Ayant pris connaissance des dernières annonces du chancelier et de son ministre, K obtint un rendez-vous avec l’officier de quartier pour être sûr de bien comprendre les nouvelles règles de circulation et de déplacement. Exemplaire il fut, exemplaire il voulait rester.
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2/ Après avoir frappé à la porte du bureau de l’officier avec qu’il s’était entretenu plusieurs fois depuis un an, il fut invité à y pénétrer par un bref : "entrez K, entrez".
- Asseyez-vous, je vous en prie ! Cela faisait longtemps. Que voulez-vous savoir aujourd'hui ?
- Asseyez-vous, je vous en prie ! Cela faisait longtemps. Que voulez-vous savoir aujourd'hui ?
3/ K regarda les piles désordonnées de dossiers posés sur le bureau du fonctionnaire qui constituaient une sorte de muraille de papiers les séparant.
K remarqua que les dossiers s’étaient accumulés depuis le précédent confinement et sa dernière visite.
K remarqua que les dossiers s’étaient accumulés depuis le précédent confinement et sa dernière visite.
4/ Prenant son inspiration, avec une forme de compassion pour cet homme de toute évidence usé, K lui dit :
- Je sais que vous avez beaucoup de travail monsieur l’officier, mais j’ai écouté le chancelier hier ordonner un nouveau confinement qui concerne justement mon quartier.
- Je sais que vous avez beaucoup de travail monsieur l’officier, mais j’ai écouté le chancelier hier ordonner un nouveau confinement qui concerne justement mon quartier.
5/
- D’accord, mais pourquoi êtes-vous revenu me voir ?
- Pour être certain de comprendre les nouvelles explications du chancelier et de son ministre. Vous savez que je suis un bon citoyen et je tiens à le demeurer.
- D’accord, mais pourquoi êtes-vous revenu me voir ?
- Pour être certain de comprendre les nouvelles explications du chancelier et de son ministre. Vous savez que je suis un bon citoyen et je tiens à le demeurer.
6/ D’un ton passablement agacé, l’officier dit à K :
- Qu’est-ce que vous n’avez pas compris ? Le chancelier l’a pourtant dit. Les règles sont claires !
- Bien sûr, bien sûr, mais je vous avoue avoir quand même quelques interrogations.
- Qu’est-ce que vous n’avez pas compris ? Le chancelier l’a pourtant dit. Les règles sont claires !
- Bien sûr, bien sûr, mais je vous avoue avoir quand même quelques interrogations.
7/
- Je vous écoute K, je vous écoute…, déclara le fonctionnaire en soufflant.
- Et bien, je comprends que nous sommes reconfinés même si le mot ne fut pas prononcé.
- Oui, effectivement, vous voyez K, le chancelier a été clair sans dire le mot !
- Je vous écoute K, je vous écoute…, déclara le fonctionnaire en soufflant.
- Et bien, je comprends que nous sommes reconfinés même si le mot ne fut pas prononcé.
- Oui, effectivement, vous voyez K, le chancelier a été clair sans dire le mot !
8/
- Mais, monsieur l'officier, être confiné, c’est rester chez soi.
- Naturellement K.
- Pourtant, le chancelier a dit que nous pouvons sortir aussi longtemps que nous le souhaitons dans ce troisième confinement.
- …
- Mais, monsieur l'officier, être confiné, c’est rester chez soi.
- Naturellement K.
- Pourtant, le chancelier a dit que nous pouvons sortir aussi longtemps que nous le souhaitons dans ce troisième confinement.
- …
9/
K observa la confusion sur le visage de son interlocuteur. Après quelques instants, ce dernier finit par rétorquer avec contentement :
- Si j’en crois la directive transmise, c’est parce que dehors, la maladie ne se transmet pas ou peu. Donc tant que vous restez dehors…
K observa la confusion sur le visage de son interlocuteur. Après quelques instants, ce dernier finit par rétorquer avec contentement :
- Si j’en crois la directive transmise, c’est parce que dehors, la maladie ne se transmet pas ou peu. Donc tant que vous restez dehors…
10/
- Vous voulez dire, l’interrompit K, que sortir dehors présente moins de danger que rester dedans ?
- Oui, c’est exactement cela, réagit l’officier. C'est ce que dit la directive.
- Vous voulez dire, l’interrompit K, que sortir dehors présente moins de danger que rester dedans ?
- Oui, c’est exactement cela, réagit l’officier. C'est ce que dit la directive.
11/
- Mais alors, interrogea K, pourquoi le chancelier demande à chacun d’avoir une attestation pour sortir dehors si chacun peut sortir comme il veut et quand il veut avant l'heure du couvre-feu ?
- Mais alors, interrogea K, pourquoi le chancelier demande à chacun d’avoir une attestation pour sortir dehors si chacun peut sortir comme il veut et quand il veut avant l'heure du couvre-feu ?
12/
- …
- Vous reconnaîtrez avec moi, monsieur l’officier, continua K, que devoir porter une attestation sur soi pour attester que l’on se promène comme on le souhaite et aussi longtemps que souhaité, cela peut paraître pour le moins incongru, non ?
- …
- Vous reconnaîtrez avec moi, monsieur l’officier, continua K, que devoir porter une attestation sur soi pour attester que l’on se promène comme on le souhaite et aussi longtemps que souhaité, cela peut paraître pour le moins incongru, non ?
13/
Le fonctionnaire se redressa sur sa chaise, semblant convaincu de ce qu’il allait avancer :
- K, vous semblez oublier une condition importante rappelée par le chancelier : vous devez rester à moins de 10km de chez vous. Voilà le but de cette attestation !
Le fonctionnaire se redressa sur sa chaise, semblant convaincu de ce qu’il allait avancer :
- K, vous semblez oublier une condition importante rappelée par le chancelier : vous devez rester à moins de 10km de chez vous. Voilà le but de cette attestation !
14/
K fit mine d’acquiescer, sentant que le fonctionnaire avait besoin d’être valorisé pour son explication. Il ne se démonta pas pour autant :
- C'est donc pour cela l’attestation! Soit. Mais une pièce d’identité ne suffit-elle pas dès lors que le lieu de résidence y figure ?
K fit mine d’acquiescer, sentant que le fonctionnaire avait besoin d’être valorisé pour son explication. Il ne se démonta pas pour autant :
- C'est donc pour cela l’attestation! Soit. Mais une pièce d’identité ne suffit-elle pas dès lors que le lieu de résidence y figure ?
15/
L’interlocuteur de K parut décontenancé et fixa le vide, avant que K ne poursuive :
- Et puis, s’il s’agit d’un confinement avec attestation pour attester de sa liberté de circuler autour de chez soi, c’est un couvre-feu de proximité avec attestation, non ?
L’interlocuteur de K parut décontenancé et fixa le vide, avant que K ne poursuive :
- Et puis, s’il s’agit d’un confinement avec attestation pour attester de sa liberté de circuler autour de chez soi, c’est un couvre-feu de proximité avec attestation, non ?
16/
Le fonctionnaire, définitivement perdu, regarda sa montre et dit à K assez brutalement :
- Ecoutez K, cessez de poser autant de questions. C’est ce que dit la directive. Point.
K sortit pourtant de la poche de son pardessus le texte de motifs à préciser sur l’attestation.
Le fonctionnaire, définitivement perdu, regarda sa montre et dit à K assez brutalement :
- Ecoutez K, cessez de poser autant de questions. C’est ce que dit la directive. Point.
K sortit pourtant de la poche de son pardessus le texte de motifs à préciser sur l’attestation.
17/ Il fit remarquer au fonctionnaire l’incohérence des annonces du chancelier :
- Pardonnez mon insistance monsieur l'officier, mais vous disiez 10 km et pas de limitation de temps pour se promener. Pourtant l’article 10 des motifs parle de "5 km" et de "déplacements brefs".
- Pardonnez mon insistance monsieur l'officier, mais vous disiez 10 km et pas de limitation de temps pour se promener. Pourtant l’article 10 des motifs parle de "5 km" et de "déplacements brefs".
18/
… Reconnaissez que ce n’est pas simple à comprendre monsieur l’officier.
De plus en plus excédé, le fonctionnaire regarda son visiteur en maugréant : "K, nous allons nous arrêter là. Prenez soin de vous et partez. J’ai effectivement encore du travail. Au revoir".
… Reconnaissez que ce n’est pas simple à comprendre monsieur l’officier.
De plus en plus excédé, le fonctionnaire regarda son visiteur en maugréant : "K, nous allons nous arrêter là. Prenez soin de vous et partez. J’ai effectivement encore du travail. Au revoir".
19/ K comprit qu’il était temps de prendre congé. Il allait donc affronter avec circonspection ce nouveau confinement libre, à moins qu’il ne s’agisse d’un couvre-feu strict. Il était complexe de demeurer un bon citoyen tout en cherchant la logique de certaines décisions....
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