Thread by @JoaoGwadloup

Tout comme le racisme n'est pas affaire d'ignorance à combattre en révélant des "vérités" ("non les Africains/les noirs ne st pas ce que vous croyez, la preuve"), le roman national français avec ses héros -Nap & co- ne se combat pas *juste* avec "une connaissance de l'histoire".

Déjà parce que définir ce qu'est l'histoire est un des enjeux même de la conflictualité entre différents segments de la société, et l'État. Car, plus que les faits et connaissances, les dynamiques de pouvoir pèsent sur la légitimation de ce qu'on va ou non appeler "histoire" .

Quels évènements vont être ou non célébrés, voire mythifiés - hello, comme d'hab, where is la Révolution haïtienne ? :p- quels chercheurs sont invités ds les médias, et ds quelles conditions(!), ms aussi quels chercheurs st cités ds les travaux, par qui, pr servir quels discours.

Dc je crois encore et tjrs, d'où l'insistance, que l'enjeu est la place des Afro-descendants ds les rapports de force. Il y a urgence à changer notre position dedans par la construction d'un contre-pouvoir, d'une contre-hégémonie, incluant autant des dimensions éco, pol, intello

(artistique, etc) La dimension intello bien sûr inclut le travail de transmission d'une histoire non eurocentrée. Ms ce qui permet à ce travail de ré-évaluation d'avoir du poids, ce n'est pas tant sa justesse factuelle que s'il est accompagné d'une dynamique pol. contre-hégémoniq

A ça il faut tout de suite préciser que ce ne sont pas nécessairement les mêmes gens qui seront sur tous les fronts, (d'autant que la dynamique de contre-pouvoir dont je parle ne relève pas nécessairement d'un concertation entre différents acteurs, voire même elle peut être le

fait de gens -chercheurs pro ou non pros, militants politiques- qui n'apprécient pas leurs travaux ou positionnements respectifs, mais qui restent malgré tout interdépendants dans le sens où les actions des uns, ouvrent une fenêtre de possibilités pour les actions des autres)

donc qd je dis contre-pouvoir/contre hégémonie, c'est pas l'unité bisounours : c'est la convergence de différentes offensives contre l'eurocentrisme (quelles se pensent ou non comme telles d'ailleurs, je parle surtout de leurs effets), qui, prises ensemble forme une dynamique

et ce que j'essaie de dire, c'est que c'est cette dynamique-là ds toutes ses dimensions (donc qui excèdent le versant intello/histoire etc) qui peut changer le rapport de force et donne du poids aux remises en question des visions des Tulard & co ( = histoire eurocentrée)

Les politiques et les franges intellos hégémoniques ne vont pas changer d'avis parce qu'on leur cite des extraits des discours de Nap, qu'on prouve que etc. Ils ne reviendront sur leur roman national eurocentrique que s'ils y sont CONTRAINTS.

Conclusion : le travail consistant à défaire cet eurocentrisme repose autant sur les historiens que sur l'état des forces politiques antiracistes, panaf, décoloniales, nationalistes (ds nos pays), malgré des différences évidentes d'approches, d'objectifs, et divergences de fond.