pour continuer sur les arguments qui ressemblent à des sophismes sans en être.
Donc la question est:
Quand une simplification peut-elle être légitime? 1/ #zététique
Avant d'en proposer je précise le lexique car je ne suis pas sûr qu'il corresponde à celui de la vidéo. L'homme de paille est un paralogisme (raisonnement fallacieux) qui peut-être involontaire ou bien volontaire (dans ce dernier cas seulement on parlera de sophisme). 2/
Donc le premier cas qui me vient à l'idée c'est quand on simplifie une thèse mais en enlevant des éléments qui sont superflus, pour clarifier l'argument, dans ce cas ce n'est pas fallacieux et ça n'est pas pertinent d'accuser d'homme de paille 3/
Il y a bien d'autres exemples pour ce type d'argument dont la validité peut être débattue. On peut penser au sens des mots en #linguistique si c'est l'usage qui définit le sens d'un mot alors il a bien ce sens là en vertu du fait que tout le monde pense qu'il l'a 3/
Si tout le monde appelle ça un pingouin est-ce que c'est pas un peu un pingouin du coup?
Est-ce que vraiment il faut se battre jusqu'à la mort pour appeler ça un manchot ?
Est ce qu'il n'y a pas un sens commun et un sens spécialisé correspondant aux usages commun et spécialisé?4/
La @TroncheBiais se lance dans une série de formats courts sur les sophismes et le premier me semble assez problématiques sur quelques points. C'est dommage, j'espère que la suite sera meilleure. 1/
D'abord ce n'est pas expliqué en quoi une généralisation est "abusive" et donc par corrolaire en quoi consisterait une généralisation correcte, non-abusive. Il me semble donc que la vidéo donne l'impression que la généralisation est forcément fautive heureusement non. 2/
Les 2 exemples des trains me paraissent particulièrement bancals. Quelqu'un qui a pris 600 trains et dont 15 auront été en retard n'en tirera généralement pas pour conclusion que les trains sont toujours en retard. Sauf s'il a vraiment très très envie de le croire. 3/