Idée-reçue n°1⃣ : les gens roulent toujours aussi vite
👉En réalité depuis la limitation à 80 km/h, la vitesse moyenne des véhicules légers a diminué de 3,5 km/h.
➡️La vitesse moyenne en ligne droite est passée de 87 km/h (juin 2018) à 83,5 km/h (juillet 2018 à décembre 2019)
Il est intéressant de noter que tous les automobilistes ont diminué leur vitesse, y compris les plus rapides.
➡️La baisse des vitesses concerne l’ensemble de la distribution des vitesses des véhicules légers.
Cependant, on voit que le mesure est encore loin d’être totalement respectée
➡️58% des conducteurs roulent à plus de 80 km/h, dont 23% à plus de 90 km/h
👉L’impact sur la sécurité routière serait sans doute plus important encore si la nouvelle limitation était mieux respectée.
Idée-reçue n°2⃣ : la limitation à 80km/h n’a pas amélioré la sécurité
➡️En réalité, sur les routes dont la vitesse a été limitée à 80 km/h (graphique de gauche), on a dénombré 132 tués en moins en 2018 et 206 en 2019 par rapport à la moyenne des 5 années précédentes.
Sur le reste des routes (graphique de droite du tweet précédent), le nombre de tués est resté stable
👉Cela tend à prouver que la diminution de la mortalité sur les routes concernées est bien liée au passage à 80 km/h et non pas à des facteurs externes ou à une tendance de fond
Dans le détail mois par mois, on observe un décrochage du nombre de tués sur le réseau passé à 80 km/h par rapport au reste du réseau.
➡️Alors que les 2 courbes se suivaient auparavant, elles s’écartent à partir de la mise en place de la mesure en juillet 2018.
Ceci peut-il être dû à des reports de trafic depuis les routes à 80km/h vers le reste du réseau ?
➡️On ne connaît pas précisément les volumes de trafic sur chacun de ces 2 réseaux, mais il est peu probable que cet effet soit significatif.
En 2019, le volume de trafic sur les routes nationales a baissé de 0,6% alors que le trafic a augmenté de 2,2% sur autoroutes
👉Ces variations sont faibles en comparaison du fait que la mortalité a baissé de 12% sur les routes passées à 80km/h par rapport au reste du réseau
L’année 2020 n’a pas pu être analysée en raison de son caractère inhabituel et des 2 confinements
Cependant en janvier et février 2020, la tendance se poursuit :
➡️18 tués de moins sur le réseau à 80km/h par rapport à la période 2013-2017
➡️23 tués de plus sur le reste du réseau
Concernant les blessés, l’évolution est moins nette
Sur les routes à 80 km/h, le nombre d’accidents corporels reste dans la moyenne de 2013-2017 (la tendance à la hausse a cependant été stoppée)
Sur le reste du réseau, les accidents corporels sont à peu près stables également
Le passage au 80km/h aura donc surtout permis de diminuer la gravité des accidents plus que le nombre d’accidents
➡️Le taux de tués (nombre de tués pour 100 accidents) a baissé de 10% en 2019 par rapport à 2013-2017
👉Ce phénomène n’a pas été observé sur le reste du réseau
Idée-reçue n°3⃣ : le 80km/h fait perdre beaucoup de temps
➡️En réalité, la perte de temps se situe autour de 1 seconde par km (un peu moins en semaine, un peu plus le week-end)
👉Ceci a été mesuré à partir par suivi de traces GPS (données réelles donc)
En théorie, passer de 90 à 80 km/h fait perdre 5 secondes/km à vitesse constante
Or en réalité, la vitesse en section courante a diminué de seulement 3,5 km/h
De plus, il faut tenir compte de la congestion, de la présence de camions, d’intersections, traversées de village, etc
Idée-reçue n°4⃣: on ne consomme pas moins à 80 qu'à 90 km/h
➡️En réalité, la diminution de consommation est de 0,2L/100 km
👉Au total ce sont environ 500 millions de L de carburant économisé par an, soit un gain de pouvoir d’achat pour les français de plus de 600 millions €/an
Au passage, cela permet d’économiser plus d’1 million de tonnes de CO2 par an
PS : le tableau présente une petite erreur. Les chiffres sont exprimés en milliers de tonnes de CO2 (et non en milliers de kg, comme indiqué ici)
Idée-reçue n°5⃣ : les français sont très opposés à cette mesure
➡️En réalité, près de la moitié des français sont favorables au 80 km/h
👉Ce pourcentage est passé de 30% en avril 2018 à 48% en juin 2020
👉Les personnes tout à fait opposées sont passées de 40% à 20%
C’est assez classique sur ce type de mesures, à l’image de ce qu’on voit sur les péages urbains : la population est contre au début mais cela s’estompe avec le temps
A Oslo, on est passé de 30% à presque 50% d’opinion favorable au péage urbain et à Stockholm de 33% à près de 70%
De manière plus générale, les politiques de limitation de la place de la voiture sont toujours critiquées au départ mais finissent pas être jugées positivement par les habitants
👉Exemple avec Pontevedra, ville espagnole de 80 000 habitants
Finalement, les bénéfices du 80 km/h l’emportent-ils sur les inconvénients?
Autre formulation : est-ce bien la peine de nous faire perdre du temps pour épargner quelques centaines de vies?
➡️La réponse est oui : le bilan socio-économique est positif et s’élève à 700 millions €
Les principaux bénéfices sont liés à la meilleure sécurité (1,2 milliard €) et aux économies de carburants (251 à 320 millions €)
Le principal coût social est la perte de temps, estimée entre 720 millions et 917 millions €
Mais alors où s’arrêter dans les limitations de vitesse? Aurait-il été encore + bénéfique de limiter à 70 plutôt que 80?
Peut-être
➡️Il serait en tout cas utile d’analyser avec la même rigueur d’autres réductions de vitesse, par ex le passage de 130 à 110, ou de 50 à 30 en ville
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Cette édition 2020 montre quelques bonnes nouvelles dans la prise de conscience mais aussi qu'il reste du boulot
A dérouler ⤵️
Concernant la méthodologie :
➡️1500 français ont été interrogés pour recueillir leurs opinions
➡️Plus original : un échantillon de 200 parlementaires ont été interrogés, ce qui permet de comparer leurs opinions à celles de l'ensemble des français
Comme l'an passé, l'environnement reste la préoccupation n°2 des français, derrières l'emploi
Du côté des parlementaires, c'est également la préoccupation n°2 (mais beaucoup plus loin derrière l'emploi)
L'enquête porte plus précisément sur le programme "Action coeur de ville" lancé en 2017 : 5 milliards d'€ mobilisés par l'Etat pour revitaliser le centre-ville de 222 villes en difficulté
Sur les 80 communes du programme "Action coeur de ville" les plus en difficulté : 80% poursuivent des projets de zones commerciales en périphéries
Ces 80 communes ont déjà un taux de vacance commerciale (vitrines vides) de leur centre-ville supérieur à 10%
On a beaucoup parlé d'urbanisme tactique ces derniers jours et de son apport en vue du déconfinement (trottoirs élargis, pistes cyclables temporaires...)
Voici un thread avec les meilleurs exemples dans le monde trouvés sur le site urb-i.com
C'est une collection d'images issues de Google Streetview à plusieurs dates
Cela permet d'avoir des photos avant/après suite à des travaux
Cette vidéo vous explique le concept en 1min40
2/n
C'est parti pour ma sélection des meilleures photos avant/après dans la catégorie "temporary interventions" qui correspond à des démarches d'urbanisme tactique urb-i.com/before-after-t…
On commence par faire un tour à Bruxelles, boulevard Anspach 3/n
Le commerce de centre-ville se porte mal : le taux de vacance commerciale (vitrines vides) est passé de 7,2% en 2012 à 11,9% en 2018
Comme l’ont montré des auteurs tels que @Olivierrazemon ou Franck Gintrand, la principale cause est la surabondance des zones commerciales en périphérie
➡️On est passé de 500 hypermarchés en 2008 à plus de 2000 aujourd’hui
Et la progression du e-commerce s’ajoute à ce phénomène
Le débat fait rage sur le prix des carburants et on entend beaucoup de choses sur les "perdants" dans cette affaire : les moins aisés? les familles? les ruraux?
Mais que disent les chiffres? (à compléter et discuter de manière constructive)
⬇️à dérouler⬇️
Quelles sont les personnes les plus éloignées de leur lieu de travail?
On entend souvent que ce sont les moins riches qui se retrouvent contraint d'habiter le plus loin
Au-delà de certains cas particuliers, l'éloignement est en réalité proportionnel aux revenus du ménage
De plus, les moins riches utilisent nettement moins la voiture que les catégories supérieures : 38% se rendent au travail en voiture contre 70% pour les catégories les plus aisées.
Au contraire, les moins favorisés recourent plus à la marche, au vélo et aux transports collectifs