Chronologie de l’affaire des cancers du dépistage mammographique.
@RecheckHealth @HealthWatchUK @Lanceursalertes @JouanAnne1 @gijnFr @TranspariMED @stephanehorel

1/
L’affaire des cancers du dépistage mammographique cache en fait un scandale sanitaire encore plus grand, celui des risques des examens radiologiques, qui pourrait bien être une cause majeure de cancers dans les pays développés.
2/
Le risque de K lié aux examens radiologiques a été systématiquement occulté par le monde médical et industriel pour des raisons d’habitude, de dogme, et de COI. Le "consensus" est qu'il y a un risque mais qu’il est négligeable. Les opposants au consensus sont en fait éliminés
3/
En 2015, je suis chercheur à l’INSERM dans l’équipe de Marie Dutreix dans l’unité de Simon Saule à l’Institut Curie d’Orsay. Je travaille entre autres sur les mécanismes de réparation de l’ADN après sa cassure par les radiations ionisantes.
4/
Beaucoup de ces mécanismes impliquent des gènes dont les formes inactives sont impliquées dans des K du sein familiaux. Je suis moi-même médecin, spécialisé en cancérologie fondamentale, et j’ai dans le passé effectué un stage d’interne dans un service de radiologie du sein.
5/
Je m’intéresse également à l’actualité médicale, et j’apprend avec surprise que de nombreuses publications remettent en cause l’intérêt du dépistage mammographique pour réduire la mortalité par cancer du sein.
6/
Une publication, signée par Gil Welch en 2015 dans le New England, m’intrigue particulièrement, puisqu’elle montre que la mise en place du dépistage mammographique aux Etats-Unis n’a pas changé l’incidence du cancer du sein métastatique.
7/
J’entrevois une explication, qui ferait le lien avec le fait que les gènes de prédisposition au cancer du sein sont impliqués dans la réparation des cassures de l’ADN causées par les radiations ionisantes : c’est que les rayons X de la mammographie causent un nombre élevé de K
8/
Je propose cette interprétation sur Internet dès la fin de l’année 2015, en tant que commentaire d’article ou sur des blogs.
9/
Je commence à lire les articles sur l’effet des mammographies sur le risque de cancer du sein chez les femmes porteuses des gènes de prédisposition et constate qu’elles sont très biaisées de manière à minorer l’effet.
10/
En 2016, je parle à Marie Dutreix pour lui demander quelles sont les personnes à l’institut Curie qui auraient les compétences nécessaires pour reprendre l’enquête sur les risques des mammographies chez les porteuses.
11/
2 semaines après, en avril 2016, je suis renvoyé sur le champ par M Dutreix sans motif compréhensible. Je dois arrêter immédiatement le travail que j’effectue chez elle sur la réparation de l’ADN, libérer mon bureau et emmener mes affaires dans un local vide de l’Institut
12/
Je vois le directeur d’Unité, S Saule, qui m’explique que M Dutreix a un caractère difficile et qu’il ne peut rien faire, mais que je peux rester dans l'Unité si je le souhaite. J’essaye de trouver comment continuer le travail entrepris chez Dutreix et collaborer avec Saule
13/
Après plusieurs mois, j’ai obtenu enfin rendez-vous avec Nadine Andrieu, spécialiste des risques de K du sein causés par les examens radiologiques chez les femmes porteuses de mutation et je lui expose mes conclusions. Elle me dit qu’elle ne veut pas se mêler de ces affaires
14/
Comme l’étude chez les femmes porteuses de mutation est trop difficile à mener, je m’attache à évaluer le risque dans la population générale. Le problème est complexe car le dépistage mammographique entraîne une augmentation apparente de l’incidence.
15/
Je décide d’étudier un pays où le dépistage a été mis en place massivement en très peu de temps, le Royaume Uni. Et là, je trouve que l’augmentation la plus importante de l’incidence de K du sein ne survient pas au moment de la détection, mais plusieurs années après.
16/
Je tente une première soumission de correspondance au New England fin août 2016 qui est refusée. J’essaye de soumettre la correspondance dans d’autres journaux mais elle est également refusé. Cependant JAMA Oncology me propose de soumettre un article complet.
17/
En écrivant l'article, je dois trouver une interprétation du taux élevé de K observés par rapport au « consensus » sur les risques des "faibles" doses. Un seul auteur, Gofman, a des résultats en accord avec mes observations, mais il n’a pas publié dans des journaux médicaux.
18/
Au début, j’hésite à citer Gofman qui semblait être un hurluberlu, puis je réalise que c’était un bon chercheur (qui a découvert la relation lipoprotéines - maladie coronaire) qui a été éliminé de la communauté scientifique en raison de son travail sur les « faibles » doses.
19/
Alors que je m’apprête à rejoindre l’équipe de Simon Saule, ce dernier m’annonce que l’INSERM ne veut pas que je rejoigne son équipe et qu’il me faudra chercher ailleurs.
20/
L’article soumis à JAMA Onc est finalement refusé, les reviewers ayant utilisé la formule habituelle «  correlation is not causation ».
21/
En travaillant sur le sujet, je réalise que le domaine est divisé en 2 camps, les partisans et les opposants du dépistage, mais aucun des 2 ne veut considérer les données des autres, qui ne peuvent être réconciliées que par l’explication des cancers radio-induits.
22/
En janvier 2017, je suis convoqué par une commission de l’INSERM, chargée en principe de m’accompagner pour trouver un laboratoire. Comme j’ai déjà compris les enjeux, je déclare vouloir rejoindre un laboratoire d’épidémiologie pour publier mon travail sur les K mammo-induits
23/
Je contacte des Unités @Inserm d’épidémiologie et continue à travailler sur mon manuscrit à l’@institut_curie. En février, je reçois une lettre de l’INSERM me demandant de me justifier pour des absences et me menaçant de sanction, à la suite d’un signalement de Simon Saule
24/
Après enquête, il est apparu que l’@Inserm s’était procuré illégalement les relevés de badge de l’@institut_curie et les avait utilisés sans savoir qu’ils ne renseignaient pas sur la présence. Simon Saule n’avait pas fait de signalement.
25/
L’INSERM a été forcé de rétro-pédaler, mais ils m’ont néanmoins transféré dans des locaux administratifs en Juillet 2017 pour « préparer mon projet de recherche ». A la même époque je suis arrivé à contacter un des spécialistes du dépistage mammographique, Philippe Autier.
26/
Autier travaille également sur le risque de cancer lié au dépistage mais n’a rien publié sur le sujet. Il est dans le camp anti-mammo. Il a vu mes résultats et m’a expliqué que toute personne qui travaillerait sur le sujet allait subir les foudres des Dieux
27/
À ce déjeuner (septembre 2017) Autier me propose de venir le rejoindre à Lyon (hors INSERM), mais je ne veux pas donner une opportunité à l’@Inserm de me sanctionner pour des raisons règlementaires.
28/
Je continue ma recherche d’Unités d’épidémiologie près de Paris, mais j’observe un changement d’attitude après un contact favorable. J’ai la pression de la responsable de la commission d’épidémiologie, hostile, et j’essaye de recontacter Autier, mais il est aux abonnés absent
29/
Pour mettre fin à la pression, je mets en ligne en décembre 2017 un manuscrit complet sur BioRxiv (dépistage au Royaume Uni) . C’était la bonne solution puisqu’il a a attiré l’attention d’Archie Bleyer.
30/
Archie Bleyer était l’auteur du premier grand article sur les conséquences du dépistage mammographique aux Etats-Unis dans le New England nejm.org/doi/full/10.10…. Il m’a demandé si les choses se passaient de la même façon aux Etats-Unis qu'au Royaume Uni.

31/
Début 2018, mon projet de recherche est évalué négativement mais sans commentaire par une commission de l’INSERM, et le directeur de l’@Inserm, Yves Lévy prend la décision de me renvoyer après passage devant une commission paritaire fantoche.

32/
Je contacte @TI_France qui délègue ma défense à @fsc_infos , mais personne n’est autorisé à s’exprimer en commission paritaire et mon avocat quitte la salle.

33/
Le @Defenseurdroits , Jacques Toubon, reprendra lui, l’argumentation de l’INSERM, que mon renvoi n’est pas lié à mon travail sur les cancers mammo-induits.
34/
En septembre 2018, je suis contacté par @sfoucart , mis au courant de la situation par l’association Cancer Rose, opposée au dépistage mammographique et nous avons un long entretien.

35/
Après mon renvoi, Archie Bleyer et moi-même avons entrepris l’écriture d’un article qui reprend des éléments des résultats du Royaume Uni et rajoute des résultats des Etats-Unis. Nous soumettons l’article au BMJ qui nous demande des révisions pour qu’il soit accepté.
36/
En Janvier 2019, malgré que nous ayons pu répondre à toutes les requêtes des reviewers de BMJ, notre article est refusé sans explication.
37/
J’apprend que l’INSERM a été sollicité par le Monde au sujet de ma situation et que l’INSERM n’a pas été capable de le renseigner sur des précédents de renvoi de l’organisme pour des motifs « d’insuffisance professionnelle ».
38/
Je poursuis mon travail avec une autre approche : la comparaison de l’effet du dépistage chez les personnes âgées entre le K de la prostate et le K du sein.
39/
Nous envoyons une correspondance au New England montrant l’excès de cancer du sein après dépistage aux Etats-Unis et en France, correspondance qui est acceptée.
40/
La publication sort dans le NEJM en Janvier 2020, mais le Monde refuse de s’en faire l’écho. Les médias font comme si elle n’existait pas.
41/
Quelques pistes:
1) Malgré les multiples publications internationales défavorables au dépistage mammographique, Agnès Buzyn, femme d’Yves Lévy et ministre de la Santé au moment de mon renvoi, l’a encouragé en tant que présidente de l’INCa.
42/
2) Marie Dutreix est la fille de Jean Dutreix, principal collaborateur de Maurice Tubiana. Tubiana s’est acharné à minimiser le risque des « faibles doses » de radiations et a signé la déclaration de Heidelberg organisée par l’industrie de l’amiante.
43/
3) John Gofman en.wikipedia.org/wiki/John_Gofm… a montré une relation entre la densité médicale (prescripteurs de radio) et le taux de cancers.

44/
Liens utiles:



45/

Je suis disponible pour commenter chacun des tweets de ce fil.
46/46
FIN

• • •

Missing some Tweet in this thread? You can try to force a refresh
 

Keep Current with Daniel Corcos

Daniel Corcos Profile picture

Stay in touch and get notified when new unrolls are available from this author!

Read all threads

This Thread may be Removed Anytime!

PDF

Twitter may remove this content at anytime! Save it as PDF for later use!

Try unrolling a thread yourself!

how to unroll video
  1. Follow @ThreadReaderApp to mention us!

  2. From a Twitter thread mention us with a keyword "unroll"
@threadreaderapp unroll

Practice here first or read more on our help page!

More from @daniel_corcos

2 Apr
@JouanAnne1 @pascale_santi @sandrine_cabut @fabricearfi @EliseLucet @SCoignard @vincentglad @hervenirom
Ce fil est pour @DgCostagliola. Pas de chance pour elle, c’est l’#épidémiologiste de l’@Inserm la plus visible sur Twitter. Je lui demande de réagir à mes affirmations. 1/10
2/10
Il existe une correlation parfaite, temporelle et géographique, entre dépistage mammographique et incidence du cancer du sein. La corrélation temporelle est observable partout, j’y reviendrai plus loin.
3/10 Pour la corrélation géographique, on la voit également partout. Ici par exemple, l’incidence du cancer du sein relative à la pratique du dépistage mammographique par département aux USA.

Harding et al. JAMA Intern Med. 2015 Image
Read 11 tweets
24 Sep 20
October test (thread) @VPrasadMDMPH @adamcifu @EricTopol @HealthWatchUK
1) Let’s suppose that you screen for cancer people aged 50 to 75 years every 2 years and remove all the cancers you detect for 25 years.
After 25 years of this, in people over 75 years, will you find:
2) Answer: fewer prostate cancers; but more breast cancers.
In 75+ year olds: Corcos & Bleyer, NEJM, 2020
3) Why are there more cancers in old women after mammography screening?
Read 9 tweets
31 Aug 20
Dépistage mammographique et essais cliniques randomisés.
(Thread)
1) Le dépistage du cancer du sein par mammographies est au centre d’un enjeu financier à côté duquel le traitement du Covid fait figure de nain. On n’est donc pas surpris de voir la science roulée dans la farine par les revues médicales et les institutions « scientifiques ».
1) Le but du dépistage étant de diminuer la mortalité en diagnostiquant et donc en traitant précocement, les essais randomisés sont donc évalués par l’effet sur la mortalité.
Read 18 tweets
20 Jan 20
@GENES_PK
1) BRCA1 and BRCA2 genes code for proteins involved in the repair of double-strand DNA breaks, the damage caused by ionizing radiation, including X-ray. Unfortunately, for BRCA1/2 mutation carriers the NCCN guideline is mammography screening from age 30.
2) This is based on flawed articles suggesting an absence of risk.
ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16648044
In this article the bias comes from the selection of index cases.
3) ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25082516
In this one, the no-mammography group is likely to have mammography after genetic diagnosis, and this results in the comparison of prevalent screening to incident screening.
Read 6 tweets
2 Jan 20
Mammography-induced cancers. First publication in the New England Journal of Medicine. ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31875513
Here we show that previous screening dramatically decreases the incidence of prostate cancer in the elderly as a consequence of removing slow cancers, whereas decades of mammography screening leads to more cancers in old women, indicating the presence of mammography-induced K.
Read 4 tweets

Did Thread Reader help you today?

Support us! We are indie developers!


This site is made by just two indie developers on a laptop doing marketing, support and development! Read more about the story.

Become a Premium Member ($3/month or $30/year) and get exclusive features!

Become Premium

Too expensive? Make a small donation by buying us coffee ($5) or help with server cost ($10)

Donate via Paypal Become our Patreon

Thank you for your support!

Follow Us on Twitter!

:(