Il y a beaucoup de confusion autour du débat relancé par les déclarations de Macron : les modélisations annonçaient-elles le pire en février ou en mars ?

La réponse est nuancée : les modélisations évoquaient plutôt février, mais Delfraissy a annoncé avec justesse la mi-mars.
Le 24 janvier, Delfraissy sur BFM TV: "Nous sommes le pays d'Europe actuellement avec l'Italie dans la meilleure situation sanitaire. Mais c'est une fausse sécurité, ça ne peut pas perdurer. Si nous ne faisons rien, nous serons dans une situation très compliquée à la mi-mars"
Le 27 janvier, Delfraissy, auditionné par une commission parlementaire : "L’arrivée du variant montre que l’on va se retrouver à la mi-mars dans une situation sanitaire avec des conséquences importantes pour les entrées en réanimation"
Il a donc visé parfaitement juste. Mais sur quel modèle reposait cette affirmation ? Mystère. Car les projections du Conseil scientifique du 29 janvier annoncent une menace imminente. La note ne sert d'ailleurs qu'à modéliser l'effet d'un confinement, jugé alors inévitable.
"Si l’on reste sur la trajectoire actuelle, on peut s’attendre à ce que le nombre d’hospitalisations dépasse rapidement celui observé durant la première vague de la pandémie." Sur ce modèle de l'INSERM, le pic de novembre est dépassé la semaine du 8/02.

solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/note_e…
L'autre modèle présenté dans cette note, celui de l'Institut Pasteur, indique également une catastrophe à venir dès février. Avec un confinement dur dès le 1er février, on atteignait tout de même un pic à 30.000 cas. Sans confinement, on imagine que les 60.000 étaient en vue.
En fait, cette note est d'un terrible pessimisme. Ce qu'elle nous dit c'est qu'il n'existe qu'une seule solution pour ne pas avoir 2 confinements (un en février et un autre en avril): un confinement dur comme en mars 2020 et une augmentation significative du tester tracer isoler.
Voilà la situation projetée par l'INSERM après un mois de confinement dur. En haut, ce que la France sait faire (50% de personnes détectées). En bas, ce qu'elle ne sait pas faire (75%).
Ds le scénario le plus probable, celui où on n'arrive pas à augmenter significativement nos capacités de dépistage et d'isolement, la modélisation annonce une 4e vague significative, atteignant 40000 cas/jour détectés mi-avril. Autrement dit les conditions d'un nveau confinement.
L'Institut Pasteur avait également modélisé l'impact d'un confinement soft (façon novembre 2020) et dans ces conditions, on voit que la reprise aurait été encore plus rapide au déconfinement avec 65.000 cas quotidiens au 1er avril.
Le Conseil scientifique avait bien conscience du caractère absolument déprimant de ces modélisations : "un confinement strict ne permet pas d’éviter une reprise de la circulation du virus avec le variant VOC dans le mois de mars."
Le CS proposait donc de mettre à profit ce mois confiné pour augmenter fortement le "Tester, tracer, isoler". Et puisqu'il fallait un peu d'espoir, le CS évoquait la perspective heureuse des anticorps monoclonaux - qui restent pour l'instant bien hypothétiques.
Il y a en revanche un modèle qui annonce la catastrophe pour mars, c'est celui qui a été fourni aux parlementaires par les services du Premier ministre le 28 janvier. Il n'est pas sourcé et semble beaucoup plus rudimentaire que les modèles de l'INSERM et de Pasteur.
Enfin, dernier modèle, celui de l'avis du Conseil scientifique en date du 12 janvier. On peut le trouver plus pertinent mais c'est une modélisation très sommaire, qui décide arbitrairement de passer le R de 1 à 1,5 à 3 dates différentes : février, mars ou avril.
D'après Libé, les modèles étaient trop pessimistes.

liberation.fr/checknews/est-…

D'après l'AFP, les projections avaient tout juste. Faites votre choix.

factuel.afp.com/un-explosion-d…

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28 Mar
Une étude anglaise très importante vient d'être publiée en pré-print : une estimation de l'impact des mesures sanitaires lors de la 2e vague en Europe.

Les mesures les plus efficaces : fermeture des restaurants, des discothèques et des commerces ImageImage
mais aussi interdiction des rassemblements de plus de 2 personnes (à l'image du confinement en Allemagne par exemple).

Viennent ensuite le couvre-feu, une politique stricte de port du masque et enfin la fermeture des écoles.
Les chercheurs notent que l'efficacité de la fermeture des écoles est moins forte que dans les études de la première vague, ce qui suggère "qu'un fonctionnement plus sûr des écoles est possible avec un ensemble de mesures de sécurité rigoureuses".
Read 9 tweets
27 Mar
Cette pandémie aura permis un partage des connaissances sur Twitter sans égal. De nombreux scientifiques ont "percé" de manière remarquable sur le réseau.

Aperçu de l'évolution de leurs followers depuis janvier 2020 (classement non exhaustif par nbre décroissant de followers)🧵
- Le microbiologiste @raoult_didier : 0 ➡️799.000 followers

- Le virologue @c_drosten : 700 ➡️712.000 followers

- L'épidémiologiste @Karl_Lauterbach : 93.000 ➡️493.000 followers

- L’épidémiologiste @DrEricDing : 2.000➡️462.000 followers
- Le médecin Scott Gotlieb : 62.000➡️462.000 followers

- Le généticien @EricTopol : 184.000➡️404.000 followers

- L’épidémiologiste @trvrb : 3.600➡️308.000 followers

- L’épidémiologiste @devisridhar : 12.000 ➡️281.000 followers
Read 6 tweets
27 Mar
Comment en est-on arrivé là ? Retour sur la séquence sanitaire des derniers mois, pour essayer de comprendre comment la France qui entrait dans 2021 avec un taux d'incidence inférieur à la moyenne européenne se retrouve aujourd'hui dans une situation critique. 🔽🔽🔽
La France sort des fêtes avec une situation meilleure que ses voisins européens, l'explosion à Noël tant redoutée n'ayant pas eu lieu. Mais depuis début décembre, l'incidence remonte doucement mais sûrement et le couvre-feu à 20h ne suffit pas pour éteindre cette poussée. Image
A partir de la mi-janvier on commence à observer un découplage. Les cas sont en forte baisse dans presque tous les pays d'Europe - pour beaucoup plongés en confinement avec écoles fermées - mais pas en France, où la hausse, lente et pénible, continue. Ici, la carte au 24 janvier. Image
Read 25 tweets
21 Mar
Gabriel Attal sur BFM TV : "Il n'y a plus de règle des 6. La logique aujourd'hui est de ne pas recevoir chez vous des personnes qui ne sont pas de votre domicile. Si vous voulez voir des amis, voyez-les dehors, si c'est possible". C'est une recommandation, pas une obligation.
Gabriel Attal : "Vous aurez remarqué que contrairement à certains pays dans le monde, des policiers ne débarquent chez vous pour voir combien vous êtes. Macron s'est toujours engagé pour les libertés des Français".
Il y a un certain flou sur cette règle des 6 :la porte-parole du ministère de l'Intérieur avait jugé sur BFM qu'elle était encore en vigueur, en intérieur comme en extérieur. Gabriel Attal assure qu'elle est désormais caduque en intérieur.
Read 9 tweets
21 Mar
A la veille d'un nouveau sommet entre Merkel et les Länder, l'incidence repasse au-dessus de 100 en Allemagne.

Cette barre correspond à celle du "frein d'urgence" et qui consiste normalement à refermer les lieux qui ont été rouverts (commerces, musée...).
Je dis normalement, parce qu'il reste une grande latitude au niveau local pour appliquer ces mesures. Vendredi, Merkel a rappelé l'existence de ce seuil: "Nous constatons que la situation évolue de manière difficile. Malheureusement, nous devrons utiliser ce frein de secours."
Si de nouvelles restrictions ont été mises en place à Hambourg ou en Hesse, ce n'est pas le cas en Saxe-Anhalt, où l'incidence dépasse aussi 100.

Tout l'enjeu du sommet de demain sera d'harmoniser ce "frein d'urgence", en gérant notamment la question délicate de Pâques.
Read 9 tweets
20 Mar
"0,5% ? C'est 500 pour 100.000, c'est au-dessus du taux d'incidence !"

Jean-Jacques Bourdin fait ici une erreur très commune, consistant à considérer qu'un test mené au hasard dans une population est comparable au taux d'incidence.
Ce chiffre de 0,5% n'est pas un taux d'incidence, mais un taux de prévalence.

La différence est subtile mais importante. L'incidence, ce sont le nombre de *nouveaux* cas reportés sur une semaine. La prévalence, c'est le taux de personnes positives à un moment donné.
Or, sur un test PCR (comme le test salivaire), la durée de positivité est d'environ 3 semaines. Le taux de prévalence Covid est donc toujours supérieur au taux d'incidence, qui dénombre les nouveaux cas sur une semaine.
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