1/Je vous réponds vite, puis je vous laisse tranquille.
Je vous concède volontiers 2 points :
- Il y a la loi et il y a les mœurs, et la judiciarisation est un aveu de défaite. Quand on songe à légiférer sur les vêtements ou les poignées de main, c'est un symptôme de crise.
2/Seconde concession : en effet la culture française vit une crise de confiance. Il y a des raisons multiples à cela (j'élude) ; oui, le modèle laïque et républicain est ébranlé. Est-ce honteux? Je ne le crois pas. Parfois un aveu de faiblesse vaut mieux qu'un excès de confiance.
3/Était-ce un aveu de faiblesse d'interdire le voile islamique à l'école ? Assurément : c'était en effet le signe qu'on ne croyait plus aux seules vertus de l'éducation républicaine. D'où le recours à la loi. C'est malheureux, mais c'est parfois nécessaire.
4/"Arbitraire judiciaire, punition des pensées déviantes, interdiction du culte et de la liberté de conscience"? Vous décrivez la France comme on décrirait la Chine ! Je ne vois rien de tout cela. Où sont les prisonniers de conscience ? Où sont les persécutés ?
5/En France des milliers de musulmans, mangent hallal, vont à la mosquée, font leurs prières, vont en pèlerinage. Les restrictions sont très limitées (école, service public). Non, on n'humilie pas les musulmans. Il n'existe aucune loi discriminatoire.
6/Je suis, c'est peu de le dire, très sceptique sur votre usage du paradigme israélien. Ce n'est pas à vous que j'apprendrais l'énorme différence historique, culturelle et géopolitique entre les deux situations. Je ne mentionnerai que deux points :
7/a/L'Etat d'Israël s'est constitué dès l'origine sur un territoire politique majoritairement arabo-musulman : l'hétérogénéité ethnoreligieuse a fait partie dès le début de l'équation sioniste. Ce n'est nullement comparable à l'histoire nationale française.
8/b/ A cette hétérogénéité ethnoreligieuse, Israël a répondu par la dissociation entre nationalité et citoyenneté, ce qui équivaut à reconnaître qu'il y a plusieurs "peuples" dans un même Etat. Et je ne parle ni de la guerre ni des "territoires". Or, c'est impensable en France.
9/Donc, certes, une femme musulmane n'aura aucun problème à garder son voile partout dans des modèles multicuturalistes ou communautaires, mais cela se paie presque toujours d'une asymétrie de droit ou de statut : c'est précisément ce que veut éviter le modèle laïque républicain.
10/Certes le modèle français peut demander beaucoup plus de concessions aux croyants, et parfois même témoigner d'une condescendance inopportune ou d'une incompréhension à leur égard. Mais ce modèle offre en compensation la promesse d'une pleine égalité politique.
11/Il ne s'agit pas de juger un système supérieur à l'autre: la définition des identités nationales est conditionnée par l'histoire et la géographie. Mais je ne suis pas sûr que les musulmans de France auraient beaucoup à gagner à ce que la France s'inspire du modèle israélien...
12/Je dirais même que si l'action des militants laïques dont vous vous méfiez a du sens, c'est d'éviter que se constitue un jour en France une situation "à l'israélienne" : 2 peuples face à face, se toisant de part et d'autre d'un immense contentieux politique et identitaire.
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1/Je pense que vous mésinterprétez l'enjeu du moment. D'abord un aveu : dans la France des années 70-80, j'aurais sans doute eu la même réaction que vous : "la république en danger parce qu'un juif ou un musulman rigoristes refusent de serrer la main d'une femme, quelle farce !"
2/J'irais plus loin encore : s'il y avait en France un nombre stable de Musulmans, comparable à celui des Juifs, et parmi eux, une proportion à peu près stable de rigoristes, les discussions du moment m'apparaîtraient peut-être comme à vous oiseuses, peut-être malsaines.
3/Mais nous ne sommes plus dans la France des années 70-80. Pour des raisons qui tiennent à l'immigration, à la démographie et au prosélytisme, la part de la population musulmane en Europe est en expansion spectaculaire (cf. les livres de Leschi et de Fourquet) depuis 40 ans.
1/Quelques réflexions sur l'affaire Finkielkraut-Duhamel.
Commençons par rétablir la vérité : Finkielkraut a explicitement condamné Duhamel, qu'il a jugé "inexcusable". C'est capital. Sur ce point toute polémique est insultante et malhonnête. #Finkielkraut
2/Il me faut arbitrer entre trois sentiments:
- une vraie estime pour Finkielkraut (que je ne lui retire pas, quels que soient nos désaccords);
- ma consternation à l'annonce de son renvoi brutal de LCI ;
-la conviction qu'il n'en a pas moins dérapé et que ce n'est pas un hasard.
3/L'intervention de Finkielkraut était juridiquement fondée, moralement déplacée et médiatiquement désastreuse.
- Juridiquement fondée parce que, quoi qu'on puisse en penser, la justice dissocie la détournement de mineur de la question du "consentement" (dont elle tient compte).
1/Le dernier billet de Cincinnatus est une mine d'or. Une relecture de Nietzche à la lumière de l'actualité politique, manuel de résistance à la vogue délétère des nouvelles idéologies du ressentiment (identitarismes, intégrismes, posthumanisme, radicalismes de toute obédience).
2/Cincinnatus, à la lumière de Nietzsche (et de... Cavanna : «Les gauchistes sentent le curé froid !»), expose ce qui souvent se cache derrière la rhétorique vindicative des SJW : une haine maladive de l'excellence, des passions tristes, un idéal frelaté de pureté.
3/Cincinnatus montre aussi comment la culpabilité autodestructrice dénoncée par Nietzsche s'est retournée chez nos SJW en une passion de l'incrimination, de l'inculpation généralisée des "autres" : nous sommes entrés dans l'ère d'un procès sans fin.
1/ Le Musée d'Art et d'Histoire du judaïsme rend hommage à Pierre Dac.
Français, juif, patriote, résistant, humaniste. Et cet humour qui est l'autre nom de la liberté. fr.timesofisrael.com/un-peu-de-schm…
2/Pierre Dac fut aussi l'auteur d'une des lettres les plus sublimes de la Résistance, adressée à Philippe Henriot, éditorialiste à Radio-Paris, qui avait mis en doute le patriotisme de celui dont le vrai nom était André Isaac.
3/Evoquant la mémoire de son frère "mort pour la France", Pierre Dac conclut:
"Sur votre tombe (..), il y aura aussi une inscription (...) ainsi libellée: PHILIPPE HENRIOT MORT POUR HITLER FUSILLÉ PAR LES FRANÇAIS. Bonne nuit, Monsieur Henriot. Et dormez bien, si vous le pouvez."
1/Hélas, tous les mots du racisme et de l’antiracisme sont malformés. A commencer par “racisme”, né au 19e s. Depuis la fin du nazisme, rares sont les racistes qui osent encore étayer leur haine par des arguments pseudo-scientifiques. On peut être raciste sans croire aux “races”.
2/Le mot “antisémitisme” est mal né. Inventé au 19e s. pour désigner une hostilité raciale aux Juifs (et à eux seuls), il permet à quelques ignorants d’affirmer qu’un Arabe, étant lui-même sémite, ne peut pas être antisémite. “Antijuivisme” aurait évité le malentendu : trop tard.
3/ Et tous ces mots en “phobe” qui, au lieu de signifier la “peur” (agoraphobe, claustrophobe), désignent (et pathologisent) l’inimitié : xénophobe, homophobe, islamophobe… Or on peut avoir peur de quelque chose qu’on ne déteste pas, et détester quelque chose sans en avoir peur.