TW Maltraitances médicales et stérilité
Hier rdv chez un neurologue dans un hôpital à quasi 2h de chez moi. Il parait qu'il s'intéresse au covid long, qu'il en voit beaucoup. Je demande à ce que mon conjoint entre avec moi parce que maintenant j'ai besoin que quelqu'un d'autre ⤵️
entende et qu'on puisse debriefer ensemble. Et puis, le dernier qui a refusé que mon conjoint assiste à la consultation est passé par l'intérieur de mon soutif pour palper les ganglions de mes aisselles (coucou toi, attends que j'aille mieux, on va en reparler devant l'ordre). Et
devinez quelle est la 1ere question qu'il me pose ? "Vous n'êtes pas mariée !? VOUS N'ETES PAS MARIEE ?" Pourquoi connard, le pacs ça donne des problèmes neurologiques ? Quand je réponds non, il me demande 3 FOIS pourquoi. Avec une moue réprobatrice et en se tournant vers mon
conjoint avec un clin d'oeil complice. Et devinez quelle est la 2nde question qu'il me pose ? Bien sûr, vous l'avez ! "Vous n'avez pas d'enfants ? Pourquoi ?" Avec la même moue. Cette fois-ci, je me rebiffe. Je lui réponds du tac au tac :
"Non il y a quelques années, je suis tombée enceinte et j'ai failli crever à cause d'une erreur médicale". Je me dis qu'il va se sentir comme un gros con, qu'il va s'excuser. Mais il me répond (sans demander de détails ni montrer la moindre compassion) : "Oui mais maintenant ?
Pourquoi vous n'en avez pas maintenant ?" Je ne pense même pas à dire que je n'en veux pas, je suis en train de me justifier, c'est incroyable. Il ne m'a toujours pas demandé pourquoi je suis là. Je lui dis : "Mon interniste me déconseille une grossesse vu mon état immunitaire".
Lui : "C'est qui encore celle là ? C'est n'importe quoi". Ok, donc il ne me connait pas, ne sait pas ce que j'ai, ne connait pas mon interniste mais on est toutes des connes parce qu'on ne sacrifie pas tout à la maternité ? Je suis en train de hurler intérieurement. J'ai envie
de lui demander s'il m'aurait posé les mêmes questions si j'avais été un homme. Mais je me retiens en me disant que, peut-être, il aura une piste pour mon covid long, que je ne dois pas griller cette possibilité. Ca, ça s'appelle la dissymétrie relationnel entre soignant & soigné
Il y a un rapport de pouvoir qui fait que lorsqu'on est patient.e, on est déjà dans une position aliénée. Ce qui fait que le soignant.e a le devoir de prendre ça en compte quand il parle. J'y pense chaque jour avec mes patient.e.s moi, mais ce gars, il n'en a rien à foutre. Il
use et abuse de cette position pour être maltraitant, pour faire circuler ses petits jugements. Je me sens intérieurement tellement en conflit entre ce que je suis et ce que je suis en train de tolérer que je commence à me sentir mal. Je finis par lui répondre que je suis très
malade, que je n'arrive déjà pas à m'occuper de moi alors que les enfants ne sont pas ma préoccupation. Il change de sujet, sans un mot. J'essaye de lui expliquer le covid long, il me coupe, m'interdit d'utiliser le terme "inflammatoire" (sans demander à voir mes analyses
de sang qui montrent un état inflammatoire). Quand j'emploie un terme un peu familier, il me reprend, me corrige comme si j'étais une petite fille malpolie. J'ai dit "C'est comme l'impression d'être bourrée". Il me fait remarquer qu'on dit alcoolisée. Cet "expert"
du covid long en est encore à tester le réflexe de mes genoux au marteau. Je suis affligée. Il finit par me dire : il n'y a pas d'explication, pas de traitement, c'est comme ça. Rien à faire. Et je repars, sans solution et
sans un mot encourageant ; humiliée dans ce que je suis. Pourquoi je vous raconte ça ? Parce que cette dissymétrie, ce rapport de pouvoir inhérent à certaines fonctions (avocat, médecin, psy, etc.) est opérant : il a des effets sur les gens qui viennent voir ces pro quand
iels sont en détresse. Et quand on a un handicap ou une maladie chronique, un trouble psy, qu'on est racisé.e ou LGBT, cet effet est démultiplié. On peut être psy et sensibilisé comme moi et pourtant... Pourtant parfois on ne peut pas s'en décaler. Si vous faites partie de ces
professions, pensez-y quand vous avez quelqu'un.e en face de vous, pensez à l'effet de votre statut. Si vous êtes patient.e, si vous le pouvez, chaque fois que vous le pouvez : rebellez-vous, partez sans payer, signalez, mettez des avis négatifs. Si vous ne le pouvez pas, ne
culpabilisez pas, parfois le militantisme est juste trop lourd à porter. Et à toutes celles qui souffrent de ne pas pouvoir avoir d'enfant, en ont perdu, regrettent d'être mère, n'en veulent tout simplement pas : courage, un jour nous ne serons plus définie par ça !
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On a porté à mon attention le harcèlement que subit @LacombeKarine1 pour avoir dit qu’elle voyait un psy (et un psychanalyste de surcroît). Je suis allée lire les commentaires, c’est un déferlement cruel de psychophobie. Alors parlons en un peu (et merci à elle d’avoir parlé) ⬇️
Rappel : la psychophobie c’est la discrimination envers les personnes qui souffrent de pb psy. La conséquence de cette discrimination : on a honte d’aller voir un psy, il nous faut des années pour passer le pas pendant que notre état s’aggrave. On a honte d’en parler librement
quand on est suivi·e, etc.
Les idées psychophobes les plus répandues (et toutes présentes dans le harcèlement de @LacombeKarine1) :
- Voir un psy c’est être fou : Alors déjà non, si vous me demandez a moi, tout le monde gagnerait à avoir ce temps de parole et de réflexion mais
Bon grâce à toutes vos sources, je me suis fait une plongée du côté des théories antivax et particulièrement celle évoquée par mon patient, vous m'avez demandé ce qu'une psy peut faire là dedans, etc. Voilà ce que j'ai compris :
1. Le contexte
Je vais changer des détails pour ne pas mettre en danger l'anonymat de mon patient mais je vais garder l'esprit du raisonnement
La théorie qu'il a évoquée c'est que le vaccin rendrait les non vacciné.e.s malades 2. La formation de l'idée
Je vous ai demandé des
sources parce que je voulais comprendre d'où venait cette théorie. C'était important pour moi et je vais vous expliquer pourquoi ça m'aide en tant que psy
Donc, d'après ce que j'ai compris cette idée vient
a) Du "shedding".
En gros, il s'agit de traiter le vaccin comme si
Suite à ma question sur l’origine d’une idée complotiste qui m’a été relatée par un patient 1- merci pour toutes les ressources et les personnes qui ont pris le temps de répondre 2- on m’a bcp demandé comment se positionne une psy dans ce cas, je vous remets donc mon thread ⬇️ 1/
En gros, ne pas juger mais comprendre. Comprendre ce qui fait écho chez l’autre, sur quelle crainte ça vient s’accrocher 3- il y a des psys qui sont venus me tirer la veste en me disant que je n’ai pas à vouloir savoir d’où vient une idée. Déjà, mêlez vous de vos culs 2/
Et ensuite moi j’aime comprendre tous les aspects des choses. En aucun cas, je n’essaye de convaincre mon patient. En revanche, une idée ce n’est pas simplement subjectif. Les idées ont des histoires, elles naissent dans un contexte social, dans une époque et elles disent 3/
Quelques manifestations du traumatisme ⬇️
J’ai revu ce processus avec une patiente aujourd’hui et je me dis que ces quelques connaissances pourraient aider.
Parmi les manifestations communes du traumatismes, il peut y avoir :
- Coupure avec la mémoire. L’événement n’est pas présent dans les souvenirs. Il peut revenir un jour, à la suite d’un événement déclencheur ou au cours de la thérapie et à ce moment, on a l’impression qu’on a toujours su, qu’on avait juste oublié d’y penser comme on
oublierait l’existence d’un objet remisé au grenier. Souvent quand le souvenir revient les émotions qui l’accompagnent aussi...
- Coupure avec la parole. C’est l’impossibilité de mettre en mots le trauma. On n’arrive pas à en parler, les mots ne viennent pas, on se bloque ou
Une des questions que vous me posez le + en DM c'est COMMENT PRENDRE CONTACT AVEC UN.E PSY ? Qu'est-ce qu'on peut demander ? Je vais donc essayer d'y répondre ⤵️ 1/14
Je ne reviens pas sur les différences entre les différents types de psy, question déja traitée ici :
Ce matin, une ado de 15 ans :
X (un mec) m’a traitée de planche à pain. Ça me fait mal parce que c’est un complexe depuis que mon ex me l’a aussi reproché. Et puis, je me suis dit que si je suis pas plate c’est qu’au moins je ne suis pas grosse
Voilà cmt on flingue les femmes ⬇️
1. Cette jeune femme pense déjà que c’est normal qu’un petit merdeux vienne donner son avis sur son corps 2. Elle a intégré leurs reproches qui sont devenus des complexes et ont défini le regard qu’elle porte sur son corps 3. Elle a intégré qu’avoir de la poitrine c’est mieux
4. Elle a intégré la grossophobie
Laissez moi vous dire que j’ai remis un peu d’ordre dans tout ça.
1. Un homme (ni personne) n’a pas à donner d’avis non sollicité sur votre corps MÊME SI C’EST VOTRE COPAIN 2. Si une personne qui dit vous aimer, voudrait que vous changiez