"Pour les colons cherchant à établir un code juridique, les textes juridiques islamiques précoloniaux semblaient parfaits.
Ils ressemblaient à des lois, et se sont avérées utiles pour créer les codes civils officiels.
En Inde, par ex, de longs passages du texte juridique "al-Hidaya", du 12eme siècle, ont simplement été prélevés et insérés dans le code civil, avec des conséquences désastreuses prévisibles.
Une fois ces codes civils en place, si quelqu'un voulait divorcer à Héliopolis, il passerait théoriquement par le même processus et obtiendrait la même décision qu'au Caire
Le tout basé sur les réflexions d'un homme qui écrivit un texte juridique pr la période médiévale
Les juges n'étaient plus censés utiliser leur pouvoir discrétionnaire pour décider.
On leur demanda plutot de s'en tenir à la lettre des lois civiles précoloniales codifiées par les colons.
Avec la codification, les juges n'avaient même pas besoin d'être musulmans pour régner sur la base du nouveau code islamique, et dans de nombreux cas, ils ne l'étaient pas.
Les juristes musulmans ont été effectivement écartés; puisqu'avec les lois déjà codifiées, ils n'étaient plus nécessaires pour présenter des arguments théoriques sur leur nature et contenu.
Les colons firent tout cela au nom de l'accommodement religieux.
Ils affirmèrent qu'en codifiant la loi ainsi, ils incorporaient la Sharia et respectaient donc la tradition juridique islamique.
Le fait de rompre avec cette tradition en codifiant des lois, qui n'étaient pas censées être codifiées, ne semble pas leur être venu à l'esprit.
De nombreux écrits coloniaux suggèrent qu'ils pensaient faire une faveur aux musulmans, et qu'ils leurs offraient la Sharia qui leur était est due.
Une chose intéressante s'est produite lors de la mise en œuvre du nouveau code civil :
Certains musulmans ont commencé à croire que la Sharia était cet ensemble codifié de lois mises en œuvre au niveau de l’État.
Certains firent écho à la façon de penser des colons, et valoir que la charia se trouvait, en fait, dans les textes juridiques islamiques précoloniaux.
Certains commencèrent à considérer la Sharia comme un livre, complet, avec toutes les lois que Dieu et Muhammad ont établies il y a des siècles.
Et même si les colons n'avaient jusqu'alors codifié que les lois civiles, certains musulmans ont commencé à soutenir que toutes les lois devraient être codifiées et que la Sharia, codifiée, devrait être utilisée à la fois dans les tribunaux civils et pénaux."
Extrait de Rumee Ahmad, "Sharia Compliant", Oxford, 2018.
Pourquoi est il absurde de poser la question de la Sharia au dessus des lois civiles ?
Parceque la Sharia n'est pas. Mais n'est qu'une possibilité future, une utopie, un horizon : ce que l'homme n'a encore jamais fait
(valable dans un « pays musulman » ou non)
D’un point de vue religieux, la Sharia est une utopie dans laquelle tout est juste et bon.
La définir comme un code civil/pénal, tel que le font certains auteurs occidentaux, et des savants musulmans modernes, est une vision qui ne se répand qu’au 20eme siècle
Ds le contexte décolonial, des mouvements islamistes promettaient aux musulmans que « la Sharia », codifiée, était la solution pr rétablir la justice et l’égalité sociale
Or la codifier et la figer, c automatiquement l'usurper, et générer une déception
Thread : l'homosexualité dans la jurisprudence islamique du 8eme au 11eme siècle
(le thread contient principalement, mais pas seulement, des citations de Mohammed Mezziane - "Sodomie et masculinité chez les juristes", Brill, 2008, source en fin de thread)
Le Droit musulman distingue deux catégories de délits :
- Les délits punis par des peines fixées par Dieu (hadd) prévues par le Coran/Sunna :
"Nos compagnons ont dit que si la tête du pénis a pénétré l'anus d'une femme, ou d'un homme, ou le vagin d'un animal, ou son anus, alors il est nécessaire de se laver, que celui qui est pénétré soit vivant ou mort, jeune ou vieux"
"Que cela ait été fait intentionnellement ou non, que cela ait été fait volontairement ou avec force.
Cela s'applique également si la femme place le membre masculin en elle pendant que l'homme dort, que le pénis soit en érection ou non, que le pénis soit circoncis ou non"
"Nos compagnons ont dit que les rapports sexuels se produisent lorsque la tête du pénis d'un homme en bonne santé pénètre complètement (un orifice), et ceci est un consensus.
"Si une femme n'avait pas de mari, et que sa tentation devenait forte, certains disent qu'il lui est permis d'avoir un ``Akrabanj'' (fait de cuir en forme de partie d'homme), ou bien l'utilisation de concombres, ou ce qui est similaire à cela"
Thread : ordonner le convenable et interdire le blâmable en Islam
Beaucoup ont vu cette vidéo, mais que comprendre de cette expression ?
(trés long thread, encore une fois, désolé)
L'expression relative "amr bil maruf wa nahi anil munkar" se retrouve à 7 reprises dans le Coran
Les versets, a simple lecture, ont une dimension éthique et non juridique
Que savons nous de leur compréhension par les premiers musulmans ?
1-Les exégètes
Les exégètes avant al Tabari (923) comprennent que ce devoir consiste à enjoindre à l’unicité divine et combattre le polythéisme – Muqatil ibn Suleyman (767), Abu al Aliya (712), Said Ibn Jubayr (714), Hassan al Basri (728)
« Il faut savoir que la loi islamique, dépourvue de toutes souillures, n’interdit pas la consommation de drogues qui donnent la gaieté comme le safran ou la buglosse et d’autres médicaments dont les effets ressemblent ceux de cette drogue (le hashish)
al Ukbari, Hanbali, 1291
Il n’y a aucune citation attribuable au Prophète qui indique une interdiction spécifique ni l’application du ḥadd (peine) à qui en absorbe
Par conséquent les gens, en absence de tradition prophétique, l’ont considérée licite et l’ont consommée »
al-Alam Ibn Ṣāḥib (auteur du poème), Maliki, 1289, était un jeune raffiné et très cultivé, nommé par son père, le vizir al Malik Ibn Ayub, enseignant d’une madrasa au Caire :