Quelques mots sur ce texte de Sabbagh, qui distingue trois définitions du racisme : l'idéologie raciste, le racisme "attitudinal" et le racisme systémique.
https://twitter.com/ScPoResearch/status/1331921904568049664
1. Il critique le dernier terme, prétendant qu'il empêcherait de distinguer les mécanismes du racisme (pourquoi ? est-ce que parler de "capitalisme" empêche de s'intéresser aux mécanismes économiques?) ; qu'il ne serait pas efficace politiquement étant effrayant pour les blancs ; 
qu'il amènerait à appeler tout "racisme", ce qui amenuiserait la portée du mot (pourtant, personne ne reproche au terme "sexisme" de s'appliquer à des discours, des violences sexuelles, des discriminations salariales ou des oeuvres de cinéma).
2. Il affirme que seule cette troisième définition du racisme disqualifie la thèse du "racisme anti-blanc", mais que les deux autres l'admettent. Examinons cela ⬇️
2.1. Concernant le racisme attitudinal ("gamme d’attitudes négatives déterminées par l’appartenance perçue de l’individu ciblé"), Sabbagh explique qu'il est le fruit de la "socialisation".
Or, comment pourrait-il y avoir socialisation raciste dans une société sans qu'elle ne soit elle-même structurée par des inégalités raciales, saturées de représentations collectives racistes conscientes ou non ?
2.2. Concernant l'idéologie raciste, Sabbagh explique qu'il s'agit d'un ensemble de propositions formulant l'existence de races aux traits héréditaires, distinctes et hiérarchisables, justifiant la domination de l'une sur l'autre.
Comment pourrait-il y avoir une telle idéologie raciste "anti-blanc", qui ne serait pas simple réaction, quand la catégorie blanc elle-même n'est que le fruit de l'idéologie raciste pluri-centenaire qui crée les blancs et les place au sommet de la pyramide raciale du monde ?
3. Sabbagh affirme finalement que ces 3 définitions du racisme, sont plutôt 3 "formes" qui pourraient exister indépendamment les unes des autres. Une infrastructure sans superstructure, et inversement. Des inégalités matérielles sans justifications idéologiques, et inversement.
➡️ Il conclut en appelant à des travaux empiriques. C'est en effet une meilleure idée que celle de vouloir démontrer théoriquement l'existence potentielle de quelque chose dont l'existence ne semble pouvoir être constatée autrement qu'en citant le clip de Nick Conrad.
(Pendant qu'on y est, qu'il n'hésite pas à ce lancer dans des expériences de psychologie sociale pour vérifier s'il existe quelque chose de semblable au sexisme anti-homme, fruit d'une socialisation occulte des femmes.)
Pour aller plus loin, un texte de l'an dernier. revue-ballast.fr/racisme-anti-b…
(Non mais franchement, qui peut lire les paroles de la chanson de Conrad et y déceler les effets d’une « socialisation » spécifique, quand elles racontent explicitement en miroir - de mauvais goût, sans doute - la traite, l’esclavage et la colonisation des noirs ? 🙄)
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