E. Macron a (re)annoncé cette semaine une réforme de l'#ENA. Est-ce que ça va changer quoi que ce soit ?
Probablement pas.
Parce qu’en fait, le moule idéologique de la formation des fonctionnaires dépasse très largement l’ENA.
Quelques explications ⤵️
Rappelons tout d'abord que la formation des cadres de la fonction publique, c'est beaucoup de concours différents (territoriaux, hôpitaux etc.)
Or toutes ces formations partagent beaucoup des défauts de l'#ENA.
Et c'est justement ça qui est problématique et qui ne changera pas.
D'abord sur le fond. Il faut comprendre que le "moule idéologique" commence bien en amont de l'#ENA (ou de ces autres formations).
Il commence dès la préparation à ces concours. Que ce soit Sciences Po ou ailleurs, c'est globalement le même schéma (et il est clef) :
Les étudiant.e.s sont là pour essayer de réussir leurs concours.
Alors ils apprennent docilement.
L'esprit critique 1) ça prend du temps et 2) c'est pas ça qui « paye ». (je suis passé par là)
Écrire un truc un peu de gauche dans une copie ?
Prise de risque 😬
On les comprend :
Parce que qui sont les profs (qui les notent) ?
Des (jeunes) haut.e.s fonctionnaires.
Qui sortent des écoles dont on prépare les concours.
Qui enseignent ce qui plaira aux jurys des concours.
Jury dans lesquels ont trouve... d’autres haut.e.s fonctionnaires.
C'est un vase clos.
Mais le moule ne s’arrête pas à la prépa.
D'abord parce qu'une fois le concours réussi, le contenu ne gagne pas en réflexivité, bien au contraire. On vous enseigne la "gestion".
Gestion de la "masse salariale".
Gestion de la "contrainte budgétaire".
Pas le pourquoi.
Le comment.
Mais surtout parce qu'avant d'être des écoles du contenu (du "fond"), les écoles de la fonction publique vous enseignent l'ethos.
L'attitude à adopter quand on est ("haut.e") fonctionnaire.
Avec une règle d’or, parmi toutes les autres : "respecter la commande"
C'est fondamental:
C'est quoi, "respecter la commande" ?
Ca veut dire que si on vous demande d'écrire une note pour identifier des économies à réaliser sur l'assurance chômage, on vous demande pas si c'est pertinent ou pas.
On vous demande de trouver des économies à réaliser.
C'est la "commande".
Surtout, la plupart de votre formation, ce sont des stages (c'est le plus intéressant).
Vos chef.fe.s y sont souvent vos futur.e.s employeur.se.s. Ou bien ils vous mettent une note de stage.
Donc pour être bien noté.e ou recruté.e, mieux vaut respecter leur commande.
Un exemple qui me marque encore, c'est quand on m'a demandé de rédiger un acte dont j'étais sûr qu'il était illégal.
Il était 21h30, j'étais seul.e dans mon bureau, mon chef - qui me notait - insistait pour signer ce soir.
J'avais 25 ans. J'ai pas joué au héros.
La commande.
La commande peut-elle être autre chose que "hiérarchique" ?
C'est bien tout le problème : ce n'est jamais envisagé.
Dans ces écoles de l'ethos, on vous apprend à obéir à la hiérarchie. Pas à répondre à l'intérêt général.
Des fois ça se recoupe.
Des fois c'est très différent.
Il faudrait ajouter que c'est tout l'environnement de ces formations qui pousse à la passivité.
On vous apprendra (parfois) à manager, jamais vos droits en tant que "managé.e". Ni vos droits au travail en tant que fonctionnaire-stagiaire.
Et évidemment il n'y a pas de syndicat.
On pourrait multiplier les exemples. Le classement de sortie (quand il existe) qui pousse à rentrer dans le moule, etc.
Mais le principal message est : il ne suffira pas de changer les trois lettres du nom de l'école pour changer ces formations... et pourtant c'est nécessaire.
Je ne dis pas qu'il faut supprimer ces écoles : on doit former les fonctionnaires.
J'ai fait des stages passionnants. J'ai rencontré des gens géniaux.
Mais j'ai aussi appris ce que c'était le moule de la haute administration. Et je m'attendais pas à ce qu'il soit aussi puissant.
Alors quand j'ai entendu le Président de la République annoncer une "réforme" qui maintient le classement, ne remettre à aucun moment en cause l'omniprésence de la hiérarchie, le vase clos des prépas ou l'apprentissage par mimétisme...
...Je me suis dit qu'on était pas sortis 😑
Loin de moi l’idée de décourager les futur.e.s fonctionnaires : bien au contraire !
On a besoin de vous et de votre regard (critique).
Mais ne soyons pas angéliques : sortir du moule de la pensée administrative dominante, c’est du travail. Et du travail collectif.
Au boulot.
NB : ce fil twitter est très largement issu d'une réflexion collective (comme quoi !) et d'un texte écrit avec plusieurs collègues (>> @nosservicespub) voilà déjà quelques années.
Il est accessible en intégralité sur @MediapartBlogs
[Coup de gueule]
Je crois qu'on ne mesure pas bien la gravité des conséquences de l'opération de communication absurde qui a eu lieu ce WE sur la vaccination anti-Covid.
"Coup d’accélérateur partout en France" s'est gargarisée toute la presse.
Mais à quel prix 😠😡 ? ⤵️
Littéralement TOUS les médias en ont parlé : TV, chaînes d'info en continu, presse écrite nationale ou régionale, magazines people...
"50 000 personnes", "vaccination de masse", "grande campagne", n'en jetez plus !
Faut dire qu'on avait sorti le grand jeu :
➡️Les chiffres: "plus de 100 centres ce WE en Ile-de-France"
➡️ Le déplacement chez les pompiers (on aime tellement les pompiers)
➡️ Les témoignages de gens soulagés
➡️ Les DG ARS et les préfets de sortie
Et surtout les belles photos ✨
🔴 Aide médicale d’Etat : dans les coulisses d’une réforme régressive
La semaine dernière, des 100aines de professionnel.le.s dénonçaient une restriction grave de l’accès à la santé.
😳 Mais c'est aussi les méthodes employées par le gouvernement qui sont choquantes...
Thread⤵️
Rappelons que cette réforme c’est : 1. Une réduction du panier de soins accessibles aux sans-papiers 2. La suppression de centaines de lieux d’ouvertures des droits
Bref, une remise en cause grave et concrète du principe universel d’accès à la santé.
La semaine dernière, elle a été dénoncée par plus de 500 professionnel.le.s de la santé, mais aussi par toutes les associations travaillant sur la santé des étrangers…
Ce qui pose une question majeure : comment le gouvernement a-t-il fait passer une telle régression ?
Rewind ⏮️
Ok. Donc hier matin on en était à 8 612 personnes vaccinées en Seine-Saint-Denis.
Sur 1,6 million d’habitants. Soit 0,005% de la population.
Comment a-t-on pu en arriver là ?
Faut que je vous raconte la chronologie épique de ces 10 derniers jours ⤵️
Replaçons-nous il y a quinze jours : à force de critiques sur la lenteur de la vaccination en France, le gouvernement a décidé une double accélération : 1) Vacciner les soignant.e.s de +50 ans ou à risque dès début janvier 2) Vacciner les +75 ans à partir du 18 janvier
Cette deuxième phase de la stratégie (+75 ans) passe par l'ouverture de "centres de vaccination ambulatoires" (CVA) comme ailleurs dans le monde.
On les avait jusqu'ici évités: le souvenir des vaccinodromes H1N1, symbole d'une campagne jugée disproportionnée, était trop cinglant.
Avec un pincement au cœur, j’ai quitté cette semaine le job le plus passionnant de ma (courte) vie.
Pendant un an et demi j'ai travaillé à l'organisation des soins en Seine-Saint-Denis.
Je voudrais aujourd’hui vous expliquer pourquoi il est urgent de tout changer. (1/X) ⤵️
On le sait, santé et pauvreté ne font pas bon ménage.
Une des principales manifestations sanitaires de la précarité, c'est l'explosion des maladies chroniques. C'est évidemment vrai dans le 93 : taux de diabète le + élevé de l'hexagone, dépistage des cancers en dessous de tout..
Le principe de ces maladies chroniques c'est de durer longtemps. On en guérit pas toujours. Elles nécessitent moins des "soins" qu'un accompagnement dans la "santé".
Pour notre système de santé c'est un changement majeur.
Comme je dessine fort bien je vous ai fait des dessins 👀