Il y a 1 an, avec un retard criminel de 2 à 3 semaines, la mise en place du confinement cassait net la croissance exponentielle de l'épidémie et lançait sa suppression. L'occasion de comparer l'efficacité des interventions déployées en mars 2020 et depuis.
En métropole, le pic des hospitalisations déclarées a lieu le 3 avril 2020 avec 3549 hospitalisations (sur 7 jours glissants) tandis que le point bas est atteint le 14 juillet avec 51 hospitalisations (idem).
Du pic au point bas estival, le nombre d'entrées à l'hôpital est donc divisé par 70 en métropole (pour virer l'effet de la vague en Guyane), le nombre d'entrées en réa est divisé par 107, le nombre de décès est divisé par 140 (hôpital + Ehpad).
Et ce alors qu'il n'y avait ni masques, ni tests, ni traçage, ni préconisations d'aération pour contrer la transmission aéroportée.
Appliquée aux chiffres actuels, cette suppression reviendrait à descendre à 21 entrées à l'hôpital (dont 3 entrées en réa) et 2 décès par jour.
Comparons avec ce qui s'est passé depuis l'automne.
Ici, les hospitalisations. En novembre, au bout de 3 semaines, la descente déraille.
3 mois après le pic :
• division par 37 des hosps en V1
• division par 1,8 en V2 (effet max 2,4 puis remontée suite aux fêtes).
Là, les entrées en réanimation.
3 mois après le pic :
• division par 59 en V1
• division par 1,7 en V2 (effet max 2,8 puis remontée suite aux fêtes).
Enfin, les décès à l'hôpital.
Là, l'échec est encore plus massif : le confinement Canada Dry de novembre échoue à diviser ne serait-ce que par 2 le nombre de décès.
3 mois après le pic :
• division par 32 en V1
• division par 1,4 en V2 (effet max 1,8 avant remontée).
Avec une suppression aussi efficace que celle mise en place en mars 2020, on aurait donc eu, début 2021, moins d'une vingtaine de décès par jour, contre les 300 à 400 (Ehpad compris) sur lesquels on est restés coincés de décembre à début mars.
Ce qui est valable pour les formes sévères hospitalières l'est aussi pour les Covid longs, puisque mécaniquement le niveau d'infections bien plus élevé (plusieurs dizaines de milliers d'infections quotidiennes) produit chaque jour des séquelles en masse.
À vue de museau, le refus de réinvestir dans un confinement strict fin octobre pour supprimer l'épidémie a produit ~4 millions d'infections supplémentaires, et donc un surplus de l'ordre de 30 000 décès et plusieurs centaines de milliers de Covid longs.
Et ce n'est pas fini.
Ce que nous vivons actuellement n'est pas tant une troisième vague que la suite logique du refus acharné de supprimer la deuxième.
« L’analyse moléculaire (...) met en évidence un nouveau variant (dérivé du clade 20C) porteur de 9 mutations dans la région codant pour la protéine S mais également dans d’autres régions virales. »
« Une évaluation est en cours afin d’apprécier l’impact possible de ces modifications génétiques sur un défaut de reconnaissance par les tests virologiques conduisant à un sous-diagnostic et susceptible d’interférer avec la stratégie de dépistage et de [traçage] »
Il y avait eu un article sur ce variant dans la presse locale.
Merci à @jeanne_la_rouge pour le signalement (merci aussi aux autres, mais elle vous avait grillés).
Carte du taux d'incidence par département (nombre de cas détectés pour 100 000 habitants sur les 7 derniers jours disponibles, ici du 16 au 22 février).
La France était à 190 jeudi dernier (192 après consolidation), aujourd'hui elle est à 214.
Vue relative, pour distinguer le catastrophique du très mauvais.
« La compétition entre parasites est un processus plus intuitif. D'une certaine manière, les parasites "consomment" des ressources de leur hôte et si un hôte est infecté par plusieurs parasites, ceux-ci peuvent entrer en compétition pour une même ressource.
(...) Plus frappant, si l'on compare des souches de différentes virulences, on constate que plus une souche est virulente et plus elle gagne la compétition intra-hôte en s'appropriant plus de ressources.
(...) [Si une souche] est virulente et l'autre pas, la virulente se transmettra fortement, la bénigne se transmettra faiblement (...). Dans ce dernier cas, la souche moins virulente est clairement désavantagée (...).