Thread by @Minimaliste13

Passons sur le fond (abject) et regardons la forme : un festival de passives sans agent, d'infinitives et de constructions impersonnelles.

Presque comme si personne ne faisait cette demande atroce aux hôpitaux et si personne n'allait devoir se tuer à la tâche pour y répondre.

https://twitter.com/BFMTV/status/1361046071158390787

"Les hôpitaux français sont sommés" par qui ?
"de se préparer à un éventuel nouvel afflux massif de patients" qui se préparera ?
"L'idée est d'augmenter le nombre de lits" qui le fera ?
"de manière à se tenir prêt" qui se tiendra prêt ?

"en cas de nouvelle flambée épidémique liée aux nouveaux variants" Eh oui, c'est comme ça les épidémies, c'est comme les afflux de patients, ça flambe et ça reflambe et qu'est-ce que vous voulez, c'est totalement imprévisible et personne n'y pouvait rien ces derniers mois.

"L'ensemble des établissements hospitaliers est donc invité" par qui ?
"à activer ou maintenir des plans de mobilisation interne" qui les activera et les maintiendra ?
"voire le plan blanc lorsque cela est jugé nécessaire" jugé nécessaire par qui ?

"Les interventions chirurgicales non-nécessaires" non-nécessaires d'après qui, et qui l'annoncera aux patients ?
"pourraient alors être déprogrammées" déprogrammées par qui ? et reprogrammées par qui ?
"et les renforts de la réserve sanitaire devraient être mobilisés" par qui ?

C'est fou, cette lecture.

Il y a des gens, en principe, qui sont responsables de définir la politique hospitalière et plus généralement de santé publique de la France. C'est comme s'ils n'existaient pas, et en tout cas, il est bien clair qu'ils n'ont aucun rapport avec tout ça.

Il y a d'autres personnes, mais leurs noms et leurs fonctions ne seront pas mentionnés, qui vont concrètement réorganiser leurs services, ouvrir de nouveaux lits, soigner les patients quand les premiers laissent exploser une épidémie (pour la troisième fois en 11 mois).

Ces personnes, osons prononcer leurs noms : des infirmières, des médecins, des aides-soignantes, des anesthésistes, des administratifs du support hospitalier, des ambulanciers, des techniciens de maintenance, de ménage et d'appareillage médical... Pardon pour celles que j'oublie.

Ces personnes vont devoir allonger les heures (encore), déployer des trésors de créativité et de dévouement (encore), prendre des décisions terribles (encore) comme annoncer (encore) le report d'une opération. Puis vivre avec cette décision qu'elles auront dû prendre.

Pour la troisième fois en 11 mois. Sans avoir rien reçu en retour.

Parce que d'autres personnes qu'on ne nomme pas pour les épargner les ont abandonnées à leur sort, encore.

Ces personnes n'ont pas même la grâce d'une seule fonction sujet pour @BFMTV. Pas même une seule.

Je n'ai qu'un mot à leur dire : que nous voyons, que nous comprenons, que lorsque le jour viendra où il faudra changer cela, je serai à leurs côtés.

Et que j'espère que j'aurais pour les défendre ce jour-là un centième de l'énergie et du courage qu'elles ont montré pour nous.