Marre de ce raisonnement. Le racisme est un mode d'organisation des sociétés sur une ligne de couleur par exemple (mais pas que). Ce qui le définit: l'ordre social institutionnalisant, pr des raisons souvent économiques oui, la hiérarchie entre les groupes. Pas les "intentions".
La conjoncture politique intérieure, les rivalités impériales, le rapport de force entre l'Etat et la classe des planteurs expliquant les décisions de Nap.(ou d'un autre H de pouvoir), tout ça ne contredit pas la réalité d'un ordre racial en place, et ici, renforcé par #Napoléon
Stop de réduire le racisme aux "intentions". Comme si elles pouvaient exister hors des conjonctures, des contingences. Bien sûr qu'il y a tjrs des motifs "autres" et pas juste de "la haine". Ms le racisme est l'ordre qui est produit par cette rencontre entre conjoncture & idées
Hier je râlais sur ça 🔽 c'est la même minimisation du fait colonial et de l'esclavage, disant qu'ils ne s'expliquent pas par des "intentions" meurtrières ou racistes, mais *que* par raisons éco., pol. Et ? L'ordre social résultant de cela, qu'en est-il?
Que les gens en soient conscients ou non, derrière cette utilisation de la "conjoncture" pr dé-racialiser l'entreprise napoléonienne, c'est la répétition du geste consistant à nous* refuser une pleine humanité: ces populations n'étaient que des dommages collatéraux, quelque part
les "vraies" raisons, la "vraie" histoire, ce n'est pas en rapport à ces esclavisés voyons. C'est entre humains, entre agents et sujets de l'histoire (Etat VS planteurs ; Français VS Anglais). Les esclavisés eux ne sont que des objets de cette vision eurocentrique de l'histoire.
Cessons de croire que les conséquences pour ces esclavisés peuvent être considérées comme la clef de lecture principale des évènements (ou, au moins de même importance). Non non. Le coeur de l'histoire doit rester ce qui se passe entre les seuls véritables sujets et agents.
Enfin, je disais que cette logique consiste à "nous*" refuser une pleine humanité, parce que tout débat sur l'histoire indique un rapport au présent. Oui ça rappelle la manière dont la lecture eurocentrique de l'histoire exclut les esclavisés d'un rôle de sujet historique, mais
cela dit aussi quelque chose du rapport qu'entretiennent au présent l'Etat français et la société française (au travers notamment de certaines de ces élites intellectuelles) avec les Afro-descendants. Ce débat dit bcp le refoulé de la Révolution haïtienne ms aussi le caractère
précaire, conditionnel, subalterne de l'inclusion de "l'outre-mer" concerné par cette histoire, ds la "nation" française. Je ne m'en plains pas du tout. C'est un rappel. Et l'histoire est souvent le lieu de conflictualités privilégiés rappelant cette segmentation de la société
ps : bonne occasion aussi de rappeler que l'histoire professionnelle et donc les historiens professionnels ne sont pas hors du politique...
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Quelques mots à propos de cette intervention🔽 1) Bien joué. Stratégie : se débarrasser du poids de sa propre histoire et ce qu'elle implique pour le présent ds ce débat sur l'histoire de FRANCE (et pas de l'Arabie S., de l'Irak etc) en convoquant la question de la traite arabo-m
2) En France on s'intéresse plus à la traite arabo-musulmane qu'à -nous devons insister dessus- la Rév° haïtienne qui la concerne pourtant plus directement. Aussi, demandez-vs combien d'historiens non occidentaux st invités sur les plateaux TV. Et qd c'est le cas, à quelles fins.
3) Notez cette manière habituelle de dire qu'on (qui ?) "cache" la traite arabo-musulmane. Elle n'est pas cachée, ms moins connue pour des raisons politiques (refus de l'affronter par les pouvoirs ds lesquels elle a eu lieu, ms en Frce qu'y pouvons-nous ?) et historiographiques
Tout comme le racisme n'est pas affaire d'ignorance à combattre en révélant des "vérités" ("non les Africains/les noirs ne st pas ce que vous croyez, la preuve"), le roman national français avec ses héros -Nap & co- ne se combat pas *juste* avec "une connaissance de l'histoire".
Déjà parce que définir ce qu'est l'histoire est un des enjeux même de la conflictualité entre différents segments de la société, et l'État. Car, plus que les faits et connaissances, les dynamiques de pouvoir pèsent sur la légitimation de ce qu'on va ou non appeler "histoire" .
Quels évènements vont être ou non célébrés, voire mythifiés - hello, comme d'hab, where is la Révolution haïtienne ? :p- quels chercheurs sont invités ds les médias, et ds quelles conditions(!), ms aussi quels chercheurs st cités ds les travaux, par qui, pr servir quels discours.
je hais tellement les minimisations déguisées du fait colonial ou de l'esclavage qui consistent à dire que c'était *que* de l'exploitation. C'est tellement réducteur sur ce que ces processus ont provoqué comme lourdes destructions (humaines, sociales...).
Résultats > Intentions
Les "débats" sur Napoléon ont *aussi* en arrière plan cette logique, bien que ça ne s'y réduise pas car il y plein de raisons liées à la négrophobie française qui expliquent qu'on ait à "débattre" de ça. Mais il y a un peu de ça aussi, l'esclavage ce n'était *que* de l'exploitat°
alors certes c'était pas bien, mais bon voilà quoi, *que* de l'exploitation. Puis ultérieurement certaines de ces mutations localisées n'étaient *que* du travail forcé, dc oui c'est mal, mais bon, *que* de l'exploitation quoi. C'était pr s'enrichir, pas détruire, ça, ça s'comprd.
C'est vrai qu'il y a urgence de pointer spécifiquement du doigt la dangerosité des approches libérales de la "déconstruction", mais ça me fait sourire qd des communistes donnent l'impression que leur milieu était épargné (d'autres formes) de flicage moraliste sur les individus...
oui les motifs, formes et finalités varient, d'un côté on prêche la liberté individuelle, de l'autre on parle de collectif certes, dc pas la mm grammaire politique, il n'empêche que le flicage des pratiques individuelles, sur les formes de sociabilité, les "goûts", c la même dsl
quant à l'aspect raciste implicite que ça pt revêtir parfois...je vais mm pas me lancer sur ça (sur les vêtements de marque , sur l'envie de "s'en sortir", et qui la forme de la critique vise implicitement). Il y a une dissonance entre le projet communiste et l'éthique de l'Autre
Me replonger ds ces #GuadeloupeDocus me ft penser à certaines des personnes croisées issus de familles indépendantistes, communistes, de Guadeloupe ou d'ailleurs qui ont parfois eu un regard méprisant sur les gens qui comme moi n'ont pas grandi ds ça et découvrent av enthousiasme
Pr prendre du recul sur un héritage (c crucial), encore faut-il le connaître... l'immersion dès l'enfance ds ses milieux pt leur fr penser que "tt le monde connait ça en Guadeloupe" alors que non, moi comme d'autres, ont a dû se battre pr savoir ce qu'était "les indépendantistes"
Entre les silences familiaux, les discours diabolisant de la presse ou des figures d'autorité (comme un prof au collège qd j'avais proposé un exposé sur le sujet qui m'avaient dit que "les indépendantistes st des malades" fin de citation) il a fallu "lutter" pr savoir des choses
Insister sur la dimens° systémique du racisme n'a rien d'un détail, comme une donnée "en plus" pr l'expliquer. C'est LA caractéristique qui le constitue. C'est selon qu'on le tienne pr systémique ou pas qu'on capte par ex que les débats sur la non mixité st une défense de l'ordre
cette approche permet de comprendre par ailleurs que l'enjeu n'est pas tant la défense de la non mixité (qui n'est rappelons-le qu'un outils parmi d'autres), ms plutôt de la nécessité de ré-affirmer et de réaliser de l'auto-organisation de ceux qui vivent le racisme.
Les attaques (sous la forme de diffamation, stigmatisation, voire criminalisation) de l'antiracisme dans sa globalité sont multiples. Des orgas qui n'ont pas inscrit la non mixité comme principe ont pu subir des pressions de la part de hauts responsables de l'État (CCIF par ex).