Petit thread pour réfuter une ânerie trop souvent lue et entendue, à savoir que Verlaine aurait inventé le vers impair, et ainsi engendré le vers libre, comme l'affirment certains agents à velléités éducatives 🔽 :
Voici par exemple ce que l'on trouve dans la phrase introductive de la fiche sur le poème en prose et le vers libre sur le site Interlettre.com, dans la rubrique BAC : « [...]XIXe siècle[...] Verlaine invente le vers impair et le vers libre fait son apparition[...] »
Une petite recension chronologique va suffire à révéler l'étendue de l'ignorance dont découle cette ridicule assertion.
Début du Lay de Bonne Espérance (heptasyllabes + tétrasyllabes) de Guillaume de Machaut (~1300-1377) :
Un virelai en heptasyllabes de Christine de Pisan (1364-1430) :
Le Rondeau XLVI, composé en pentasyllabes, de Charles d'Orléans (1394-1465) :
N.B. : chaque « Plus, etc. » équivaut à une contraction du refrain « Plus penser que dire ».
Bel Aubépin, de Pierre de Ronsard (1524-1585), formé de sizains où alternent heptasyllabes et trisyllabes :
La merveille des belles, dont les quatrains se composent de deux ennéasyllabes suivis de deux décasyllabes, écrit par François de Malherbe (1555-1628) en 1614 :
La Cigale et la Fourmi, célèbre fable de La Fontaine (1621-1695), est, excepté un trisyllabe, écrite tout entière en heptasyllabes :
Deux brefs extraits de L'Idylle de la Paix de Lully, dont Racine (1639-1699) fut le librettiste. Dans le premier, que des vers impairs ; dans le second, s'enchaînent un alexandrin, un ennéasyllabe, un décasyllabe et un hexasyllabe :
Dans Les Orientales (1829), Victor Hugo (1802-1885) compose la partie VIII du poème Le Feu du ciel en nonains de pentasyllabes :
Le papillons de Gérard de Nerval (1808-1855) sont faits exclusivement d'heptasyllabes et de trisyllabes :
Conclusion : il est absolument crétin et délusoire de faire de Verlaine (1844-1896) l'inventeur du vers impair, ou encore l'annonciateur, voire l'initiateur du vers libre moderne, vu ce qu'il en dit (en décasyllabes) dans Ce livre est sûr de mal plaire (toute fin du XIXe):
N.B. : Un mot est manquant dans le vers « On ne peut [que] sourire à leurs écarts ».
THREADS SUR LA VERSIFICATION, via la critique de cours pour diffusés sur Youtube par « Les Bons Profs ». Cours dont les bévues et imprécisions risquent d'induire en erreur les novices de tout âge.
Acte II :
→ 0'05 « Le rythme du vers ».
Pourquoi avoir appris aux élèves qu'un E suivi d'une consonne doit être prononcé, et soi-même s'en acquitter pendant la lecture oralisée du vers censé avoir illustré la règle, alors même qu'on souhaite parler de rythme ?
Ça n'a aucun sens.
Je fustigeais le choix de ce vers, le qualifiant de « faute pédagogique », et nous allons voir à quel point il est impropre à initier dûment l'auditoire aux notions de césure et d'hémistiche.
THREADS SUR LA VERSIFICATION, via la critique de cours diffusés sur Youtube par « Les Bons Profs ». Cours dont certaines bévues et imprécisions risquent d'induire en erreur les novices de tout âge.
Acte I :
→ 0'50 Sa règle du « E muet » manque de clarté et d'exhaustivité. Mieux vaut dire :
Un E suivi d'une consonne (comme d'un h aspiré) se prononce et compte pour une syllabe, qu'il soit à l'intérieur ou à la fin d'un mot. Devant une voyelle et à la fin du vers, il demeure muet.
On éclaire d'abord la chose par des exemples simples montrant que la prosodie du vers diffère des us du langage courant :
Pour celles et ceux ignorant que le Chant Royal est une forme fixe codifiée, je recopie la description qu'en fait Théodore de Banville dans son Petit traité de poésie française, pp. 224-225 : 🔽
« Le Chant Royal se compose de cinq strophes de onze vers chacune, et d'un Envoi.
Toutes les strophes sont écrites sur des rimes pareilles aux rimes de la première strophe, et les vers de chacune des strophes sont disposés dans le même ordre que les vers de la première strophe.
L'Envoi se compose de cinq vers écrits sur des rimes pareilles aux rimes des cinq vers qui terminent les strophes, — et les cinq vers dont se compose l'Envoi sont disposés comme les cinq vers qui terminent chacune des strophes.