Quelques mots à propos de cette intervention🔽 1) Bien joué. Stratégie : se débarrasser du poids de sa propre histoire et ce qu'elle implique pour le présent ds ce débat sur l'histoire de FRANCE (et pas de l'Arabie S., de l'Irak etc) en convoquant la question de la traite arabo-m
2) En France on s'intéresse plus à la traite arabo-musulmane qu'à -nous devons insister dessus- la Rév° haïtienne qui la concerne pourtant plus directement. Aussi, demandez-vs combien d'historiens non occidentaux st invités sur les plateaux TV. Et qd c'est le cas, à quelles fins.
3) Notez cette manière habituelle de dire qu'on (qui ?) "cache" la traite arabo-musulmane. Elle n'est pas cachée, ms moins connue pour des raisons politiques (refus de l'affronter par les pouvoirs ds lesquels elle a eu lieu, ms en Frce qu'y pouvons-nous ?) et historiographiques
3bis) par ex car il s'agit d'un phénomène bien plus fragmenté (par comparaison avec le système de plantation des Amérq) av un processus bien plus tortueux et - net "d'abolition".Mieux que N'Diaye il y a Salah Trabelsi spécialiste du sujet (moins médiatisé) canal-u.tv/video/iea/conf…
*Précision*: l'émission date du 10 mai 2017 (dc jour de commémoration de l'abolition en France) c'est le tweet d'un compte qui parodie(!) AJ+ qui la reprend le 5 mai 2021. Dc je continue sur la suite du thread sur N'Diaye car le recours à lui est politiq
4)N'Diaye a raison de dire que la traite arabe a duré plus longtps et déporté plus de monde. Ce que j'ai retenu des estimations:
▶️environ 11/12millions de déportés pr la traite atlantique sur 4 siècles.
▶️ environ 17 millions sur 14 siècles pr la traite arabe (cf Pétré-Gren.)
4bis) Alors évidemment, pas de compétitions dans l'horreur, ms c'est juste que ces estimations disent la violence des deux, ms aussi de "l'intensité" de celle européenne sur 4 siècles. Tt le monde n'est pas d'acc ms certains comme E.Williams parle des plantations comme les
ancêtres des usines modernes. Encore une fois tous les historiens,économistes ne st pas d'acc avec ça, Williams et à sa suite ds un style proche, des gens auj comme Beckert sont critiqués. Malgré tout la différence "structurelle" entre les deux formes d'esclavage est réelle
ms attention, contrairement à des choses que j'avais lues et crues, c'est pas non plus vrai de dire que la traite arabe n'avait que de l'esclavage domestique, 0 taff productif etc. Non ya eu des ex de plantations ds l'océan indien, ms c pas "représentatif" comme pr la traite atl.
Si ça intéresse un texte récent sur l'esclavage dans l'océan indien (avec notamment les plantations sous les Omani, mais aussi la très grande variété des formes de la sujétion) "Slavery and Post Slavery in the Indian Ocean World", par A. Stanziani hal.archives-ouvertes.fr/hal-02556369/d…
5)un autre point qui me vient en tête lorsqu'on mentionne la traite arabo-musulmane dans un contexte français, c'est la question des conditions de possibilités de revendications des groupes esclavisés ou, descendants d'esclavisés. J'ai déjà mentionné le refus des pouvoirs ds les
pays du Maghreb et du Moyen-Orient concernés de se confronter à cette histoire. Ms un autre détail qu'on pt au moins interroger (à défaut, ds mon cas, d'avoir les connaissances approfondies pour conclure un truc dessus), c'est comment les contextes de ces pays (subalternes pr la
plupart ds la division Nord/Sud) + leurs héritages locaux de négrophobie, compliquent encore plus la constitution de revendications éco ou mémorielles (un ex à suivre qui semble avoir une forme plus organisée et structurée, c'est la lutte des haratines en Mauritanie, bien que là
il s'agit aussi de demander à ce que l'esclavage s'arrête dans les faits, même s'il est officiellement aboli). En tout cas la façon dont le débat est utilisé en Fr pr 2 objectifs franco-français (fr taire les noirs et cibler les arabes) n'aident pas du tout à penser tout ça
et j'insiste vraiment, inviter le 10 mai un type pour parler de traite arabe, alors qu'on veut pas parler de réparations (quoiqu'on en pense, des stratégies, de qui s'en revendiquent) ça montre la profonde dimension négrophobe et insultante de ce genre de mobilisation du sujet
d'où l'intérêt de se l'approprier hors des récup médiatiques ou politiciennes et pas céder aux injonctions à pas "diviser" l'antiracisme. Car se saisir de cette histoire-là ds une approche panaf, anti impérialiste, c la base pr penser notre rôle ds les solidarités internationales
Bref, en ce mois de mai qui commence et où nous sommes déjà fatigués (avec les politiques, certains médias, certains intellos, et des quidam sur les rs), c'était juste l'occaz de donner qq pistes sur comment répondre à l'argument "traite arabe!" qd on dit "France esclavagiste"...
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Tout comme le racisme n'est pas affaire d'ignorance à combattre en révélant des "vérités" ("non les Africains/les noirs ne st pas ce que vous croyez, la preuve"), le roman national français avec ses héros -Nap & co- ne se combat pas *juste* avec "une connaissance de l'histoire".
Déjà parce que définir ce qu'est l'histoire est un des enjeux même de la conflictualité entre différents segments de la société, et l'État. Car, plus que les faits et connaissances, les dynamiques de pouvoir pèsent sur la légitimation de ce qu'on va ou non appeler "histoire" .
Quels évènements vont être ou non célébrés, voire mythifiés - hello, comme d'hab, where is la Révolution haïtienne ? :p- quels chercheurs sont invités ds les médias, et ds quelles conditions(!), ms aussi quels chercheurs st cités ds les travaux, par qui, pr servir quels discours.
Marre de ce raisonnement. Le racisme est un mode d'organisation des sociétés sur une ligne de couleur par exemple (mais pas que). Ce qui le définit: l'ordre social institutionnalisant, pr des raisons souvent économiques oui, la hiérarchie entre les groupes. Pas les "intentions".
La conjoncture politique intérieure, les rivalités impériales, le rapport de force entre l'Etat et la classe des planteurs expliquant les décisions de Nap.(ou d'un autre H de pouvoir), tout ça ne contredit pas la réalité d'un ordre racial en place, et ici, renforcé par #Napoléon
Stop de réduire le racisme aux "intentions". Comme si elles pouvaient exister hors des conjonctures, des contingences. Bien sûr qu'il y a tjrs des motifs "autres" et pas juste de "la haine". Ms le racisme est l'ordre qui est produit par cette rencontre entre conjoncture & idées
je hais tellement les minimisations déguisées du fait colonial ou de l'esclavage qui consistent à dire que c'était *que* de l'exploitation. C'est tellement réducteur sur ce que ces processus ont provoqué comme lourdes destructions (humaines, sociales...).
Résultats > Intentions
Les "débats" sur Napoléon ont *aussi* en arrière plan cette logique, bien que ça ne s'y réduise pas car il y plein de raisons liées à la négrophobie française qui expliquent qu'on ait à "débattre" de ça. Mais il y a un peu de ça aussi, l'esclavage ce n'était *que* de l'exploitat°
alors certes c'était pas bien, mais bon voilà quoi, *que* de l'exploitation. Puis ultérieurement certaines de ces mutations localisées n'étaient *que* du travail forcé, dc oui c'est mal, mais bon, *que* de l'exploitation quoi. C'était pr s'enrichir, pas détruire, ça, ça s'comprd.
C'est vrai qu'il y a urgence de pointer spécifiquement du doigt la dangerosité des approches libérales de la "déconstruction", mais ça me fait sourire qd des communistes donnent l'impression que leur milieu était épargné (d'autres formes) de flicage moraliste sur les individus...
oui les motifs, formes et finalités varient, d'un côté on prêche la liberté individuelle, de l'autre on parle de collectif certes, dc pas la mm grammaire politique, il n'empêche que le flicage des pratiques individuelles, sur les formes de sociabilité, les "goûts", c la même dsl
quant à l'aspect raciste implicite que ça pt revêtir parfois...je vais mm pas me lancer sur ça (sur les vêtements de marque , sur l'envie de "s'en sortir", et qui la forme de la critique vise implicitement). Il y a une dissonance entre le projet communiste et l'éthique de l'Autre
Me replonger ds ces #GuadeloupeDocus me ft penser à certaines des personnes croisées issus de familles indépendantistes, communistes, de Guadeloupe ou d'ailleurs qui ont parfois eu un regard méprisant sur les gens qui comme moi n'ont pas grandi ds ça et découvrent av enthousiasme
Pr prendre du recul sur un héritage (c crucial), encore faut-il le connaître... l'immersion dès l'enfance ds ses milieux pt leur fr penser que "tt le monde connait ça en Guadeloupe" alors que non, moi comme d'autres, ont a dû se battre pr savoir ce qu'était "les indépendantistes"
Entre les silences familiaux, les discours diabolisant de la presse ou des figures d'autorité (comme un prof au collège qd j'avais proposé un exposé sur le sujet qui m'avaient dit que "les indépendantistes st des malades" fin de citation) il a fallu "lutter" pr savoir des choses
Insister sur la dimens° systémique du racisme n'a rien d'un détail, comme une donnée "en plus" pr l'expliquer. C'est LA caractéristique qui le constitue. C'est selon qu'on le tienne pr systémique ou pas qu'on capte par ex que les débats sur la non mixité st une défense de l'ordre
cette approche permet de comprendre par ailleurs que l'enjeu n'est pas tant la défense de la non mixité (qui n'est rappelons-le qu'un outils parmi d'autres), ms plutôt de la nécessité de ré-affirmer et de réaliser de l'auto-organisation de ceux qui vivent le racisme.
Les attaques (sous la forme de diffamation, stigmatisation, voire criminalisation) de l'antiracisme dans sa globalité sont multiples. Des orgas qui n'ont pas inscrit la non mixité comme principe ont pu subir des pressions de la part de hauts responsables de l'État (CCIF par ex).