Je vous conseille vivement l'excellent interview de l'économiste @GaelGiraud_CNRS chez @blast_france.
Comme nous sommes sur ce réseau pour faire progresser le débat, je souhaite revenir sur un passage qui m'a fait bondir : le plaidoyer en faveur de l'inflation.
Fil à dérouler...
Selon l'économiste @GaelGiraud_CNRS, "l'inflation rogne les dettes, et ça fait de la redistribution des riches vers les pauvres" car "ça pénalise les créanciers et ça allège le poids de la dette des débiteurs."
Il poursuit le plaidoyer: "Les débiteurs en général ce sont les pauvres, et les créanciers ce sont les riches qui ont prêté aux pauvres. Donc en fait, la dette favorise ceux qui bossent, qui ont un revenu du travail, qui ont dû emprunter pour s'acheter un appartement, une maison"
"...La dette pénalise ceux qui prêtent, qui vivent de la rente. Au lieu de croire que l'inflation c'est le mal absolu, une inflation raisonnable c'est très bien, c'est excellent pour une économie."
Je vais essayer de montrer pourquoi sa description idyllique de l'inflation est loin de refléter la réalité.
L'inflation est un concept complexe et trompeur. J'avais déjà fait un thread sur l'inflation.
L'inflation est la perte du pouvoir d'achat de la monnaie, qui se traduit par une hausse des prix.
L'inflation peut avoir plusieurs origines :
- une offre manquante (des produits et services en quantité insuffisante)
- une demande plus forte
- une prolifération monétaire
Dans un système productiviste comme le notre, ou l'offre précède très souvent la demande, l'inflation est provoquée par la prolifération monétaire. Ce sont principalement les banques commerciales qui créent la monnaie lorsqu'un crédit est octroyé.
Dans notre système actuel, la monnaie et le crédit sont encastrés : la monnaie est la coquille de la dette. Plus les banques offrent des crédits, plus de monnaie est créée, et plus les banques touchent des intérêts.
Source : economie.gouv.fr/facileco/creat….
Dans les pays développés, grâce à la prolifération de crédits, et surtout les crédits immobiliers, les banques ont réussi à capter plus de 18% des richesses créées en 2008 ! Aujourd'hui ce chiffre tourne autour de 7%.
Source : Natixis
Le PNB de nos banques (chiffre d'affaire qui comprend les intérêts et les commissions perçus) est de l'ordre de 160 milliards d'€ ! À comparer au 250 milliards d'€ des ressources nettes du budget.
Les banques ponctionnent à l'économie l'équivalent de 60% des recettes fiscales !
Ainsi, l'inflation est le fait de la prolifération monétaire provoquée par les banques commerciales. Rappelons que celles-ci ne possèdent presque pas l'argent prêté. Donc en tant que principaux prêteurs, les banques profitent des intérêts touchés sans être lésés par l'inflation.
Donc c'est faux de dire que "l'inflation pénalise les créanciers". Au contraire, le seul but des banques est de se faire rembourser de la monnaie qu'elles ont créé à partir de rien, pour la détruire et toucher des intérêts.
Donc si l'inflation, qu'elles ont provoquée, facilite le remboursement des crédits octroyés, les banques sont heureuses ! Ce sont les épargnants qui ont gardé le fruit de leur travail en liquide qui sont les dindons de la farce !
De plus, puisque l'inflation calculée par l'INSEE ne prend pas en compte la hausse des prix de l'immobilier (le loyer ne compte que pour 6% du panier), ce sont les locataires et les jeunes qui s'appauvrissent !
Qui peut se loger avec 180€ lorsqu'il gagne 3000€ par mois ??
Les banques se sont engouffrées dans cette faille de l'INSEE, et à partir de l'an 2000, elles ont bourré la mule de crédits immobiliers, quadruplant le stock de crédits. Cette prolifération monétaire par le crédit immobilier a provoqué une hausse des prix vertigineuse !
Donc l'inflation du prix de l'immobilier a profité aux banques (qui ont sucré plus de 18% des richesses créées en 2008) et aux ménages anciennement endettés. Mais tous ceux nés après 1980 se sont faits avoir dans l'histoire !
Tous les boomers qui ont fait de l'investissement locatif ont profité de cette inflation provoquée par les banques. Ces investisseurs ont vu le prix de leur actif augmenter, ainsi que les loyers, ce qui facilite le remboursement des mensualités de crédit.
Selon Giraud : "L'inflation favorise ceux qui ont un revenu du travail". Encore faut-il que leur salaire soient indexés sur l'inflation!
Depuis 2012, alors que les banques sont responsables de la crise de 2008, les fonctionnaires en payent le prix, avec le quasi gel des salaires.
Les professeurs pâtissent de l'érosion de leur pouvoir d'achat. Pour un professeur qui est locataire ou qui compte acheter un logement, la punition est double : il est lésé par le gel des salaires et par la hausse de l'immobilier que l'INSEE néglige pour calculer l'inflation.
L'inflation profite surtout à ceux qui se sont endettés avant les autres, comme dans un système de Ponzi, où plus vous rentrez tôt dans le système, plus vous êtes gagnants. Les plus jeunes et ceux qui n'ont pas voulu céder au chant des sirènes de la dette sont les grands lésés.
Les grands gagnants sont aussi les milliardaires et les pros de l'effet de levier, qui sont les clients préférés des banquiers, puisqu'ils leur prennent des crédits en grandes quantités pour décupler leur richesse sur le dos des autres, et souvent des travailleurs !
Aucune fortune de milliardaires français ne s'est faite sans usage à outrance du crédit. Bernard #Arnault a construit son empire sur le crédit. #Drahi, qui possède #BFMTV entre autres, s'est endetté de plus de 50 millards d'€ à lui tout seul.
L'inflation profite surtout à ces requins du crédit. Elle leur facilite les remboursements, et leur permet de concentrer sur eux les richesses. Nous sommes loin du tableau dressé par @GaelGiraud_CNRS, d'une inflation qui permet "une redistribution des riches vers les pauvres".
L'inflation moderne est le fruit amer de la dette avec intérêts, du commerce du crédit, du commerce du temps.
Or notre temps est un "don" qui nous appartient, et personne n'est en droit d'en faire commerce.
Donc l'inflation est le fruit d'un "mal absolu", celui de l'usure.
Mis à part ce point de désaccord profond, je réitère mon conseil pour suivre cet excellent entretien. C'est vraiment dommage que la France laisse filer aux États-Unis un économiste de cette envergure. Cela en dit long sur l'état du pays !

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5 Feb
La monnaie miroir, la monnaie illusoire

C'est l'histoire d'un jeune homme qui voulait devenir riche. Un jour, alors qu'il flâne aux puces de Montreuil, un miroir l'intrigue :
- "Combien pour ce vieux miroir ?" demande-t-il aux vieil homme qui tenait la boutique

A dérouler...
- "Donne m'en ce que tu veux, ce satané miroir m'a rendu riche, mais il m'a volé ma vie..." lui répond le vieil homme sur un ton désabusé.

"Encore un vieux blasé par la vie", se dit le jeune homme, "je le prends et à moi la richesse !"
Arrivé chez lui, il pose le miroir et se met à lui parler :
- "Miroir, au mon beau miroir, alors, explique moi comment devenir riche ?", lui demande-t-il
- "Va prendre un crédit chez ton banquier pour suivre de longues études" lui répond le miroir
Read 15 tweets
31 Jan
@HtamNet @LoicNgy J'en parle souvent. La monnaie créée par les banques centrales fait baisser mécaniquement les taux de rendements du marché obligataire, poussant les investisseurs vers des actifs plus risqués : junk bonds, actions, dérivés, d'où la montée en puissance des fonds spéculatifs.
/1
@HtamNet @LoicNgy En agissant ainsi, les banques centrales qui ont baissé artificiellement les risques sur le marché obligataire, ne fait que transférer le risque sur d'autres classes d'actifs, ou les investisseurs cherchent du rendement en prenant des risques élevés.
/2
@HtamNet @LoicNgy Cela crée de l'entropie dans ces marchés, de la prise de risque démesurée des agents économiques, dont les fonds spéculatifs et les petits investisseurs, ne sont que des acteurs de cet écosystème instable.
/3
Read 7 tweets
30 Jan
Le mouvement #GameStop est une guerre que mènent des jeunes attirés par le fun, les gains et le sang. Mais c'est aussi l'occasion pour certaines victimes collatérales de la crise de 2008, de se venger de la #finance prédatrice, en s'attaquant à elle avec ses propres armes ! ImageImage
"Le rêve américain, c'est juste de ne pas mourir endetté".
Une vidéo à visionner pour comprendre où nous mène le concept de monnaie-dette : tout pour les privilégiés de ce système, la dette et la misère pour les autres.
Image
Qu'avons-nous appris de la crise de 2008 ?
En pleine crise sanitaire, le système bancaire a dépossédé des logements aux plus précaires.
La société a sauvé les banques du chaos financier en 2008. En remerciement, les banques s'attaquent aux plus précaires !
Read 4 tweets
29 Jan
Notre monde est pollué par les idées de #Calvin jusqu'à celles de #Turgot: tous les raisonnements deviennent possibles, même les plus absurdes.
Selon #Aristote, la monnaie n'est qu'un moyen pour les échanges, rien de plus. L'erreur a été d'accepter d'en faire un bien qui se loue.
Notre monde est malade des idées des petits malins qui ont défié la sagesse des philosophes grecs et la sagesse des Livres monothéistes. Ils ont élevé la monnaie au niveau de la matière et de l'énergie, alors que la monnaie n'est une construction d'esprit pour les mesurer.
C'est très conceptuel ce que je vous écris, mais tellement essentiel. Aucun économiste moderne ne remet en cause ce caractère puissant de la monnaie qui fait d'une conception (censée faciliter les échanges commerciaux) notre maître à tous.
Read 8 tweets
19 Jan
Les philosophes grecs faisaient une différence entre la matière (soma) qui nous attire, et l'esprit (noüs) qui permet de nous élever grâce à la raison et à l'intellect.
Notre société moderne nourrit constamment le soma qui est en nous en attisant nos désirs et nos passions.
Il serait bon de nous élever par la raison et l'intellect (noüs), de nous extraire de la tentation imposée par la matière (soma). C'est un combat qu'il nous incombe de mener d'abord contre nous-même.
Une façon de s'élever est de résister à la tentation du consumérisme, à relativiser la possession.
Une autre façon de rééquilibrer le corps et l'esprit, est de se connecter à la Nature, de contempler la création et de méditer sur les mystères de l'Univers et de son origine.
Read 4 tweets
16 Jan
Nous vivons une période paradoxale : jamais le savoir et la connaissance scientifique n'ont été aussi répondus dans la société ; en même temps, le bon sens a quasiment disparu : le discernement est devenu une denrée rare, à tel point que celui qui l'exprime passe pour un fou.
C'est la sagesse au sens des philosophes grecs qui manque à notre société. La sagesse est la capacité de jugement, le sens de l'analyse profonde des choses, le bon sens... Pas besoin d'avoir fait des études poussées pour en être pourvu.
Pourtant notre système éducatif sélectionne principalement les individus dociles, les perroquets intellectuels. Ceux-là sont soumis au système, incapables de remettre en question un modèle à la dérive, fait d'incohérences et de déséquilibres. Ils s'adaptent docilement au système.
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