Thread by @ndaofary

#Thread La transition énergétique ou l’emballement climatique

Ce que chaque jeune de 15 à 35 ans doit savoir sur le réchauffement climatique.

N’hésitez pas à partager ce thread.

Les variations du climat sont un phénomène naturel dans l’histoire de la terre. L’histoire géologique récente (moins 500 000 ans), a connu plusieurs phases de refroidissement intense appelées glaciations (points bas) qui ont été suivies des périodes de réchauffement rapide (pics)

Ces phases de réchauffement sont dues à plusieurs paramètres dont les plus importants sont la présence de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, l’intensité du rayonnement solaire (parfois, le soleil chauffe plus) et des à la trajectoire de la Terre autour du soleil.

L’un de ces paramètres, à savoir la présence de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, est un moteur, sinon le principal moteur, du réchauffement climatique. Ces gaz à effet de serre sont principalement le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O).

Il convient néanmoins de préciser que la présence de gaz à effet de serre dans l’atmosphère est nécessaire à la vie sur Terre. Sans eux, la température moyenne sur Terre serait d’environ -15 degrés Celsius (°C) alors qu’elle est actuellement égale à +15°C.

Une bonne partie de la Terre aurait des températures qui oscilleraient entre 0°C et -30°C, avec des températures encore plus extrêmes sur les continents. Les gaz à effet de serre ne sont donc pas une « pollution » en soi, ils sont même nécessaires à nos équilibres de vie actuels.

Les continents régulent leur température plus difficilement que les océans qui sont constitués par un fluide qui transfère la chaleur en l’occurrence l’eau. Avec une température moyenne de +15°C, notons qu’il fait déjà -10 ° à -40°C au Canada pendant plusieurs mois de l’année ❄️

Quelle serait la situation d’un endroit comme le Canada si la température moyenne de la Terre était de -15° ? Réponse : Le Canada n’existerait tout simplement pas, il serait enfoui en permanence sous d’épaisses couches de glace. C’était presque déjà le cas il y a 30000 ans (👇🏾)

Ces équilibres climatiques sont donc fragiles et toute notre organisation économique et sociale est calibrée sur eux. Une baisse/hausse de quelques degrés de la température moyenne terrestre peut paraitre anodine pour beaucoup, mais elle serait véritablement dramatique pour tous

Faisons une analogie avec le corps humain, dont la température moyenne est autorégulée à 37°C. Tous nos organes et nos fonctions vitales sont calibrés autour de cette température. fr.wikipedia.org/wiki/Températu…

Un humain dont la température corporelle descendrait brusquement à 32°C ou monterait rapidement à 42 °C, soit un différentiel positif ou négatif de « seulement » 5°C, n’aurait pas froid ou chaud : il serait tout simplement mort.

Ainsi, si l’on prend comme référence la moyenne de la température au début de l’ère thermo-industrielle au XIXe siècle et qu’on lui rajoute « seulement » 5°C, la civilisation humaine, plus qu’un réchauffement climatique d’envergure, risque de vivre un effondrement pur et simple.

L’effondrement c’est la destruction subie et brusque de l’economie et de nos modes de vie en raison des multiples rétroactions et probables emballements qu’entrainerait un tel réchauffement. Comment en sommes-nous arrivés là et que risquons- nous collectivement si cela arrivait ?

Depuis la révolution thermo-industrielle du 19e siècle, avec l’avènement des chemins de fer fonctionnant au charbon puis du pétrole, des transports et de l’électricité au XXe siècle, la civilisation humaine a envoyé dans l’atmosphère des centaines de milliards de tonnes de CO2.

Toute notre civilisation est bâtie sur l’énergie que nous tirons de ressources fossiles que l’on brûle : charbon, pétrole et gaz. Ce qui fait dire à Alain Gras dans son excellent livre que nous avons fait « Le choix du feu » alors que les anciennes civilisations s’en méfiaient

Ainsi, le carbone qui était emprisonné dans ces hydrocarbures solides (charbon), liquides (pétrole) et gazeux (méthane), se transforme en CO2 lors de la combustion dans un fourneau ou un moteur, CO2 qui se rajoute aux gaz à effet de serre produits par la nature (volcanisme etc.)

Homo sapiens, c’est- à-dire nous, a également transformé son habitat en produisant des quantités immenses de ciment, matériau universel de construction dont la fabrication à base de calcaire (CaCO3) et à très haute température rejette également du CO2. futura-sciences.com/planete/questi…

Enfin l’humanité, grâce à ces ressources énergétiques facilitant la mécanisation (tracteurs, bateaux). à l’augmentation des rendements agricoles et aux progrès de la médecine et plus largement de la technique, a multiplié sa population par 6 en moins de 200 ans.

Cette hausse inédite de la population mondiale s’est traduite par une hausse des besoins industriels, de la production agricole et de l’élevage, tous consomatteurs d’energie et émetteurs de gaz à effet de serre car basés sur les ressources énergétiques fossiles. Un engrenage 🤷🏾‍♂️ !

Les plus grandes sources agricoles de gaz à effet de serre sont les rejets de méthane (CH4) dus au ruminement et aux pets des vaches et ceux issus des rizières. Le protoxyde d’azote (N2O) est quant à lui produit par une réaction des sols qui sont recouverts d’engrais azotés.

En résumé, jamais dans l’Histoire de l’espèce humaine nous n’avons rejeté autant de gaz à effet de serre dans l’atmosphère en une si courte période (environ 200 ans). Répétons le mot : jamais.

Le CO2 en particulier, gaz responsable des deux tiers de rejets de gaz à effet de serre d’origine anthropique, n’a jamais affiché une telle concentration dans l’atmosphère depuis 800 000 ans. En 2012 par exemple, l’humanité a envoyé 33 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère

Ces rejets d’origine anthropique, bien que représentant une infime partie des rejets naturels de CO2, ont grandement augmenté depuis la révolution thermo-industrielle. Ils connaissent une accélération exponentielle depuis 1950 et la démocratisation de l’accès à l’électricité.

L’origine humaine (ou « origine anthropique ») de l’essentiel du réchauffement climatique actuel est supportée par de nombreux faits, mesures et travaux de milliers de scientifiques climatologues, océanographes, géologues, physiciens etc. regroupés au sein du GIEC.

Lorsque ces émissions de gaz à effet de serre sont évaluées par pays ou zones géographiques, on s’aperçoit qu’en 2012, l’Afrique était responsable d’à peine 4 % des rejets anthropiques de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. Peu d’activité industrielle = peu de CO2. Basique

L’essentiel des rejets de gaz à effet de serre dans le monde proviennent de la Chine (26 %), des USA (16 %),l’Union européenne (13 %), la Russie (6 %), l’Inde (6 %) et du Japon (4 %). Source : U.S. Energy Information Administration (EIA), International Energy Outlook 2016

Si l’humanité veut éviter un emballement climatique ou réchauffement de +4 à +7°C à l’horizon 2100, elle devra convaincre les chinois, américains, indiens ou allemands de fermer leurs centrales à charbon, diminuer leur production industrielle et réduire leurs transports routiers.

Etant donné que ces pays sont les plus puissants militairement, économiquement ou industriellement et que, de surcroît, ils sont engagés dans une course à la croissance économique, une telle hypothèse semble peu probable. Hélas...

Ainsi l’emballement climatique pourra être difficilement évité. La quantité de gaz à effet de serre d’origine anthropique déjà envoyés dans l’atmosphère au cours du XXe siècle entraînera, et c’est dêjà quasi-inéluctable, un réchauffement d’au minimum 1,5°C à l’horizon 2100.

Ce réchauffement minimum de 1,5°C par rapport à l’ère pré-indistrielle est dû à l’inertie des gaz dans l’atmosphère : le CO2 y reste environ 100 ans après y avoir été envoyé, le méthane CH4 environ 12 ans et le protoxyde d’azote N2O environ 120 ans.

Les pays africains bien que ne représentant qu’une infime partie des émissions de gaz à effet de serre, devront tout de même participer à l’effort global de réduction de rejets de gaz à effet de serre. Il n’y a aucune pertinence ni grandeur morale à vouloir devenir une Chine bis

Nos pays devront aussi s’organiser et orienter leurs investissements de manière judicieuse afin de rendre leurs sociétés résilientes aux chocs à venir.

Ces chocs que nous devrions affronter en raison de la crise climatique sont: précipitations accrues dans certaines régions, raréfaction dans d’autres, fonte des glaces entraînant une hausse du niveau des océans,acidification des océans due à l’excès de CO2 qu’ils doivent absorber

augmentation de la fréquence des ouragans, réapparition de maladies dans des zones climatiquement adaptées à des insectes/microbes/virus, vagues de froids extrêmes avec l’arrêt de courants océaniques chauds adoucissant le climat, baisse des volumes de pêche en zone intertropicale

Au Sénégal, les changements climatiques menacent plusieurs villes du littoral comme l’emblématique ville de Saint-Louis, trait d’union fragile entre l’océan atlantique et le fleuve Sénégal. La montée des eaux menace également la ville historique de Rufisque et sa voisine Bargny.

L’avancée de la mer pourrait à nouveau saliniser les terres, notamment dans le Saloum et en Casamance où l’écologiste Haidar El Ali, des ONG comme @Nebeday1 et les populations locales ont beaucoup contribué à la réhabilitation de la mangrove.

L’un des autres dangers des changements climatiques est l’intensification des sécheresses. Fléau pour les hommes et le bétail, la sécheresse pourrait s’accentuer en raison des nombreuses rétroactions océan-atmosphère-chaleur qui régissent la naissance et le déplacement des nuages

Il est par ailleurs connu que les sécheresses extrêmes détériorent les sols qui deviennent trop durs pour être infiltrés par l’eau de pluie, ce qui augmente le risque d’inondation.

C’est donc une multitude de défis aussi bien globaux que locaux que nos politiques publiques doivent adresser. L’une de ces politiques publiques est celle qui organise la question de l’énergie.

Souvent citée comme un des fondements de l’économie, l’énergie, va même au-delà de la production de richesses et de leur commerce. En effet, l’énergie est non seulement un facteur de production économique de premier plan, mais elle détermine la manière dont nous faisons société.

Ceci est fondamental et souvent oublié : la quantité et le type d’énergie déterminent l’organisation sociale et politique. Les moulins, c’est la lenteur. Le charbon, c’est le train et les syndicats. Le pétrole, c’est l’accéleration. L’électricité, c’est l’instantané.

L’énergie fait la société. Son abondance, sa rareté et sa répartition modifient notre rapport à l’espace et au temps, à la Démocratie et au vivre ensemble. C’est ce que dit le penseur Ivan Illich dans son ouvrage « Energie et équité ». À lire ici : dormirajamais.org/illich/

Merci d’avoir lu ce thread. J’espère que vous y aurez appris des choses. Il est pour l’essentiel tiré de mon ouvrage « L’or du Sénégal », disponible sur Amazon amazon.fr/Lor-noir-Sénég… ou en libre téléchargement ici. Le réchauffement climatique n’est pas une opinion mais un fait.