#Bouhafs : Bonjour à tous. Très belle lumière sur le "splendide" tribunal de #Créteil où nous sommes arrivés, à l'heure où blanchit la ligne 8, pour assister au procès de Taha Bouhafs renvoyé pour "outrage" et "rébellion" sur personne dépositaire de l'autorité publique.
#Bouhafs : Une première audience avait eu lieu le 8 janvier. Mais elle a été renvoyée après le dépôt d'une Question prioritaire de constitutionnalité d'Arié Alimi, l'avocat de Taha Bouhafs.
#Bouhafs : Le tribunal va donc dire si la question est transmise à la Cour de cassation pour ensuite être transmise au Conseil constitutionnel. Si non, le procès devrait se tenir ce mercredi.
#Bouhafs : Mais la vraie question, c'est de savoir à quelle heure nous allons être fixé. La présidente avait indiqué une reprise de l'audience à 9h30. Mais Taha Bouhafs indique sur son compte Twitter que c'est à 13h.
#Bouhafs : Contacté ce matin, Arié Alimi, l'avocat du journaliste, confirme que c'est bien à 13h. Mais Laurent-Franck Liénard, avocat du policier qui a déposé plainte, assure, lui, que c'est ce matin. Il est déjà au tribunal...
#Bouhafs : On va donc essayer d'y voir clair. #StayTuned
#Bouhafs : Confirmation (par le rôle affiché à l'entrée du prétoire) que l'audience est bien prévue à 9h30. Laurent-Franck Liénard, avocat du policier, prévient qu'il doit être parti à 12h. Ca va forcément se tendre à un moment...
#Bouhafs : L'avocat demande que l'audience démarre. Sans le prévenu ni son avocat donc. Il n'y a personne dans le prétoire pour l'instant.
#Bouhafs : Je profite de ce moment de flottement pour vous dire que le rôle indique que l'un des assesseurs s'appelle Jean-Luc Amoros sans que l'on sache s'il y a un lien avec Manuel...
#Bouhafs : L'audience est ouverte. La présidente annonce donc qu'il y a une « difficulté » du côté de la défense de Taha Bouhafs. Le tribunal va tenter de joindre Arié Alimi. « Mais il est exclu que le tribunal siège à 13h », précise la présidente.
#Bouhafs : L'audience est donc suspendue le temps de savoir où Arié Alimi et Taha Bouhafs se trouvent et à quelle heure ils pourraient être là. On me souffle qu'ils viennent de « sauter dans un taxi ».
#Bouhafs : En attendant, un petit rappel des faits. Taha Bouhafs est donc renvoyé pour 'outrage' et 'rébellion' sur personne dépositaire de l'autorité publique.
#Bouhafs : Le 11 juin 2019, Taha Bouhafs couvre une manifestation de travailleurs sans papiers devant la société Chronopost à Alfortville (Val-de-Marne). Il est arrêté et placé en garde à vue après un incident avec un policier.
#Bouhafs : Lors de l'arrestation, le journaliste est blessé à l'épaule. Il déclare 10 jours d'incapacité totale de travail. Le policier impliqué dépose plainte pour 'outrage'. Il assure que Taha Bouhafs l'a traité de « racaille de flic ».
#Bouhafs : Taha Bouhafs a diffusé la vidéo de l'interpellation. Celle qu'il a, lui-même, filmée. Et on ne l'entend pas prononcer les mots de "racaille de flic".
#Bouhafs : Le tribunal devrait également s'appuyer sur un rapport de l'Inspection générale de la police nationale, semble-t-il, favorable au journaliste.
#Bouhafs : Une fois que l'audience aura repris. Nous attaquerons donc par la décision du tribunal sur la QPC déposée en janvier. Puis, selon nos infos, Arié Alimi va soulever des exceptions de nullité de la procédure. Si elles sont rejetées, on abordera le fond...
#Bouhafs : Il faut toujours voir les choses de façon positive. Sachez que cette suspension permet la mise à jour de l'ordinateur de la 11e chambre dont l'écran est projeté à l'instant. Et cela fait bien 10 minutes qu'on en est à 88% de mise à jour... #JusticeDu21eSiecle
#Bouhafs : La procureure s'émeut d'ailleurs de ce "plantage en cours". Et indique au greffier qu'il faudrait peut-être prévoir un autre ordinateur. « S'il faut, j'ai le mien », prévient-elle...
#Bouhafs : Alors qu'on poursuit le LT de la mise à jour de l'ordinateur de la 11e chambre du tribunal de Créteil.
Le technicien est arrivé pile au moment où la mise à jour atteignait 100%.
#Bouhafs : Arié Alimi vient d'arriver (un peu essouflé). « Mon client arrive », prévient-il. Il enfile sa robe d'avocat. L'audience reprend. La présidente attaque en rappelant ce que l'on reproche au journaliste.
#Bouhafs : La Question prioritaire de constitutionnalité est rejetée. « Elle ne présente pas un caractère ‘sérieux’ », précise la présidente de l'audience.
#Bouhafs : On en vient maintenant aux exceptions de nullité. Arié Alimi est à la barre. Il commence par critiquer l'enquête de flagrance.
#Bouhafs : L'avocat explique que son client n'a jamais prononcé les mots de "racaille de flic". Qu'il s'agit donc d'un « mensonge éhonté ». Suffisant pour faire tomber la procédure, selon lui.
#Bouhafs : « On le sait le fonctionnaire a menti. Les constatations sont mensongères. Vous pouvez prononcer ab initio, le fait que l’enquête de flagrance n’avait pas lieu d’être. »
#Bouhafs : La deuxième exception porte sur le fait que Taha Bouhafs a été menotté. Or, selon l'avocat, l'article 803 du Code de procédure pénale prévoit que seules les personnes dangereuses ou susceptibles de fuir peuvent être entravées.
#Bouhafs : Arié Alimi demande donc l'annulation du menottage et de « toute l'interpellation ».
#Bouhafs : « Ils n’avaient pas le droit de le menotter. Ils lui ont d’ailleurs luxé le bras. »
#Bouhafs : La troisième exception de nullité porte sur la notification tardive des droits au prévenu. Son avocat précise qu'il a dû attendre plus de 30 minutes au commissariat avant d'être envoyé à l'hôpital.
#Bouhafs : Durant ce temps, il n'a pas eu le motif de son interpellation, pas eu le droit à un médecin, pas eu le droit à un avocat.
#Bouhafs : L'avocat demande donc l'annulation de la garde à vue. « Il a été interpellé à 17h55. Et ce n'est que 2h30 plus tard que son placement en garde à vue lui a été notifié. »
#Bouhafs : Arié Alimi évoque maintenant les conditions de saisine du tribunal judiciaire. Pour lui, il y a une irrégularité.
#Bouhafs : L'avocat en avait déjà parlé en janvier. Il déplore le fait que la convocation de son client n'a jamais fait mention du fait que Maxime Demaire, l'auteur de la plainte, était un policier.
#Bouhafs : En gros, il explique que le vocable "personne dépositaire de l'autorité publique" peut désigner plusieurs personnes : un policier mais aussi un douanier ou un garde-forestier... Pour lui, la convocation doit donc être annulé...
#Bouhafs : Entendons-nous bien : l'avocat qui soulève ces exceptions entend obtenir la nullité des actes visés mais aussi de ce qu'on appelle les actes subséquents. C'est-à-dire tous ceux qui découlent des premiers. Le but ? Torpiller toute la procédure.
#Bouhafs : Voilà maintenant Arié Alimi qui reprend dans ses nullités les éléments de sa Question prioritaire de constitutionnalité. Il avait prévenu le tribunal.
#Bouhafs : En deux mots, il explique que le procureur est le "directeur de la police judiciaire" au titre de l'article 39-3 du CPP. Et que par conséquent, il ne peut pas être "à charge et à décharge" dans les affaires de violences policières.
doctrine.fr/l/texts/codes/…
#Bouhafs : L'avocat poursuit sa démonstration. J'en profite pour vous signaler que Taha Bouhafs est arrivé. Il s'est installé au premier rang. Juste derrière son avocat qui plaide.
#Bouhafs : Arié Alimi continue. « Est ce que vous allez continuer de considérer, ab initio, que le procès est équitable ? Voilà la question. »
#Bouhafs : « On ne peut pas accepter en France, dans une république, qu’il y ait un hiatus procédural. Cela va entraîner beaucoup d’innocents en prison... »
#Bouhafs : La présidente passe maintenant la parole à Laurent-Franck Liénard, l'avocat du policier qui a déposé plainte.
#Bouhafs : « On vous déballe un ensemble de contrevérités qui fait froid dans le dos. Il y a tellement de mensonges qu’il aurait fallu tous les enregistrer pour bien les décortiquer. »
#Bouhafs : Lauren-Franck Liénard
« Je pense que vous avez entendu 30 minutes de tribune, de tribune politique. Mais qu’on était très très loin du droit... »
#Bouhafs : On passe à la procureure. A son tour, elle demande au tribunal de rejeter les exceptions de nullité.
#Bouhafs : La procureure revient sur la demande d'annulation de la garde à vue de Taha Bouhafs qui, selon son avocat, entraînerait l'annulation de la procédure. « C’est inexact », tacle-t-elle.
#Bouhafs : « Tout ce que cela entraînerait, c'est l'annulation de l'audition de M. Bouhafs qui ... a usé de son droit au silence. » Autrement dit, cela ne servirait à rien.
#Bouhafs : Elle précise également que l'avocat a demandé l'annulation d'une confrontation qui n'a, en fait, pas eu lieu.
#Bouhafs : L'audience est suspendue pour permettre au tribunal de délibérer sur les exceptions de nullité déposées par son avocat.
#Bouhafs : Après un petit café, l'audience reprend. Les incidents sont joints au fond. La présidente indique qu'elle va évoquer les faits. Et qu'on visionnera la vidéo ensuite.
#Bouhafs : Si évidemment l'ordinateur fonctionne. Pour l'instant, ça a l'air d'être le cas.
#Bouhafs : On visionne la première vidéo. Elle ne se lance pas pour l'instant. #TrueStory
#Bouhafs : Ah si, ça y est. Il s'agit d'une vidéo tournée après l'interpellation. On voit Taha Bouhafs emmené par deux policiers. "Enculé", entend-on au loin. Et puis : "Appelez un médecin ! Ils lui ont déboité l'épaule..."
#Bouhafs : Deuxième vidéo. Elle a été filmée au smartphone. Mais le téléphone était mal incliné. Tout le monde tourne la tête à 90° dans le prétoire pour la visionner.
#Bouhafs : « Me touchez pas. Vous m’avez mis un coup de poing », entend-on. « Interpellez moi ! Allez-y ! »
#Bouhafs : La présidente prend la parole. « On entend ‘Racaille’. Puis. ‘C’est ce que vous êtes’. Mais les propos ne sont pas réitérés. On est d’accord là-dessus ? » Pas d’observations des uns et des autres.
#Bouhafs : Troisième vidéo qui n'apporte guère plus d'infos si ce n'est la conversation entre un manifestant sans papier et un camion de La Poste bloqué par la manifestation. « Tout le monde est d'accord pour qu'on arrête ? », demande la présidente.
#Bouhafs : On en vient maintenant à la vidéo tournée par Taha Bouhafs lui-même. Sans doute la plus "parlante".
#Bouhafs : Sauf que le son sature. Et qu'on entend difficilement.
#Bouhafs :
Taha Bouhafs : Vous me poussez pas ! (répété trois ou quatre fois). Il est où votre matricule ? Vous me touchez pas
Maxime Demaire (le policier) : J’avance, c’est tout. C’est toi qui me touche.
#Bouhafs : « On va voir si vous êtes un cowboy. Vous vous croyez au dessus de la loi. Vous vous prenez pour une racaille, c’est ça ? Parce que c’est ce que vous êtes. »
#Bouhafs :
- Allez, je vous interpelle
- Si vous m’interpellez, vous allez le regretter.
#Bouhafs : Le prévenu est appelé à la barre. Il enlève sa veste. Et commence à donner sa version. « On le voit dans la vidéo. Je faisais mon travail. Je filmais une manifestation, un piquet de grève. Je ne filmais pas le policier. »
#Bouhafs : La voix du prévenu s'éclaircit. « Je sais ce qui se passe. Je suis en train d’être victime d’une agression. Je demande aux gens de filmer. A un moment donné, il me met un grand coup. Je monte en tension. »
#Bouhafs : « Pour moi, ce n’est pas un policier. Il refuse de s’identifier. Il n’a pas de matricule. Ce n’est pas un comportement de policier. C’est un comportement de racaille. »
#Bouhafs : « Je n’outrage pas sa qualité d’agent. Parce que pour moi, ce n’est pas un agent. C’est quelqu’un de capuché. Il tutoie les gens. C’est un comportement de racaille. Parce qu’un policier ne se comporte pas comme ça. »
#Bouhafs : Question de la présidente :
- Pouviez-vous savoir qu'il était policier ?
- Non.
- Pouviez-vous le déduire ?
- Non. Lui-même me dit qu'il n'a pas de matricule...
#Bouhafs :
- Mais quand vous demandez son matricule, c'est bien que vous vous doutez ?
- Oui. C'est pour cela que je lui demande.
#Bouhafs :
- Si vous aviez su qu'il était policier, cela aurait-il modifié votre comportement ?
- Totalement. J'aurais fait plus attention. J'aurais sans doute porté plainte aussi.
#Bouhafs : Le prévenu persiste. « Je ne le connaissais pas. Il ne porte pas de brassard. Il ne dit pas qu’il est policier. Je ne pouvais pas le savoir. »
#Bouhafs : La présidente explique qu'elle comprend bien « l'analyse juridique » du prévenu. Mais elle demande ce qu'il en pense de façon un peu plus simple. Mais Taha Bouhafs ne sort pas de sa ligne de défense.
#Bouhafs : La présidente pointe plusieurs propos de Taha Bouhafs laissant entendre qu'il avait bien compris que Maxime Demaire était un policier en civil. Mais le prévenu continue de prétendre le contraire.
#Bouhafs : L'échange se poursuit :
- Il me saute dessus !
- Pourquoi vous saute-t-il dessus ?
Taha Bouhafs lève les bras en signe d'ignorance.
- Faut lui demander !
#Bouhafs : « On a des photos avec son genou sur ma tête.
Après, il m’a frappé dans la voiture. Dans la voiture, il s’assoit à côté de moi pour me frapper. Il était là pour me faire mal. Il m’a agressé. »
#Bouhafs : C'est maintenant Laurent-Franck Liénard, avocat de Maxime Demaire, qui pose des questions.
#Bouhafs : L'avocat reprend les propos dans la vidéo. « On entend Maxime Demaire ''Je t'interpelle pour rébellion.'' Puis, on vous entend dire ''Mais c'est vous le policier'' »
Taha Bouhafs explique que c'était une question.
#Bouhafs : Le prévenu reprend maintenant l'avocat sur la différence juridique entre "injure" et "outrage". Celui-ci sourit. "Ah, vous faites du droit maintenant ?"
#Bouhafs : Question d'Arié Alimi à son client :
- Qu’est ce qui vous distingue de M. Demaire ?
- Je sais pas. Je suis peut-être arabe et lui, non.
- Mais y a-t-il une distinction ?
- Non...
#Bouhafs : La présidente fait maintenant venir Maxime Demaire à la barre. Jean, pull sombre. Baskets noires. Il fait un bref rappel de la situation ce jour-là.
#Bouhafs : « Je lui ai dit qu’il pouvait filmer. Mais pas de si près. J’ai dû le repousser avec ma main. »
#Bouhafs : « Je rappelle que la capuche sur ma tête, ce n’est pas volontaire. C’est parce que ce jour-là, il pleuvait... »
#Bouhafs : « Vu son jeune âge. A aucun moment, je me dis que c’est un journaliste. Mon comportement était adapté à l’individu qui était en face de moi. C’est pour cela que je me suis permis le tutoiement. »
#Bouhafs : Le policier explique aussi qu'il a demandé sa carte de presse à Taha Bouhafs. « A l’époque, il n’en avait pas... »
#Bouhafs : La présidente met le policier en difficulté. « Cela va peut-être faire hurler l’avocat de M. Bouhafs. Mais je suis persuadée que M. Bouhafs savait que vous étiez policier. Mais il pouvait aussi penser que vous étiez de la sécurité privée. »
#Bouhafs :
- Pourquoi vous le tutoyait ?
- Parce que c’était un gamin local de 19, 20 ans.
- Mais le tribunal juge constamment des jeunes de 19, 20 ans. Et on ne les tutoie pas...
#Bouhafs : La présidente fait (gentiment) la leçon au policier qui est toujours à la barre. « Est-ce que vous entendez que c’est à vous, le professionnel, de calmer les choses dans un tel cas ? »
#Bouhafs : « La majorité des choses que vous avez dites, vous avez raison. Ce jour-là, il y avait des choses différentes à faire. Après, à aucun moment, je n’ai commis d’erreur ce jour-là. J’ai bien fait mon travail. J’en suis sûr. »
#Bouhafs : On en revient au fait qu'il n'était pas identifiable. Maxime Demaire explique qu'il était facile de « déduire » qu'il était policier. La présidente le reprend immédiatement.
#Bouhafs : « Mais on n’a pas à déduire que vous êtes policier ! On n’a pas à le comprendre. On doit le savoir. »
#Bouhafs : « Si on m’arrête sur la route. Si la personne n’a pas de brassard, pas de matricule. Mon premier réflexe, c’est d’être morte de trouille. On n’a pas à la déduire ! »

La présidente insiste.
#Bouhafs : Elle demande à Maxime Demaire pourquoi il ne porte pas de brassard ce jour-là. « C’est un oubli. C’est un hasard malheureux. »
La salle sourit. Taha Bouhafs se retourne vers ses soutiens et sourit aussi.
#Bouhafs : Le policier poursuit
« Je comprends même pas qu’on doive se justifier et s’expliquer autant sur le fond, la forme. Cela me dépasse un peu. Je dois dire que dans ma carrière, j’ai déjà fait des choses bien plus grave. Et je n’ai pas dû me justifier autant... »
#Bouhafs : Maxime Demaire passe beaucoup plus de temps à la barre que Taha Bouhafs. Et il passe un sale quart d'heure. Rappelons qu'il est le plaignant dans cette affaire.
#Bouhafs : La présidente, Pascale Pérard, rappelle que ce qui figure dans son procès-verbal n'est pas du tout la réalité que l'on voit sur la vidéo...
#Bouhafs : « Il y a beaucoup de choses qui sont dans le PV et ne correspondent pas à ce que l’on voit sur la vidéo. Et ça, c’est infiniment grave, Monsieur. »
#Bouhafs : « C’est grave. Que vous soyez imparfait. Que vous puissiez vous tromper, c’est évident. Ce qui vous est interdit, c’est de mentir, de falsifier, d’arranger. »
#Bouhafs : Pour Maxime Demaire, Taha Bouhafs ne pouvait pas ignorer qu'il était policier. « Qui demande à quelqu’un quel est son matricule sans penser qu’il est policier ? »
#Bouhafs : La présidente vient de donner la parole à Laurent-Franck Liénard pour la partie civile. Arié Alimi réagit immédiatement. La présidente lui dit que la défense aura la parole en dernier. Et oui, Arié Alimi est en défense mais si le procès laisse croire l'inverse...
#Bouhafs : L'avocat du policier l'interroge maintenant sur le tutoiement. « Vous savez que c'est interdit, n'est-ce-pas ? »
#Bouhafs : L'avocat revient maintenant sur l'expression « Racaille de flic ». Il fait dire à son client que tous les policiers ont entendu la même expression. Puisqu'ils l'ont tous notée.
#Bouhafs : Le policier laisse entendre que les termes "Racaille de flic" ont peut-être été prononcés mais pas enregistrés sur la vidéo.
#Bouhafs : L'avocat demande maintenant au policier les conséquences de toute cette affaire sur les réseaux sociaux.
#Bouhafs : Maxime Demaire cherche ses mots. Il veut trouver les mots les plus justes. Laurent-Franck Liénard l'encourage. « Dites le comme vous le voulez. De toute façon, cela repris dans les 5 minutes sur Twitter... »
#Bouhafs : « Et bien quand vous taper mon nom et prénom dans Google. Il y a ma photo. Et des centaines de pages de menaces. Et bien d'autres. On explique notamment que l'on va retrouver l'école de mes enfants. Cela m'a marqué. »
#Bouhafs : La présidente explique que c'est évidemment inadmissible mais que ce n'est pas l'objet du procès du jour.
#Bouhafs : C'est maintenant Arié Alimi qui pose des questions au policier. Il lui demande comment il analyse les choses aujourd'hui. « Je n'ai aucun regret sur mon intervention. »
#Bouhafs : Il est 12h09. Tout le monde commence à avoir faim. Le technicien vient donc de décider de rembarquer l'ordinateur et le projecteur et de quitter le prétoire. La mission est remplie !
#Bouhafs : L'échange se tend...
- Vous savez que vous mentez devant tout le monde ? Tout le monde a vu la vidéo ?
- Je ne mens pas !
- C’est vous que vous protégez ou c’est la police ?
- Je ne protège personne…
#Bouhafs : Le policier décide de ne plus répondre aux questions d'Arié Alimi.
#Bouhafs : Après plus de trois heures d'audience, pensées pour l'architecte Pierre Guariche, concepteur des bancs des salles d'audience du tribunal de Créteil. Pourquoi aussi inconfortables ? Il faudra quand même qu'on enquête là-dessus un jour ?
Pensées à @julbeaumont au passage
#Bouhafs : La présidente rappelle Taha Bouhafs à la barre. Il explique maintenant qu'il a été choqué par l'utilisation des termes "jeune local" par Maxime Demaire.
#Bouhafs : « Moi, j’ai la chance d’être soutenu. Je pense à tous ces jeunes qu’on tutoie, qu’on humilie, ces jeunes locaux... »
#Bouhafs : « Je suis désolé par cette juridiction qui est instrumentalisée par Maxime Demaire. Combien de fois les gens sont condamnés pour rien. »
#Bouhafs : On passe donc aux plaidoiries. Laurent-Franck Liénard, avocat de Maxime Demaire commence. « Je tombe de l’armoire quand j’entends M. Bouhafs se plaindre des multiples renvois du dossier alors qu’il en est à l’initiative à chaque fois. »
#Bouhafs : « On le sait tous. M. Bouhafs est un provocateur. Il provoque pour mieux surfer dessus ensuite. On connaît sa méthode. »
#Bouhafs : Pour l'avocat, Taha Bouhafs ne pouvait ignorer que Maxime Demaire était un policier. En revanche, Maxime Demaire ne pouvait pas savoir que Taha Bouhafs était journaliste.
#Bouhafs : L'avocat explique que tous les policiers ont été traumatisés par l'attentat de Magnanville. « Papa et mamans policiers ont été égorgés devant leurs enfants »
#Bouhafs : « Quelle que soit votre décision, j’aurais perdu, annonce Lauren-Franck Liénard. Si vous condamnez Taha Bouhafs, mon confrère [Arié Alimi] ira devant les caméras dire que c'est un déni de justice. Et si vous le relaxez, j'aurais perdu... »
#Bouhafs : L'avocat explique que le métier de policier est en train de devenir impossible à exercer.
#Bouhafs : « Quand on aura besoin des policiers, on les appellera. Mais ils le viendront plus. Ils en auront assez... » Et l'avocat explique que chaque policier a peur, désormais, d'être filmé, puis « jeté en pâture aux loups. »
#Bouhafs : L'avocat cite maintenant quelques unes des menaces dont Maxime Demaire a été la cible sur Internet. Avec son adresse et son numéro de téléphone.
#Bouhafs : Laurent-Franck Liénard précise que Taha Bouhafs aurait pu avoir l'attitude du citoyen et simplement s'excuser d'avoir dit le mot « racaille ».
#Bouhafs : L'avocat réclame 2.500 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice moral subi par son client.
#Bouhafs : La parole est à la procureure pour ses réquisitions. D'emblée, elle indique qu'elle réclame la relaxe pour les faits de rébellion. Parce que Taha Bouhafs ne se débat pas lors de l'interpellation.
#Bouhafs : Mais elle va requérir sa condamnation pour les faits "d'outrage".
#Bouhafs : « Encore aujourd’hui, M. Bouhafs indique qu’il ne savait pas que M. Demaire était fonctionnaire de police. Pour moi, ce n’est pas crédible. M. Demaire n’a pas de brassard, pas d’uniforme. Mais il a un gilet pare-balles. »
#Bouhafs : « Deux questions demeurent :
M. Demaire a-t-il eu le comportement qu’on pouvait attendre d’un fonctionnaire de police ? La réponse est non.
M. Bouhafs a-t-il eu un comportement adapté ? La réponse est non aussi. »
#Bouhafs : Pour la procureure, le comportement même de Taha Bouhafs lors de cette manifestation est un "outrage". Et puis, « le mot ‘racaille’ a bien été prononcé. »
#Bouhafs : La procureure en termine avec ses réquisitions. « Les mots ont du sens. Et les mots font sens.
Vous allez condamné M. Bouhafs. La peine la plus adaptée me paraît être 700 euros d’amende. »
#Bouhafs : La parole est maintenant à Arié Alimi, l'avocat de Taha Bouhafs. Gageons que sa plaidoirie sera rapide. Tout simplement parce que je n'ai presque plus de batterie.
#Bouhafs : L'avocat bat en brèche la thèse selon laquelle Maxime Demaire ne savait pas qu'il avait affaire à Taha Bouhafs. « Depuis le dossier Benalla, M. Taha Bouhafs est passé 100.000 fois à la télé. Tout le monde le connaît. Y compris M. Maxime Demaire. »
#Bouhafs : Arié Alimi déroule sa plaidoirie.
« Pourquoi les policiers ont-ils le besoin de dire que les gens sont de type nord-africain ? »
#Bouhafs : Et l'avocat digresse. Comme tous les avocats évidemment. Là, il parle de la création de la Brigade anti criminalité.
// Cela ne m'aide pas en terme de batterie... //
#Bouhafs : Pour l'Histoire, il explique que la BAC a été créée en 1971 après qu'un travailleur immigré, Bahar Rehala, a été tué à coups de pelle par des policiers qui l'avaient poursuivi pour le vol d'un pot de yaourt.
#Bouhafs : Arié Alimié
« On est tous conscients que cette audience n’a pas qu’une vocation juridique. Elle a aussi une vocation politique, c’est évident ! »
#Bouhafs : L'avocat insiste. Et rappelle que Maxime Demaire a "menti" sur procès-verbal et qu'il a été confirmé par les autres collègues. Donc pour, lui, le délit d'outrage n'est pas constitué.
#Bouhafs : « Donc, pour résumer. Maxime Demaire n’avait pas les qualités du policier. Et on ne pouvait pas s’en douter. »
#Bouhafs : « Oui, Maxime Demaire se comporte comme une racaille. C’est la définition de Nicolas Sarkozy à la Courneuve ! C’est les déclarations d’un président de la République. Oui, c’est opposable à un tribunal. »

Sourires dans le prétoire.
m.ina.fr/video/I0916672…
#Bouhafs : Arié Alimi en arrive à la conclusion. Il est sur le volet "rébellion". Même la procureure a requis la relaxe sur ce volet.
#Bouhafs : « Un dernier mot ? », demande l'avocat.
#Bouhafs : « Oui, je demande la condamnation de l’État a verser la somme de 3.000 euros à Taha Bouhafs au titre de l'article 800-2 du Code de procédure pénale. »
Pour info : fr.wikipedia.org/wiki/Article_8….
#Bouhafs : « C’est l’État qui est responsable de tout ce qui se passe aujourd’hui. C’est l’État qui forme la police de M. Demaire. C’est l’État qui a créé une brigade anti-arabe et qui a perpétué cette problématique jusqu’à aujourd’hui. »
#Bouhafs : Les derniers mots de Taha Bouhafs. « J’espère que je vais être relaxé parce que cela fait un petit moment que cela dure. »
#Bouhafs : La décision est mise en délibéré au 11 mai. L'audience est levée.
#Bouhafs : Merci à tous pour votre suivi et vos questions / remarques / commentaires. Je ne pourrais pas répondre à tous. Je trouve une prise et dès que possible, je vous envoie le compte-rendu d'audience.
[Compte-rendu d'audience @20Minutes]
#Bouhafs : Jugé pour un "outrage à deux balles", Taha Bouhafs fait le procès très politique des violences policières...
20minutes.fr/justice/299557…

• • •

Missing some Tweet in this thread? You can try to force a refresh
 

Keep Current with Vincent Vantighem

Vincent Vantighem Profile picture

Stay in touch and get notified when new unrolls are available from this author!

Read all threads

This Thread may be Removed Anytime!

PDF

Twitter may remove this content at anytime! Save it as PDF for later use!

Try unrolling a thread yourself!

how to unroll video
  1. Follow @ThreadReaderApp to mention us!

  2. From a Twitter thread mention us with a keyword "unroll"
@threadreaderapp unroll

Practice here first or read more on our help page!

More from @vvantighem

9 Mar
[Confidentiel @20Minutes]
#PNF : Les membres de l'Inspection générale de la justice ont (enfin) présenté, leur rapport à Matignon sur l'affaire des «fadettes» et les soupçons pesant sur deux magistrats du Parquet financier. Le premier RDV avait été annulé.
Affaires des #fadettes #PNF : Selon Matignon, Jean Castex devrait annoncer «dans les prochains jours» sa décision après la lecture de ce rapport.
Affaire des #fadettes #PNF : On le rappelle. Dans ce dossier, deux magistrats sont soupçonnés d'avoir franchi la ligne rouge en épluchant les «fadettes» (fadets ?) de plusieurs avocats dont Eric Dupond-Moretti avant qu'il ne devienne garde des sceaux.
Read 6 tweets
5 Feb
#Tony : ...
Mais l'enfant devient "pénible". D'abord, les insultes : "crasseux", "pédale", "bâtard". Et puis les coups arrivent. On est alors mi-octobre
...
#Tony : ...
Nous savons enfin que le corps de Tony est porteur de coups dont la multiplicité rend le décompte impossible
...
#Tony : ...
Pendant plus d'un mois, les coups vont pleuvoir sans interruption.
...
Read 142 tweets
5 Feb
#Tony : Bonjour ! Un peu de retard à l'allumage pour cause de cours matinal à dispenser aux étudiants de l'ESJ (en visio malheureusement) Me voici désormais revenu aux assises pour la suite du procès de Loïc Vantal et Caroline Létoile. Et la cathédrale est toujours aussi belle.
#Tony : Après une journée d'hier consacrée aux interrogatoires éprouvants des deux accusés (pour tout le monde), ce procès entre dans sa dernière ligne.
20minutes.fr/justice/296924…
#Tony : Un point sur le planning :
- Les avocats des parties civiles en finissent avec leurs plaidoiries.
- Le procureur de Reims va requérir ensuite.
- La défense aura la parole cet après-midi.
- Le verdict est attendu ce soir, normalement.
Read 20 tweets
4 Feb
#Tony : Alors que l'audience s'apprête à reprendre, Me Pauline Coyac, l'une des deux avocates de Caroline Létoile, vient de s'exprimer rapidement.
#Tony : Elle explique que sa cliente a beaucoup "avancé" depuis les faits mais qu'il lui est toujours difficile "d'expliquer les choses".
#Tony : Avez-vous le sentiment qu'elle est comprise par la cour d'assises ? "Je ne sais pas. Mais j'ai le sentiment qu'elle n'est pas comprise de l'opinion vu ce que je lis dans les médias..."
Read 97 tweets
4 Feb
#Tony : Les questions de la présidente Langlois sont mâtinées de leçons de morale. « Vous ne savez pas dire non mais il faut quand même que vous preniez vos responsabilités... »
#Tony : « Vous dites que Tony est turbulent. Qu'il disait 'non'. Mais tous les enfants disent 'non'. Cela ne veut pas dire qu'ils sont durs, pour autant... »
#Tony : « Je pense que Tony savait que j’étais ce genre de mère qui ne criait jamais sur son enfant. Il savait... »
Read 89 tweets
4 Feb
#Tony : Hello tout le monde ! Vent, ciel bas et menace d'ondées : la météo est idéale à Reims pour s'enfermer dans une cour d'assises. On est donc déjà en place pour la suite du procès de Loïc Vantal et Caroline Létoile... cc @20Minutes
#Tony : Le fronton de cette cour d'assises me rappelle l'avertissement de « L’enfer » de Dante qu'un avocat des parties civiles a évoqué hier : « Toi qui entre ici, abandonne toute espérance... »
#Tony : L'occasion de vous (re)partager le compte-rendu de l'audience d'hier consacrée, pour bonne partie, à la personnalité des accusés. Dont celle de Loïc Vantal, décrit comme un "monstre", "immature", "aux traits de personnalité psychopathique".
20minutes.fr/justice/296857…
Read 48 tweets

Did Thread Reader help you today?

Support us! We are indie developers!


This site is made by just two indie developers on a laptop doing marketing, support and development! Read more about the story.

Become a Premium Member ($3/month or $30/year) and get exclusive features!

Become Premium

Too expensive? Make a small donation by buying us coffee ($5) or help with server cost ($10)

Donate via Paypal Become our Patreon

Thank you for your support!

Follow Us on Twitter!