Il est temps de mettre fin à un mythe ! Contrairement à une idée très répandue, le vaisseau espagnol Santísima Trinidad n'était pas un "quatre-ponts" unique en son genre.
Le vaisseau espagnol disposait bien de quatre batteries complètes, mais la dernière n'était pas couverte. Cette quatrième batterie était en fait constituée grâce à la réunion des gaillards. Et ce détail change tout !
Au XVIIIe siècle, le niveau supérieur des vaisseaux se divisait en gaillard d’arrière et gaillard d’avant, ceux-là étaient reliés par des passavants et étaient donc partiellement armés.
En France, cette disposition fut abandonnée pendant la Restauration : les passavants disparurent et les gaillards furent réunis, constituant ainsi une nouvelle batterie sur toute la longueur du navire.
Cette nouvelle nouvelle disposition fut généralisée, aussi bien sur les vaisseaux que sur les frégates.
Voyez ci-dessous le modèle de la frégate de premier rang la Belle Poule (1834) conservée au @museemarine de Toulon. On distingue clairement les deux batteries continues du navire. Pour autant, la Belle Poule fut classée comme frégate et non comme vaisseau deux-ponts !
De même, les vaisseaux deux-ponts français du XIXe siècles avaient trois batteries et les trois-ponts avaient quatre batteries. Pour autant, on ne parla jamais de "vaisseaux quatre-ponts" pour les désigner. Ci-dessous, le Valmy (1847). Ses quatre batteries sont très visibles.
Une représentation de l'USS Pennsylvania, lancé en 1837. Il s'agit du seul vaisseau de ce type construit par les Américains. Bien que celui-ci avait quatre batteries continues, il ne fut jamais désigné comme étant un quatre-ponts.
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Le 27 mars 1854, la France et le Royaume-Uni, alliés de l'Empire ottoman, déclaraient la guerre à la Russie. Fait peu connu, la guerre de Crimée marqua la fin de la marine de guerre à voile. (Peinture d’Ivan Aïvazovski, 1886) #thread
La fin de la marine de guerre à voile, et par conséquence celle du règne des vaisseaux de ligne, était en fait inéluctable depuis les débuts de la navigation à vapeur. Elle fut simplement accélérée par ce conflit et se joua en plusieurs actes.
L’histoire commence ainsi : en 1853, le tsar Nicolas Ier voulant accéder à la mer Méditerranée et dépecer l’empire Ottoman, cet "homme malade, très malade" selon l’empereur russe, ordonna l’occupation des provinces moldo-valaques et la destruction de la flotte turque.
Tandis que la Grèce célèbre le bicentenaire de la guerre pour son indépendance, rappelons que la marine française y joua un rôle décisif. En 1827, une escadre réunie par le Royaume-Uni, la Russie et la France écrasa la flotte ottomane durant la bataille de Navarin.
En 1828, un corps expéditionnaire français d'environ 15000 hommes commandés par le général Nicolas-Joseph Maison débarqua en outre dans le sud-ouest du Péloponnèse afin d'y chasser les forces turco-égyptiennes.
A Pylos (Grèce), un mémorial rend hommage à "La France, à ses enfants, marins et soldats morts pour l'indépendance hellénique [lors de la] bataille de Navarin (20 octobre 1827) et de l'expédition de Morée (1828-1830)".
25 mars 1766 : lancement à l'arsenal d'Indret (Nantes) de la frégate la Boudeuse. C'est à son bord que le comte de Bougainville réalisa le premier tour du monde français de 1766 à 1769. La Boudeuse fut accompagnée dans ce passionnant voyage par la corvette l’Étoile.
Refondue en 1776, la Boudeuse prit part à la guerre d'Indépendance américaine, durant laquelle elle captura notamment le sloop HMS Weazel dans les Antilles, le 13 janvier 1779, et participa à la prise de l'île de Saint Barthélémy, le 28 février 1779.
Pendant les guerres de la Révolution, elle reprit le 8 juin 1794 la frégate l'Alceste, capturée par les Anglais lors de la prise de Toulon l'année précédente et donnée à la marine sarde.
Âge moyen des vaisseaux à la bataille de Trafalgar, 1805 (source : Rémi Monaque, Trafalgar) :
🇫🇷 : 9 ans
🇪🇸 : 24 ans
🇬🇧 : 16 ans
Il y aurait beaucoup à dire sur ces chiffres. En premier lieu que la flotte française est composée de navires quasi neufs, presque tous issus des plans types Sané-Borda adoptés dans les années 1780 et construits à la toute fin de l'Ancien Régime ou pendant la Révolution.
On constate également l'âge avancé des vaisseaux espagnols. Le plus vieux d'entre eux, le 100 canons Rayo, fut lancé à La Havane en 1749. A Trafalgar, ce navire a donc 56 ans !
Les navires-écoles des marines sud-américaines arborent encore les grands pavillons que portaient autrefois les navires de guerre de l'époque de la marine à voile. Et c'est beau ! Ici la Gloria (1967), de la marine colombienne.
Le Cuauhtémoc (1982), navire-école de la marine mexicaine.
Le Guayas (1976), navire-école de la marine équatorienne.