Une chose qu'on ignore souvent : l'élevage en France est une industrie très concentrée où une minorité d'exploitations contrôle la grande majorité de la production.
12% des élevages produisent 70% des poules pondeuses.
14% des élevages produisent 65% des porcs. 🔽 (1/6)
Pour les porcs, on observe en effet que 65% des porcs sont élevés dans des exploitations de plus de 2000 animaux.
Cette proportion est en augmentation, car elle n'était que de 50% il y a 10 ans (2011). (2/6)
L'élevage des poules pondeuses est le plus industriel: 70% des poules pondeuses vivent dans des exploitations de 50.000 volailles ou plus (parmi les fermes de + de 1000 poules).
Au contraire, seulement 1% des poules pondeuses vivent dans des fermes de moins de 2.000 poules.(3/6)
Pour les poulets de chair, qui sont les animaux qu'on tue le plus en France (740 millions par an), 70% d'entre eux vivent dans des structures de 20.000 animaux ou + qui représentent seulement 28% des exploitations de + de 1.000 poulets.
Ici aussi, une forte concentration.(4/6)
Il n'y a pas de données sur la concentration pour les bovins (qui représentent moins de 0,5% des animaux tués par an) mais on peut noter que (i) 40% vivent dans des exploitations de 100 vaches ou + et (ii) la taille moyenne des cheptels est relativement stable depuis 10 ans.(5/6)
📣 Le rapport de l'@ademe sur l'impact de la viande et de l'alimentation végétale sur l'utilisation des sols et les émissions de gaz à effet de serre est enfin publié.
Petit retour sur les principaux résultats. 🔽 (1/9)
L'étude compare différentes alimentations en fonction de la part de protéines animales (des consommateurs végétaliens aux gros consommateurs de viande ~170g par jour).
Dans l'enquête INCA2, la consommation moyenne d'un Français est de 107g de viande par jour. (2/9)
Résultat 1: Plus on consomme de la viande, plus on a besoin de surfaces agricoles. L'alimentation moyenne d'un Français utilise 3,6 fois + de surfaces agricoles qu'une alim. végétalienne.
Ce qu'on mange (viande/légumes) est moins important que comment c'est produit (bio).(3/9)
Comment nourrir le monde en 2050 sans déforestation (et même en bio) ?
Un article récemment sorti explique que la question des rendements agricoles est moins importante que la question de ce qu'on mange (viande, végétarien, vegan) et confirme des résultats précédents. 🔽 (1/7)
Les auteurs étudient 520 scenarios pour nourrir la planète dans lesquels ils font varier les rendements agricoles, les comportements alimentaires, l'alimentations des animaux, etc.
Parmi ces scenarios, seuls 313 permettent d'éviter la déforestation. (2/7)
Nourrir la planète sans déforestation est possible dans 18% des cas si on garde une alimentation de type occidentale (avec notre consommation de produits d'origine animale) contre 96% et 100% des cas avec une alimentation végétarienne ou végétalienne.
Toute étude scientifique comporte une part d'incertitude.
Ce qui est important pour les décisions publiques c'est de regarder de quel côté penchent les preuves accumulées et ne pas se limiter à quelques contre-exemples.
Sinon, on risque de faire le jeu des marchands de doute.
Toute étude statistique possède en elle la probabilité (même infime) d'arriver à des conclusions erronées car nous pouvons tomber dans le cas statistique "extrême" (qui n'arrive qu'une fois sur 10.000) mais sur lequel on est tombés par manque de chance.
C'est cette incertitude qui fait que nous devons non pas fonder notre connaissance sur une seule étude mais sur un ensemble d'études. C'est là que les méta-analyses sont précieuses.
Puisqu'on parle de viande rouge en France, à supposer qu'il y ait une exception européenne, deux études (2018, 2020) sur la cohorte française Nutrinet santé concluent également à une augmentation de la mortalité associée à la consommation de viande rouge.
"This large cohort study suggested that red meat may be involved carcinogenesis at several cancer locations (other than colon-rectum), in particular breast cancer. These results are consistent with mechanistic evidence from experimental studies."
"Our results strengthen the existing body of evidence supporting that red and processed meat consumption and heme iron intake are associated with an increased risk of overall and more specifically colorectal cancer [...] "
Habituellement, les économistes déduisent les préférences des consommateurs à partir de leurs achats. C'est ce qu'on appelle les "préférences révélées".
Cependant, les produits d'origine animale sont des biens très spécifiques qui font qu'on ne peut pas raisonner ainsi.
1. Les produits d'origine animale sont ce qu'on appelle des biens de crédence : quand nous les consommons, nous n'observons jamais vraiment comment les animaux ont été traités, ce qui nous conduit à payer moins que ce qu'on serait à dépenser pour qu'ils soient bien traités.