#concours #prepahec #animal #culture
Sujet : Comprendre l'animal
- Probabilités indicatives : Ecricome 35%, ESSEC 60%, HEC 20%
- Au risque de me répéter, le plus important ici est d’interroger « comprendre » : faites comme si ce mot n’avait aucune définition fixe et que sa...
puissance d’évocation vous émerveille tout du long de votre dissertation.
- Plus concrètement, comprendre c’est avant tout réussir à conceptualiser une chose, à la saisir par l’intellect. Etymologiquement, c’est « prendre avec » (cum-prendere en latin) dans le double sens d’avec
: prendre à l’aide de sa conscience (avec sa conscience) et prendre avec soi l’animal.
- Mais, immédiatement apparait un problème : quand je comprends quelque chose, je l’encercle, je le limite. On peut penser à l’opposition entre la définition par compréhension (comme quand je
dis « l’ensemble des entiers naturels ») et la définition par extension (quand je me mets à lister tous les entiers naturels).
- Toutefois, d’aucuns pourraient arguer que la compréhension, si elle réduit, bonifie aussi. La compréhension est un fruit sec : certes la fraicheur a
disparu, mais l’essentiel du goût s’est concentré dans un produit plus intense.
- On pourrait alors s’arrêter là et poser comme PBL : Comprendre l’animal, n’est-ce pas en même temps réduire les possibles infinis qu’offrent les animaux ? Mais allons plus loin.
- On voit qu’un
paradoxe plus profond se met en place : si mon objectif est de définir un mode de compréhension de l’animal qui ne le réduit pas, je dois pour cela savoir ce qui ne « limiterait » pas l’animal. Et donc, avant de comprendre bien l’animal (le comprendre adéquatement, sans le
limiter), je dois bien le comprendre (savoir ce qui lui conviendra).
- Ainsi, notre 2ème PBL pourrait se formuler comme suit : La compréhension de l’animal, entre nécessité théorique et aporie pratique, est-elle inéluctablement vouée à l’échec ?
I/ L’animal, par sa présence plus ou moins immédiate dans de nombreux aspects de la vie humaine, est toujours voué à être « compris par » (par un enfant, par un éthologue, etc) et « compris dans » (intégré dans un ensemble).
II/Mais alors, l’acte de comprendre l’animal se mue souvent en une compréhension diminuée et atrophiée par la résilience chez l’homme de réflexes anthropomorphiques et encageurs.
III/ Dès lors, il faut comprendre le mot « animal » comme une invitation à l’hésitation et à l’humilité : comprendre l’animal mais sans jamais cesser de se questionner sur la validité de cette compréhension ; et surtout apprendre à refuser de comprendre l’animal quand l’on
ne sait pas « le comprendre en le laissant libre ». Autrement dit : pensons l’animal en « extension limitée » et laissons aux artistes le soin de le comprendre. (Je développe mon III pour que ce soit bien clair).
A) L’animal peut être compris, inclus dans un cercle de compréhension, à condition que celui-ci soit à géométrie variable et ne soit pas le prétexte pour l’homme de soumettre l’animal. (Il ne s’agit pas ici de jouer à l’animaliste extrême, mais plutôt d’être dans la nuance).
Quand je comprends l’animal comme un être qui me permet d’exister, qu’il est une condition d’existence pour moi, quand je me dis que sans lui, il me manquerait de nombreux ponts d’ouverture vers la douceur, le courage ou l’amour, alors l’animal doit être intégré dans l’écosystème
de mon existence car sans l’animal, cette existence serait diminuée (dévalée dirait Heidegger).Sans cesse, je dois m’attacher à mieux comprendre l’animal, sans quoi je perds en qualité d’existence. Je dois être responsable, au sens d’Hans Jonas. Dans ce cas seulement, je peux
comprendre l’animal en compréhension, cad définir certains principes à partir desquels je saisirai toute l’Animalité.
B) Mais à une échelle plus individuelle et moins universelle, plus existentielle et moins existentiale dirait Heidegger, la saisie de l’animal passe par l’abandon
de la froide compréhension. Je me dois de saisir les animaux, et non pas l’Animal, en extension. Est-ce à dire que je dois comprendre tous les animaux, de ma chatte au pangolin de Wuhan ? Non, il faut comprendre l’animal en « extension limitée », cad en extension qui se limite à
ma condition finie d’être humain. Celui qui comprend bien un animal vaut mieux que celui qui en survole cent, car ce dernier les vole.
C) Toutefois, une forme d’action peut échapper à l’injonction que nous venons de formuler : l’action esthétique. Car en effet, celui qui comprend
bien l’animal, qui sait en extraire le suc sans en détruire la forme, c’est l’artiste. Pour reprendre notre analogie du fruit sec, l’artiste arrive à saisir toute les énergies que le raisin aurait laissé dans le raisin sec tout en faisant en sorte que le raisin reste un raisin.
L’artiste n’a pas besoin de transformer l’animal pour le comprendre. Ce qui lui reste dans les mains, c’est certes une définition en compréhension de la puissance du cheval (Géricault) mais c’est une compréhension sans agression sur l’animal réel. Une compréhension sans pleurs.

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